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La presse | Tunisie | 11/11/2013
Anticipant cet évènement, les Laboratoires Novo Nordisk ont organisé, vendredi dernier, à Tunis, une conférence de presse à laquelle ont répondu présent des diabétologues et des nutritionnistes de renom. Cette rencontre a été l’occasion pour les spécialistes d’exposer le problème du diabète en tant que problème de santé publique étroitement lié à l’hygiène de vie. Elle a, également, permis de sensibiliser les diabétiques sur l’impératif d’une auto-prise en charge et de les convaincre d’ajuster leur mode de vie sur la base d’une meilleure maîtrise de la maladie.
Sucre, diabète
Le diabète est défini comme une maladie chronique, due à l’augmentation du taux de glucose dans le sang, soit une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1, 26g/ litre de sang. A défaut d’une prise en charge appropriée et d’une hygiène de vie saine, la chronicité du diabète peut évoluer et engendrer des complications métaboliques graves et provoquer l’apparition d’autres maladies chroniques comme l’insuffisance rénale ou encore les problèmes cardio-vasculaires. Négligé, le diabète favorise la dégradation du métabolisme vers le handicap (amputation d’un membre comme ultime alternative afin de stopper une infection, cécité, etc. ). Selon les chiffres publiés par la Fédération internationale du diabète, la population diabétique mondiale compte 371 millions de personnes. Un chiffre choquant qui traduit l’ampleur que prend le fléau mais aussi l’évolution ahurissante de l’épidémie. En 1985, le nombre des diabétiques ne dépassait pas les 30 millions. Pis encore : la fédération estime que cette population atteindra, à l’horizon 2030 les 552 millions de personnes.
En Tunisie, et selon M. Koussaï Elleuch, président de l’Association tunisienne du diabète et de l’endocrinologie, le nombre des diabétiques frôle les 600 mille. D’après la Fédération internationale du diabète, ils sont aux alentours de 900 mille personnes. «Ces chiffres sont plus qu’alarmants, ce qui nous incite, d’ailleurs, à nous engager plus sérieusement et plus efficacement dans la lutte contre cette maladie. Pour ce, une stratégie nationale de lutte contre le diabète est de mise. Elle promouvrait les investissements en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge de cette maladie. Une stratégie qui émanerait d’une volonté politique confirmée et prouvée», souligne M. Zied Tlemsani, sportif de carrière.
Il faut dire que la lutte contre le diabète est prise entre l’enclume d’une évolution épidémique accélérée et le marteau d’une communication insuffisante, voire occasionnelle sur la maladie. Pourtant, les moyens favorables à la cause anti-diabète ne manquent pas. M. Elleuch évoque les moyens non moindres dont dispose le système de la santé et qui sont susceptibles de garantir une meilleure maîtrise et une meilleure prise en charge de la maladie. Il en cite les établissements de la santé publique, les avancées scientifiques et médicales ainsi que les prestations de la CNAM. Paradoxalement, les résultats ne sont point à l’image des attentes. « Seulement 20% des diabétiques bénéficient d’une prise en charge en bonne et due forme. Faute d’une stratégie préventive et à cause d’une hygiène de vie souvent catastrophique, l’épidémie ne peut que gagner du terrain », explique l’orateur.
De son côté, le Pr. Nejib Ben Abdallah, Chef du service d’endocrinologie à l’hôpital Charles Nicolle et président de l’Amicale des diabétologues de Tunis, saisit l’occasion pour dénoncer les défaillances à combler en matière de diabète, dont le non-remboursement, par la CNAM, du coût des bandelettes nécessaires au glucomètre. « Faute de quoi, bon nombre de diabétiques se trouvent dans l’incapacité d’acheter les bandelettes et de mesurer leur taux de glycémie », fait-il remarquer. Il ajoute : « Nous avons bataillé, en 2001, pour introduire les analogues de l’insuline. L’Etat avait rejeté cette proposition sous prétexte que le coût de ces analogues était élevé. Or, ce sont les complications dues au diabète qui pèsent lourd sur le budget de l’Etat consacré à la santé, notamment le coût de l’hémodialyse », explique l’orateur.
De la « diabèsité »
Mme Leïla Allouane et Mme Samira Blouza, spécialistes toutes deux en nutrition, ont chacune insisté sur l’importance pour le diabétique, d’opter pour une hygiène de vie saine, fondée sur une alimentation équilibrée et sur une activité physique régulière. En parlant de nutrition, Mme Allouane, a indiqué qu’il ne s’agit en aucun cas, de se priver ou de se soumettre à un régime draconien. L’objectif étant d’apprendre à manger sain, équilibré, varié et subvenir, sans excès, aux besoins alimentaires de son organisme. « L’équilibre alimentaire préconisé pour les diabétiques représente l’hygiène de vie exemplaire que devrait adopter tout un chacun », note –t- elle.
De son côté, le Dr. Blouza a parlé de l’étroite corrélation entre le diabète et l’obésité, d’où le recours de plus en plus au néologisme « diabésité ». Ce rapport s’avère être de cause à effet surtout dans le cas du diabète de type 2. « Pour prévenir le diabète, il faut, d’abord, commencer par perdre du poids. Ce premier pas est élémentaire, notamment pour la population à risque, à savoir les personnes qui présentent un terrain génétique favorable au diabète mais aussi les femmes ayant accouché de bébés dont le poids est supérieur ou égal à 4 kilos », souligne la nutritionniste. Elle a, également, insisté sur l’impératif, pour les jeunes et les enfants de diminuer le temps consacré aux activités sédentaires ( facebook, jeux vidéos etc).
Les participants à la conférence ont été, par ailleurs, unanimes sur l’indispensable diffusion d’une culture anti-diabète auprès des jeunes générations. La sensibilisation dans son aspect communicationnel devrait toucher toute la société et tenir en compte des spécificités propres aux catégories sociales afin que le message soit assimilé sans fautes.
Auteur : D. BEN SALEM
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