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Revue de presse

Résultats des comptes de la santé 2012/ 2013 : un coût exorbitant

La presse | Tunisie | 01/01/2015

Tabler sur le financement du secteur public, notamment des établissements de première ligne, sur les soins de proximité et sur la rationalisation de l’usage des médicaments. Qui finance le système de la santé ? A combien s’élève ce fonds ? Dans quel but est-il versé ? Mme Inès Ayadi, responsable du comité chargé des comptes de la santé, a répondu à toutes ces interrogations, les comptes de la santé à l’appui. En effet, la rencontre mensuelle du ministre de la Santé avec les médias, tenue avant-hier à Tunis, s’est articulée autour des résultats des comptes de la santé pour les années 2012 et 2013. Les présents résultats mettent en relief l’écart considérable entre le secteur privé et celui public en matière de dépenses et de financements. Ils dévoilent aussi la contribution des ménages aux dépenses de la santé ; une contribution qualifiée de lourde, voire « catastrophique ».

Ouvrant la rencontre, M. Mohamed Salah Ben Ammar, ministre de la Santé, souligne que le financement du système de la santé est bien en deçà des ambitions des professionnels et des décideurs. Ce système se doit d’être une référence en matière de rendement et de performance. Ce qui exige de nouvelles sources de financement à même de hisser les prestations et le rendement du secteur au niveau escompté.

Prenant la parole, Mme Ayadi éclaire l’assistance sur les spécificités de la présente étude. Il s’agit d’un travail fondé sur une approche standard, favorable à une analyse comparative entre le système tunisien et les autres systèmes de la région. Elle a été réalisée par un groupe comptant des représentants de cinq ministères concernés et onze institutions. Elle a été possible grâce au soutien financier de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Banque mondiale (BM).

Les ménages et les dépenses « catastrophiques »

Selon les résultats de la présente étude, les dépenses totales de la santé pour l’année 2013 s’élèvent à 5362,7 MD, soit 493 dinars par habitant. L’oratrice souligne que les dépenses de la santé ont plus que doublé de 2005 à 2013. Ces dépenses correspondent à 7,1% du PIB, soit une augmentation d’un point par rapport au taux relatif aux comptes de 2005.

Usant d’une analyse comparative, Mme Ayadi déduit que la Tunisie détient la première place des pays maghrébins en termes de dépenses de la santé. Elle est, en outre, classée troisième sur la liste des pays caractérisés par niveau de vie similaire.

Ce qui est flagrant, par ailleurs, c’est que 37,5% du total des dépenses sont supportés par les ménages. Or, les consignes de l’OMS sont claires : la contribution des ménages aux dépenses directes de la santé ne doit aucunement excéder les 20%. Dans le cas contraire, elle risque d’entraîner des dépenses dites « catastrophiques ». « Certains concitoyens se trouvent, en fait, contraints à vendre un bien afin d’accéder aux soins, ce qui est grave », précise l’oratrice. Certes, le taux des dépenses directes des ménages a chuté de 5,4% par rapport aux chiffres de 2005. Il reste, cependant, excessif et non conforme aux recommandations de l’OMS.

L’écart public-privé

Les résultats confirment la prédominance du secteur privé au détriment du secteur public. Le premier engloutit, à lui seul, 91% des dépenses directes des ménages et 54% de l’ensemble des dépenses du système de la santé. De son côté, la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) assume 34,9% desdites dépenses dont 45% au profit du secteur privé et seulement 28% au profit du public. Quant au ministère de la Santé, il y contribue d’à peu près 25%.
Manifestement, le secteur public de la santé peine à préserver son statut de locomotive, car devancé par le secteur privé et ce, tant sur le plan des dépenses que sur le plan de financement. Mme Ayadi attire l’attention de l’assistance sur la nécessité de promouvoir le financement du secteur public et de l’aider, par conséquent, à améliorer son rendement. Un objectif qui ne peut être relevé qu’en misant davantage sur le financement des établissements publics de première ligne, à savoir les dispensaires, les centres de soins et de la santé de base et les hôpitaux régionaux. L’idée étant de s’engager dans une stratégie visant la médecine et les services de soins de proximité. Aussi, convient-il d’inverser la pyramide du financement du secteur public en tablant sur les établissements de première ligne. Ceux de troisième ligne, notamment les Centres Hospitalo-Universitaires (CHU) bénéficient de 49% des dépenses du secteur public contre seulement 26% pour les établissements de première ligne.

L’oratrice met en exergue la tendance positive du financement du système de la santé. Une tendance qui est due, en grande partie, à « la mobilisation accrue des ressources de la santé, au prépaiement allant crescendo ainsi qu’à la baisse sensible de la contribution des ménages aux dépenses directes de la santé ». Elle insiste, toutefois, sur le besoin ressenti de chercher des ressources de financement supplémentaires afin de combler l’écart entre le public et le privé. Les médicaments constituent le premier motif de dépenses directes des ménages, d’où l’impératif de rationaliser l’usage des médicaments.

De son côté, M. Ridha Gataâ, P-d-g de l’ONFP, revient sur les étapes franchies par l’Office depuis sa création en 1966. L’office était, en effet, financé par des fonds internationaux. Le financement extérieur de l’Office ne compte plus que 2% ce qui est honorable pour une institution nationale. Toutefois, son modeste budget (30MD) ne l’habilite pas à parfaire ses missions comme il se doit. Le financement reste un pilier incontournable pour la promotion des interventions dans un secteur crucial : celui de la santé.

D. BEN SALEM

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