Dans la stratégie nationale de lutte contre le tabagisme, la sensibilisation des intervenants dans le domaine médical essentiellement les groupes particuliers tels que les professionnels de la santé et les étudiants en médecine constitue le fer de lance et un des éléments les plus efficaces pour réduire la prévalence de ce problème de santé publique qui prend des proportions alarmantes.

C’est dans ce cadre justement que le Ministère de la Santé Publique, appuyé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a organisé hier une journée d’information sur le tabagisme en milieu hospitalier. Cette manifestation qui a eu lieu à l’Hôpital Charles Nicolle à Tunis, a été consacrée en effet à la présentation des principales composantes de la stratégie engagée en Tunisie pour la lutte contre la consommation du tabac dans les établissements hospitaliers. Par la même occasion, le coup d’envoi d’une campagne nationale de sensibilisation a été donné. Des opérations de dépistage de l’oxyde de carbone et de la nicotine chez les professionnels de la santé sont aussi programmées visant à inciter les fumeurs dépendants à observer un sevrage.

Lors de cette manifestation, l’Hôpital Charles Nicolle de Tunis a été proclamé établissement sans tabac. Un ensemble de réglementations organisationnelles et juridiques prohibant la consommation du tabac dans cet établissement ont été en fait définies dans le cadre d’une Charte.

Il convient de signaler que l’OMS a placé la sensibilisation des professionnels de la santé publique parmi les grands axes de sa stratégie de lutte contre le fléau du tabagisme. Des conventions avec les gouvernements ont été signées à cet effet.
Dans le monde le tabagisme est la principale cause évitable de mortalité. Elle provoque chaque année le décès de 3 millions de personnes, dont 70 % dans les pays développés. L’OMS a estimé à 1,1 milliard le nombre de fumeurs, soit le tiers de la population mondiale âgée de 15 ans et plus.

Concernant notre pays, les conséquences du tabagisme sur la santé en terme de mortalité n'ont pas été jusqu'ici estimées mais elles peuvent être mesurées à partir des données de prévalence tabagique, des statistiques de mortalité et des résultats d'enquêtes ayant été réalisées sur la prévalence de ce fléau en Tunisie.

La prévalence tabagique a été estimée à partir des enquêtes menées par l'Institut National de Santé Publique et la Ligue Nationale contre la Tuberculose et les Maladies-Respiratoires. Les différentes enquêtes et études sur la question ont montré que la mortalité attribuable au tabac en Tunisie est de l'ordre de 6430 décès par an. Ces victimes du tabac se répartissent en 5580 décès masculins et 850 décès féminins soit respectivement prés de 22% et 4% des taux de mortalité toutes causes confondues.

Cette mortalité est proche de celle retrouvée dans certains pays développés comme la France ou le Canada. Les études ont également montré que la consommation de cigarettes qui a enregistré une légère baisse au cours de ces dernières années, est restée élevée chez les jeunes. Cette prévalence du tabagisme chez la frange juvéline de la population va générer, s’accordent à dire les spécialistes, une augmentation de la mortalité liée au tabac au cours des prochaines décennies.

Hassen GHEDIRI