Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb en Tunisie > Revue de presse
La presse | Tunisie | 10/03/2015
La situation devient de plus en plus catastrophique à l’hôpital d’enfants Béchir Hamza. Cet hôpital est le seul établissement en Tunisie spécialisé dans le traitement et l’hospitalisation des enfants. Les conditions d’accueil, de soins et d’hospitalisation des bébés et des enfants sont déplorables. Quotidiennement, l’hôpital de jour et les services des urgences accueillent bon nombre de malades. Toutefois, l’infrastructure actuelle n’est pas en mesure d’accueillir ce grand nombre de patients.
La nuit, les salles des urgences sont pratiquement pleines. Ces salles sont loin d’être confortables. Il s’agit de bancs construits en céramiques incommodes au froid glacial de ces derniers jours. Des heures durant, les parents, accompagnés de leurs enfants malades, attendent leurs tours pour les consultations. Heureux est celui qui a des « connaissances » pour éviter une longue attente et écourter par conséquent la souffrance de son enfant, tandis que la majorité des patients sont à la merci de certaines pratiques illégales du personnel paramédical et des agents de surveillance. A l’hôpital, ces derniers font la loi. Gare à celui qui ose émettre la moindre remarque.
Il sera violemment traité, voire bonnement tabassé ! C’est le cas d’un parent qui s’impatiente de rendre visite à sa jeune fille hospitalisée au 4e étage. Ce dernier a été agressé par deux agents de sécurité devant le regard de sa femme terrorisée.
Dans la salle de soins, les conditions d’accueil sont lamentables. Elle est très mal équipée : un vieux bureau et un lit malpropre de surcroît. Chaque salle accueille quotidiennement des dizaines de patients dont les maladies diffèrent d’un cas à l’autre. Mais on grade toujours le même drap blanc. On n’utilise pas le papier hygiénique pour couvrir le lit lors de l’hospitalisation du patient. Les mamans se débrouillent seules et utilisent leurs propres draps pour couvrir le lit. Sur le mur d’un couloir de l’une des salles d’attente, il est écrit que le sourire ne coûte rien. Mais, à l’hôpital d’enfants Béchir Hamza, c’est rare que les médecins et le personnel paramédical sourient. Ils ont toujours les nerfs à fleur de peau. Les patients sont des nouveau-nés, des bébés et des enfants dont le passage par les urgences restera gravé dans leurs mémoires. Les parents sont maltraités. La majorité du personnel crie. C’est vrai que le nombre des enfants à consulter est important et qu’ils sont souvent accompagnés par les parents et d’autres membres de la famille. Mais, le personnel paramédical et les médecins connaissent déjà les conditions de travail dans un établissement de soins public. Ils ont accepté, donc, et dès le début de travailler dans un hôpital. Donc, ils sont appelés à soigner leur manière d’accueillir les patients.
Rencontrée dans un couloir des urgences, Mme Asma, une maman d’un bébé qui souffre d’une bronchiolite, souligne : « La majorité des enfants qui fréquentent l’hôpital d’enfants Bab Sâadoun appartiennent à des familles modestes et pauvres. Les parents sont la plupart du temps humiliés et maltraités. Les médecins nous adressent un regard discriminatoire comme si nous sommes venus d’une autre planète. Nous avons le droit de soigner nos enfants dans cet hôpital. Et les médecins doivent assumer leurs responsabilités. Et s’ils se sentent incapables de travailler dans ces conditions, ils n’ont qu’à quitter leurs postes et laisser la place à ceux qui veulent bien travailler dans des établissements publics ».
Ce calvaire est vécu, quotidiennement, par les mamans dont leurs enfants sont hospitalisés. Ces mères ont le droit de visiter leurs petits trois fois par jour : du 8 à 9 heures, de 12h30 à 15 heures et de 17 à 18 heures. Toutefois, plusieurs mamans passent la nuit avec leurs enfants, assises sur une chaise. Certaines d’entre elles ont des autorisations, d’autres passent par des circuits parallèles. Ainsi, de nombreuses mamans qui ne bénéficient pas de ce droit dénoncent ces pratiques illégales et appellent les services concernés à appliquer la loi.
Harcèlement psychologique
Commençant par le début, un grand nombre des agents de surveillance exercent un harcèlement psychologique sur les mamans. Il ne s’agit pas de l’application de la loi, mais de pratiques d’humiliation envers les mamans et les papas. Ils crient pour des raisons banales, grondent les mamans. Jeudi dernier, vers 12h30 minutes, l’heure de la visite quotidienne, l’un des parents était victime d’insultes d’un agent de surveillance. La scène s’est transformée à une grande dispute. Le papa a été tabassé par plusieurs agents sous le regard des mamans. Aucun comportement des visiteurs ne peut expliquer une telle réaction agressive. Ces agents doivent comprendre que ces parents souffrent en voyant leurs petits hospitalisés.
Une autre remarque est à signaler. Pendant les visites, l’ascenseur ne fonctionne pas. Comme par hasard, il tombe toujours en panne en cette heure précise ! En fait, il ne s’agit pas d’une panne, mais d’une consigne de l’administration de l’hôpital ! Ainsi, certaines mamans se trouvent obligées de monter quatre étages et de traverser un long couloir pour joindre la chambre de leurs petits.
Les unités d’hospitalisation se situent à gauche des visiteurs. A droite, on trouve la petite salle de soins. Elle est formée d’un lit et quelques matériels vétustes. La première remarque est l’absence d’un pèse-bébé. Et pour connaître le poids de bébé, le médecin pèse la maman et le bébé ensemble puis il pèse la maman seule et ensuite il fait sont calcul. Et pour connaître la température des bébés, chaque maman doit apporter son thermomètre.
Encombrement
En matière d’accueil des mamans et des enfants, le quatrième étage est le modèle à ne pas suivre. La chambre dont la dimension ne dépasse pas 9m2 accueille quatre bébés. En cas d’encombrement, le lit peut héberger deux nourrissons. D’autre part, dans les unités d’hospitalisation, on peut héberger dans la même chambre un nourrisson dont l’état de santé n’est pas très critique avec un autre bébé grièvement touché. Côté personnel soignant, à l’exception de quelques-uns et quelques-unes, les parents se méfient des sauts d’humeur des médecins, résidents et stagiaires et du corps paramédical, qui sont impitoyables. Ils sont loin d’être des anges. Ils ne sourient qu’entre eux. Ils sont durs avec les parents et surtout avec les mamans. En s’approchant des petits, leurs visages deviennent sans couleur. Ces petits qui souffrent et qui passent la nuit loin de leurs mamans ont besoin d’être soulagés même par un simple sourire ou par un petit geste de tendresse. Pour ce qui est du comportement des médecins et des infirmières envers les mamans, il s’agit d’une négligence totale. Ce sont les mamans qui mesurent la température des petits, donnent les biberons à leurs petits, s’occupent de leur hygiène et de l’opération de nettoyage. Les mamans dans les unités d’hospitalisation se transforment en infermières. Elles prennent en charge une grande partie des tâches du corps paramédical. La nuit, selon des témoignages de certaines mamans, les infermières ne donnent pas les biberons aux bébés. Elles les mettent dans la bouche du petit et les coincent par un drap ou une couverture. Comment un bébé dont l’âge ne dépasse pas 9 mois peut téter un biberon tout seul ? Sa vie n’est-elle pas en danger ?
Le pire dans l’hôpital Sâb Saâdoun est le manque de communication. Au quatrième étage, les médecins traitants n’ont pas suffisamment de temps pour expliquer aux parents inquiets la situation de leurs enfants. Dans les conditions normales, le médecin et après consultation doit donner un aperçu sur la situation du bébé. Ici, ce sont les parents qui courent derrière les médecins dans le couloir pour arracher les informations. Dans la plupart des cas, ces fameux médecins ne répondent pas aux questions des parents. Ils les ordonnent de rejoindre les chambres de leurs bébés et les laisser travailler. Et c’est aux parents de deviner qui est le médecin traitant de leur bébé. On demande comment un médecin qui travaille dans un établissement public et avec une catégorie assez sensible se comporte de cette manière. S’il trouve que les conditions de travail sont au dessous de ses attentes, il n’a qu’à quitter cet établissement et travailler dans le privé !
Et ce qui fait vraiment très mal au cœur, c’est la mort de certains bébés sous les yeux d’autres enfants. Dans l’une des chambres du quatrième étage, un enfant hébergé est décédé sous le regard des petits. Les médecins ont donné les derniers secours dans cette chambre. L’enfant n’est pas placé dans les salles de réanimation. Aucune séparation même avec un drap n’a été faite. Le corps de l’enfant a été couvert par un tissu blanc et laissé pendant des heures allongé sur le lit dans la même chambre qui héberge d’autres malades. Cette image restera gravée dans la mémoire de ces petits durant toute leur vie. Avec sang-froid, les médecins qui sont des résidents et des stagiaires ont quitté la chambre...
Samira HAMROUNI
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.