Les fumeurs respectent rarement la loi d’interdiction de fumer sur les lieux publics. Les études l’ont montré. Le tabagisme passif est très nocif pour la santé. Une personne qui ne fume pas et qui est quotidiennement exposée à la fumée de la cigarette sur son lieu de travail ou à la maison a autant de risques d’avoir un cancer du poumon qu’un grand fumeur qui consomme en moyenne deux paquets de cigarettes par jour.

Récemment, des scientifiques sont allés jusqu’à analyser les particules contenues dans un espace enfumé et ont découvert que l’atmosphère d’une pièce fréquentée par des fumeurs contient en moyenne trois fois plus de nanoparticules toxiques pour la santé que la moyenne recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Une personne vivant ou travaillant auprès d’un fumeur ou dans un espace toujours enfumé inhalera tout au long de sa vie plus de 5 grammes de particules fines contre 0,76g dans un espace sans fumée. Rester dans un espace dont l’atmosphère comporte une concentration très élevée de particules toxiques et cancérigènes de tabac reviendrait à vivre dans une ville très polluée avec ce que cela suppose comme risques pour la santé. Les personnes qui vivent ou travaillent avec des fumeurs courent le risque, dans 25% des cas, de développer soit un cancer des poumons ou une maladie cardiovasculaire. Pour les asthmatiques et ceux qui sont sujets à des maladies allergiques et pulmonaires, le tabagisme passif ne fait qu’aggraver ce type de pathologie.

En Tunisie, les chiffres sur le tabac sont inquiétants. 10.000 personnes meurent chaque année des effets du tabac, soit en moyenne 30 Tunisiens par jour. C’est à l’âge de 11 ans en moyenne qu’on fume sa première cigarette. Selon les mêmes statistiques, 20% des jeunes âgés de 18 ans qui ont été interrogés affirment fumer fréquemment. Pourtant, les conséquences sur la santé sont considérables. Le tabac est responsable de 90% des cas de cancer du poumon qui sont diagnostiqués chaque année chez les fumeurs et les non-fumeurs, de 80% des cas d’inflammation des poumons, de 75% des crises cardiaques et de 25% des maladies cardiovasculaires. Bien que conscients des méfaits du tabac, la loi d’interdiction de fumer dans les lieux publics est rarement respectée par les fumeurs et les exemples ne manquent pas dans ce sens. Il est très fréquent de voir des chauffeurs de bus et de taxi fumer pendant les heures de travail sans se soucier des usagers non fumeurs. On continue à fumer beaucoup dans les espaces publics et les lieux de travail.

Pour lutter contre ce fléau, le ministre de la santé, Said Aidi, a donné le coup d’envoi d’une grande campagne d’information et de sensibilisation sur les méfaits du tabac qui inclut notamment la réactivation de la loi antitabac dans les lieux publics. La première mesure vient d’être prise avec l’interdiction formelle de fumer à l’aéroport de Tunis-Carthage. Toutefois, il faudrait plus qu’une simple interdiction pour arriver à changer les mentalités, en réfléchissant notamment à organiser des campagnes plus percutantes axées sur un matraquage médiatique intense afin de faire prendre conscience aux gens du véritable danger du tabac.

I.H.