Présentant le congrès, le Pr Zahra Marrakchi et le Dr Rafla Tej, respectivement présidente de la Société tunisienne de néonatologie, chef de service de néonatologie à l’hôpital Charles-Nicolle et pédiatre et responsable du Programme national de la santé maternelle et infantile au ministère de la Santé, ont donné mardi, à Tunis, un point de presse au cours duquel elles ont fait le tour des diverses questions relatives audit congrès ainsi qu’à la santé infantile de par les acquis et les défis futurs.

S’agissant du congrès de néonatologie, le Pr Marrakchi indique que l’attention est portée sur toutes les spécialités médicales ainsi que sur les problèmes de santé qu’encourent les nouveau-nés. Aussi, le programme de la rencontre sera-t-il riche en tables rondes et en conférences portant sur l’allaitement maternel (AM) et ses bienfaits sur la santé du couple mère-enfant, sur les soins de développement du nouveau-né, sur sa nutrition, d’une manière générale et celle des bébés prématurés en particulier, sur les problèmes neurologiques que risquent les nouveau-nés suite à la rude épreuve de l’accouchement, sur le dépistage systématique de la surdité, sur la prévention contre la coqueluche, ainsi que sur la stratégie de santé périnatale. «Nous avons œuvré, depuis la mise en place, dans les années 90, du programme national de la santé maternelle et infantile, pour l’amélioration des indicateurs relatifs à la mortalité maternelle et infantile. Toutefois, nous étions plus soucieux de protéger la maman et de réduire les facteurs favorables à sa mortalité. Aujourd’hui, il est temps de focaliser davantage l’intérêt sur la santé périnatale. D’ailleurs, nous nous activerons désormais pour que chaque service de maternité soit jumelé à un service de néonatologie», indique le Dr Tej.

Place à l’hypothermie thérapeutique

L’intérêt pour la santé du nouveau-né s’accentue au fil des ans. Le service de néonatologie à l’hôpital Charles-Nicolle sera prochainement équipé d’un nouvel appareil, susceptible d’amoindrir les séquelles cérébrales et psychomotrices dues à l’asphyxie périnatale. L’appareil de refroidissement cérébral, ou encore l’appareil d’hypothermie thérapeutique, comprend deux instruments, dont le coût estimatif est de 60 mille dinars. Il permettra, en cas d’asphyxie périnatale, le refroidissement des cellules cérébrales jusqu’à 34°C. Cette technique reconnue efficace à l’échelle internationale permet de sauver, durant les six premières heures de la naissance, les cellules cérébrales avant qu’elles ne meurent et minimiser ainsi les éventuelles séquelles. «Le taux d’asphyxie périnatale est situé entre 10 et 15 cas pour mille naissances. Certains nouveau-nés décèdent sous l’effet de l’asphyxie. D’ailleurs, les résultats de la Mics 4 (enquête 2011/2012) montrent que le taux de mortalité infantile durant le premier mois de la naissance est de 17 pour mille naissances. Sur 17 décès, 12 sont dus à l’asphyxie. Cependant, même si le taux n’était que de un cas pour mille, il s’avèrerait de trop et devrait, ainsi, être évité», ajoute le Pr Marrakchi.

6 bébés sur 3.500 souffrent de la surdité

Autre tradition médicale à instaurer désormais : le dépistage systématique de la surdité dès les premières heures de la naissance. Cette tradition existe bel et bien dans les pays développés. Pour l’introduire dans les réflexes du corps médical, le service de néonatologie de l’hôpital Charles-Nicolle a lancé une recherche visant le dépistage précoce de la surdité auprès des nouveau-nés du service. Cette action mise en place en collaboration avec l’Institut de promotion des handicapés (IPH) a touché un échantillon de 3.500 nouveau-nés, dont 6 présentent des symptômes de surdité. Traiter la surdité périnatale est plus efficace que de traiter la surdité à un stade avancé. Cela est possible via la technique de l’appareillage avant l’âge de six mois ou par le biais d’un implant cochléaire.

Coqueluche : vaccin entier et vaccin acellulaire

D’un autre côté, les oratrices insistent sur l’impératif de renforcer, désormais, la vaccination contre la coqueluche. Il est vrai que la couverture vaccinale, via le vaccin entier, contre cette maladie a nettement dépassé les 96%. Cependant, faute de rappels à l’âge adulte, cette maladie refait surface. «Dans les pays développés, souligne le Dr Tej, l’on s’applique de plus en plus à la vaccination des adultes contre cette maladie. Certains systèmes optent pour des rappels tous les six ans, d’autres pour la vaccination des futures mamans ou encore pour les jeunes couples alors que d’autres focalisent sur la vaccination des professionnels de la santé. Aujourd’hui, la révision du programme national de vaccination est de mise. Il comprendra, inéluctablement, l’introduction de nouveaux vaccins, dont le vaccin acellulaire contre la coqueluche, destiné aux adultes. Il conviendra, donc, de réfléchir sur la population cible à choisir».

Allaitement maternel : une question de formation

Promouvoir la santé infantile repose, en outre, sur la réhabilitation d’un geste inné et naturel : l’allaitement maternel. La campagne nationale de promotion de l’allaitement maternel a pour finalité de rééquilibrer la balance selon les recommandations de l’OMS. Il faut dire qu’en Tunisie, 39% des mamans optent pour l’AM dès la première heure de la naissance et seulement 8,5% d’entre elles recourent à l’allaitement maternel exclusif durant les six premiers mois de la naissance. Dans les régions du Nord-Ouest, elles ne représentent que 2% de la population maternelle. Aussi, la Société tunisienne de néonatologie, en partenariat avec l’Unicef, s’engage-t-elle dans la consolidation des efforts nationaux à cet effet, à travers l’organisation de sessions de formation destinées aux professionnels de la santé dans les régions du Nord-Ouest. La première étape sera axée sur les gouvernorats du Kef et de Siliana. Elle s’étalera jusqu’à la fin 2014. En marge de cette session, se tiendra un séminaire de sensibilisation sur l’AM à Siliana, et ce, le 12 juin 2014. La deuxième étape concernera les gouvernorats de Béja et de Jendouba et se tiendra au début de l’année prochaine.

Auteur : D. BEN SALEM