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La presse | Tunisie | 10/01/2014
Ce projet, présenté par le doyen de la FM de Tunis, Ahmed Meherzi, comprend plusieurs volets et actions. La première action qui doit être menée à l’échelle nationale consiste à réformer les études médicales afin de valoriser la médecine de famille, appelée aussi « médecine de proximité ». La deuxième action vise, elle, à réduire les inégalités régionales en termes d’accès aux soins de qualité.
Dans ce sens, le même intervenant a fait observer qu’un projet de partenariat a été initié entre la Faculté de Médecine de Tunis (FMT) et les hôpitaux régionaux du Nord-Ouest du pays. Ce projet vise à coordonner et à améliorer la prestation de soins de santé en première, deuxième et troisième ligne. Il a également pour finalités d’assurer une formation médicale continue au profit des professionnels de santé locaux et d’organiser des projets de collaboration formelle entre la FMT et les équipes médicales et paramédicales locales en vue d’améliorer les compétences professionnelles.
L’autre objectif qui se veut à moyen terme est de créer dans les régions des pôles hospitalo-universitaires en médecine, chirurgie, pédiatrie et gynécologie, avec une attention particulière pour la santé maternelle et infantile, les urgences, la santé mentale et la cancérologie.
Revenant sur le comment de la chose, à savoir les moyens par lesquels serait réalisé ce projet, M. Meherzi a fait observer qu’il y a l’impératif de mettre en place un programme de formation médicale continue (FMC) destiné aux médecins de première ligne et portant sur les problèmes prioritaires de santé au niveau des régions.
Il a ajouté qu’une étroite collaboration est nécessaire entre les différents partenaires, particulièrement entre les médecins des hôpitaux régionaux et les médecins hospitalo-universitaires, portant sur les soins, la formation médicale continue et la recherche, ainsi que sur le suivi de la mise en place d’une infrastructure hospitalière performante. Des équipes universitaires de différentes spécialités (comportant un professeur, un assistant, un résident et un personnel paramédical) se relayeront, selon lui, de façon périodique, dans le cadre d’un programme préétabli, coordonné par le Doyen et validé par le Conseil scientifique.
Avançant un exemple pratique en orthopédie, il a annoncé qu’une rencontre dans un des hôpitaux régionaux du Nord-Ouest avec tous les orthopédistes de la région, relevant des secteurs public et privé, se tiendra pendant sept jours. Au menu, une discussion des patients à opérer pour la première journée, des activités conjointes dans le bloc opératoire pour la deuxième journée, une formation médicale continue, ainsi qu’une discussion pour le suivi de l’état du pôle durant la troisième journée et, de la quatrième à la septième journée, une finalisation de la mission par un assistant ou un résident. La mission fera par la suite l’objet d’une convention-cadre de partenariat, signée par les doyens des facultés concernées, le directeur général de l’établissement public de santé et le ministre de la Santé.
Tout le projet, ainsi que l’entend le doyen de la FMT, part de la ferme conviction qu’un étudiant fraîchement diplômé a besoin d’être suffisamment encadré avant d’être livré à lui-même face à une réalité et un terrain qu’il connaît peu.
Entre salut et recul
Ce projet, présenté par la FMT à travers la personne de son Doyen, a été salué par Charles Bolen, co-président du Consensus mondial sur la responsabilité sociale des facultés de Médecine. Dans cette optique, il a indiqué que l’institution académique en général, et la faculté de Médecine en particulier, sont appelées à mieux réfléchir sur les moyens d’adapter leur potentiel intellectuel, leurs ressources en matière d’éducation, de recherche et de prestation de services à l’évolution sociétale et aux besoins de la société. Tel qu’il l’appréhende, beaucoup plus que former des médecins, la faculté de Médecine doit jouer un rôle de premier plan afin de façonner la politique de santé adoptée de manière à contribuer à plus d’efficience et d’efficacité.
«Au-delà de la médecine, il faut repenser la politique de santé pour une approche globale et humaniste, où le médecin joue pleinement son rôle de bon citoyen partageant certaines valeurs, telles que la solidarité, le droit universel à la santé et la serviabilité », a-t-il conclu.
Se joignant à lui, Rejean Duplain, vice-doyen de la Faculté de Médecine de Montréal, s’est félicité du projet de la FMT en se référant à un exemple relevant de la politique de santé au Canada. Il a évoqué dans ce sens le projet initié par l’Université de médecine de Montréal, qui a lancé un projet de délocalisation de l’enseignement des sciences de la médecine au profit de la région la plus touchée : la Mauricie, qui se situe à 150 km de Montréal. Ce projet, initié sur de bonnes bases et dont les conditions propices à la réussite ont été rigoureusement respectées, a débouché sur l’émergence d’un pôle hospitalo-universitaire régional reconnu et accrédité par les autorités y afférentes et les organisations mondiales. Selon le même intervenant, il a suffi de préparer une infrastructure solide, d’assurer au cadre enseignant et aux étudiant des conditions motivantes, tout en se conformant aux standards internationaux, pour faire d’une région, autrefois précaire en matière de prestations de santé, un modèle de réussite.
Ces deux notes positives, formulées par les conférenciers français et canadien, n’ont toutefois pas été totalement admises par certains étudiants, syndicalistes et activistes associatifs, qui ont interrogé leurs vis-à-vis sur les moyens de réaliser le projet « Contrat facultés-territoire » pour un pays où l’économie est à genoux, l’appareil productif paralysé, les partenaires économiques de plus en plus réticents, l’infrastructure régionale délabrée et où l’instabilité a atteint son apogée...
Auteur : M.H.ABDELLAOUI
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