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La presse | Tunisie | 09/04/2014
L’obésité en Tunisie fait des ravages aussi bien chez l’adulte que l’enfant. Selon une étude effectuée par l’institut Tahina «transition and health impact in north africa» ( projet de recherche euro-méditerranéen qui étudie la transition épidémiologique et son impact sur les systèmes de santé en Afrique du Nord) datant de 2005, sur des adultes de 35 à 75 ans . 72% de femmes et 52% des hommes sont en surpoids et 37% de femmes et 13% des hommes sont obèses. La prévalence de surcharge pondérale chez l’enfant de moins de 6 ans est de 14% selon une étude du MICS 4 (Unicef). Chez l’adolescent, le surpoids est de 17,4% chez les garçons et de 20,7% chez les filles et l’obésité est de 4,1% chez les garçons et de 4,5% chez les filles dont l’âge se situe entre 15 et 19 ans, d’après une étude réalisée par le Pr Hajer Skhiri de l’Institut national de santé publique (Insp). Des années 80 à 2005, l’obésité a enregistré des taux spectaculaires en milieu rural. Le surpoids a atteint 95% et l’obésité 29,5%, tandis qu’en milieu urbain, le surpoids est de 113% et l’obésité 53%.
Situation inquiétante
Ces chiffres, les derniers en date fournis par l’Insp, sont des indicateurs de la situation inquiétante de l’obésité en Tunisie. Tout le monde est concerné riches et pauvres. Les médecins pointent du doigt la malbouffe et la sédentarité. «La plus inquiétante est l’obésité abdominale avec un tour de taille énorme. Elle peut être dangereuse parce qu’elle dérange le métabolisme et peut causer des cancers inimaginables sans compter l’influence sur la psychologie et la vie sociale de la personne atteinte de ce genre d’obésité» explique le Dr Leila Alouane, responsable du service de formation et d’information à l’Insp. Des études ont démontré que l’obésité peut entraîner la stérilité chez la femme et même lorsqu’elle tombe enceinte, le fœtus peut être perturbé en raison des troubles glycémiques de la femme obèse. «Chez l’enfant, l’obésité peut être remarquée à la naissance à partir de la diversification de l’alimentation. Un enfant qui prend du poids avant 6 ans sera obèse à l’âge adulte. «Ce rebond d’adiposité a des conséquences sur sa croissance et peut même provoquer des maladies» signale le Dr Leila Alouane.
Les raisons liées au surpoids sont multiples : les habitudes alimentaires, «on mange plus que nos besoins», le manque d’activité physique «on reste trop longtemps devant la télévision ou l’ordinateur» et puis les enfants ont abandonné certains jeux physiques comme le ballon. «La qualité de ce que nous mangeons peut faire grossir et le manque de sommeil surtout chez l’enfant sont des facteurs d’obésité. Nous faisons les mêmes erreurs que les Etats-Unis d’il y a 30 ans» souligne la responsable de la formation et de l’information à l’INSP. L’institut qui fait du préventif a prévu une stratégie nationale de lutte contre l’obésité en cinq axes.
Impliquer les industriels
Le premier axe consiste à sensibiliser les industriels pour concevoir une alimentation saine comportant moins de sucre, de sel et de gras. L’Insp les assiste du point de vue technologique en leur procurant une assistance technique et en les aidant à développer des recettes agréables au goût et nutritionnellement efficace. Pour les motiver, l’Insp leur propose des concours assortis de prix et en octroyant à leurs produits des labels de qualité. «Un des objectifs de cette stratégie est de permettre aux Tunisiens de manger équilibré sans avoir à dépenser plus d’argent» note Dr Alouane. L’Insp a entamé des pourparlers avec les industriels et certaines actions ont été menées avec la contribution de l’Utica qui adhère totalement au projet.
Le deuxième axe est de favoriser l’activité physique auprès des citoyens. Un projet pilote est en cours dans la région de Bizerte en raison de sa proximité et de sa population hétérogène. L’étude sur le terrain a démarré fin 2013. L’attention est portée particulièrement sur le préscolaire, le scolaire et l’universitaire. L’équipement en matériels de sport des établissements scolaires. La mise en place de parcours de santé avec des mesures de sécurité pour que les familles puissent entreprendre leur activité sportive. Tout ce programme est mené conjointement avec les ministères de la Femme et de la Famille, de l’Equipement et de l’Intérieur.
Le troisième axe concerne l’alimentation. L’Insp est en train de former des formateurs : moniteurs, animateurs dans la perspective de passer le message nutritionnel dans les établissements scolaires. Une mise à jour des programmes de nutrition dans les programmes d’éducation qui jusque-là s’intéresse à la malnutrition. Cet axe prévoit la sensibilisation des parents par des réunions et des manifestations culturelles en les incitants à supprimer la collation matinale pour les enfants et la remplacer par un petit déjeuner sain. L’Insp pense également à proposer aux enfants et aux parents des cours de cuisine et aux internats scolaires et cantines d’entreprises à réaliser des menus à la fois savoureux et économiques.
Une prise en charge de proximité
Le quatrième axe est préventif et curatif. Il concerne la prise en charge de l’obésité par la formation du personnel de santé et ce, pour détecter l’obésité notamment chez l’enfant. La prise en charge est souvent longue et les personnes concernées ont tendance à abandonner la cure d’amaigrissement parce qu’elles sont découragées par l’éloignement du l’INSP. Une prise en charge par des centres de proximité est envisagée pour mener à bien la thérapie. D’autre part, la direction de la médecine scolaire et universitaire est en train de prendre en charge l’obésité mais tend à l’intensifier par des programmes ciblés.
Le cinquième et dernier axe s’intéresse à la communication médiatique, la publicité et la communication.
«De bons résultats peuvent être retenus s’il y a la volonté car la perte de poids n’est pas rapide. La prise en charge consiste en un chargement du comportement alimentaire. Les régimes draconiens sont à éviter parce qu’ils peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur la santé. Nous favorisons les conseils diététiques longs mais sûrs» assure Dr Leila Alouane.
Auteur : Neila Gharbi
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