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La presse | Tunisie | 12/11/2015
Malgré quelques écarts, les enfants apprennent à apprivoiser la maladie, grâce à une discipline alimentaire et une hygiène de vie. A la veille de la célébration de la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre, l’un des laboratoires pharmaceutiques de renom organisait, mardi dernier à la Soukra, en collaboration avec la Société tunisienne d’endocrinologie et des maladies métaboliques, l’Association tunisienne des diabétiques, l’hôpital d’enfant Béchir Hamza et l’hôpital Charles Nicolle, une journée portes ouvertes axée sur le thème : « Une alimentation saine pour les diabétiques de types 1 et 2 ».
Il s’agit de deux ateliers, soit un atelier pour les enfants et un atelier pour les adultes, destinés à apprendre aux personnes diabétiques les bases d’une alimentation appropriée à leur maladie. Ont pris part à cette manifestation 12 enfants diabétiques ainsi que des adultes désireux d’en savoir plus sur leur maladie et sur les moyens leur permettant de mieux la maîtriser.
Une prévalence estimée à 11%
Mme Asma Trabelsi, chargée du marketing au dit laboratoire, met l’accent sur l’évolution intrigante du diabète, tant à l’échelle mondiale qu’à l’échelle nationale. Une croissance qui revient à moult facteurs liés à l’hygiène de vie de l’homme moderne, dont la malbouffe, la consommation immodérée d’aliments riches en sucre et en matières grasses, l’obésité et la sédentarité. Le tabagisme constitue, aussi, un facteur favorable au diabète. Il augmente le risque diabétique de 50%. Notons en outre que plus la population diabétique gagne en nombre, plus le facteur héréditaire devient important.
D’après la Fédération Internationale du diabète (IDF), la population diabétique mondiale compte 382 millions de personnes ; un nombre qui risque de doubler à l’horizon 2035. « Si l’on réunissait tous les diabétiques sur un même territoire, l’on constaterait que cette population serait la troisième à l’échelle mondiale en termes de développement démographique, après la Chine et l’Inde. C’est dire à quel rythme le diabète prolifère dans le monde », souligne Mme Trabelsi.
En Tunisie, les données statistiques sur cette maladie et sur son évolution manquent. Les données non actualisées sur le nombre de personnes atteintes de diabète indiquent que la population diabétique déclarée se situe autour de 70 mille personnes. En revanche, la prévalence est estimée à 11% : ce qui signifie que 1,1 million de Tunisiens seraient atteints du diabète. Or 50% des diabétiques ignorent leur maladie et ne bénéficient donc pas d’une prise en charge appropriée. « Nous veillons à la sensibilisation du public et au dépistage précoce de cette maladie. Mais, à chaque fois, nous découvrons, à travers les campagnes de sensibilisation et de dépistage, que bon nombre de malades ne savent pas qu’ils sont atteints du diabète. Et c’est en mesurant leur taux glycémique que nous découvrons des taux ahurissants qui s’élèvent, souvent, à cinq grammes », ajoute la responsable. D’où l’impératif, pour les personnes présentant un terrain héréditaire ou métabolique propice au diabète, de se faire dépister afin d’éviter le pire. Rappelons que le diabète est une maladie silencieuse, qui attaque les organes et provoque la cécité, l’insuffisance rénale et même l’amputation des membres.
Initiation à la bonne nutrition
Dans l’espace qui a été choisi pour abriter la journée portes ouvertes, on a aménagé un prototype de marché. Les organisateurs ont disposé un petit étal avec divers produits alimentaires. Devant l’étal, des enfants se présentent comme des clients pour faire des courses. Un petit couffin à la main, ils imaginent un menu et décident donc des aliments nécessaires au repas et de ceux qui sont à éviter. Des petits diabétiques qui ont appris, au fur et à mesure, à cohabiter avec la maladie, à bien la maîtriser, quitte à étouffer parfois les petites voix de la tentation gourmande... Malek Dhabbabi a 11 ans. Il est diabétique depuis un an. « J’ai appris que j’étais diabétique le jour où on m’a transféré d’urgence à l’hôpital. Au cours de mon hospitalisation, le cadre médical nous a donné un cours sur les aliments à éviter et les rations à respecter pour bien maîtriser le taux glycémique », nous apprend-il. Malek sait parfaitement qu’il ne doit pas consommer ce que consomment la plupart des enfants, à savoir les bonbons, les friandises, les boissons gazeuses, les biscuits, etc. Pour les pâtes, il doit limiter sa consommation à une seule ration par semaine. Interrogé sur les écarts commis sous l’effet de la tentation, il se tait en arborant un large sourire qui laisse entrevoir ses grosses dents d’enfant...
Adem Maddouri a 12 ans. Il souffre du diabète depuis l’âge de quatre ans. Au bout de huit ans de cohabitation avec cette maladie contraignante, il a appris à l’accepter et à la percevoir non comme une maladie mais plutôt comme un mode de vie. « Le diabète n’est pas une maladie. C’est un mode de vie, une hygiène à respecter, une sorte d’organisation. Personnellement, je sais comment maîtriser mon diabète. Par exemple, je ne dois aucunement sauter ma collation de 22h00, car il m’est arrivé de faire une hypoglycémie, ce qui est risqué pour ma santé. Et, pour équilibrer mon taux glycémique, je fais beaucoup de sport comme le football, le taekwondo et le footing », indique-t-il.
Animé par des spécialistes en diabète et en nutrition pour diabétique, cet atelier a été comme un jeu pour des enfants déjà bien avisés et bien informés sur leur maladie. Pour les adultes, un autre atelier a été mis en place afin de leur donner des astuces culinaires et de corriger toutes les idées reçues sur les aliments riches et autres, pauvres en sucre. Un atelier qui a été animé par le Chef Tayssir, lui-même diabétique, ce qui ne l’empêche pas de s’adonner à l’art culinaire et au plaisir de manger.
D.B.S.
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