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Revue de presse

Santé publique : Cinq mille médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes mécontents - Grève les 9 et 10 octobre

Le temps | Tunisie | 24/09/2013

Les blouses blanches protestent contre la détérioration de leurs conditions de travail, les faibles salaires et la montée de la violence dans les établissements publics de santé. Les revendications matérielles du syndicat ont des répercussions financières supplémentaires sur le budget de l'Etat estimées à 80 millions de dinars annuellement, souligne le ministère de la Santé publique.

Le syndicat général des médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes de la santé publique a annoncé, hier, avoir déposé un préavis de grève pour le 9 et 10 octobre en signe de protestation contre le «refus du ministère de lancer un dialogue sérieux» sur les revendications professionnelles du cadre médical exerçant établissements publics de santé.

Le syndicat rattaché à l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a également indiqué que cette grève, qui était initialement prévue pour les 30 et 31 juillet dernier, avait été reportée à une date ultérieure suite à l’assassinat du député Mohamed Brahmi.

Les médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes de la santé publique protestent notamment contre la détérioration de leur situation morale le manque d’équipements et la recrudescence de la violence dans les divers établissements publics de santé.

Ils dénoncent également la retenue sur salaire de la journée de grève observée le 27 juin dernier. «Malgré cette grève qui a été suivie à hauteur de 90%, le ministère continue de fermer les yeux sur l’état lamentable des établissements publics de santé sous prétexte que les finances publiques ne permettent pas de lancer une véritable mise à niveau de ce secteur public sinistré», s’offusque le Dr. Sami Souihli, secrétaire général du syndicat.

Le responsable syndical pointe également du doit un « exode massif » des médecins de la santé publique vers le secteur privé. « La Tunisie est aujourd’hui malade de ses hôpitaux. En plus du manque d’équipements et des conditions de travail lamentables, les émoluments perçus par les médecins sont loin de leur permettre de résister à la tentation de rejoindre le secteur privé », souligne-t-il

Ecarts dans les salaires

Selon des sources syndicales, « plusieurs centaines » (800 environ) de médecins ont déjà présenté leur démission pour partir exercer dans le secteur privé, où les honoraires d’un seul acte chirurgical peuvent être équivalents au revenu mensuel d’un médecin exerçant dans le secteur public. Et c’est pour cette raison d’ailleurs que le Dr. Souihli met en garde contre l’apparition d’un système de santé «inéquitable et à deux vitesses » : des établissements publics médiocres et sous-équipés pour les pauvres et des établissements offrant une bonne qualité de soins pour les riches.

« Le fait que cette situation perdure laisse suggérer que cette politique de marginalisation du secteur public au profit du secteur privé est voulue et méthodique », déplore Sami Souihli, indiquant que «les revendications du corps médical exerçant dans les établissements publics de santé sont intimement liées à celles du citoyen revendiquant une qualité satisfaisante de services de soins dans le secteur public».

Se basant sur des études comparatives, le syndicat précise, dans ce cadre, que les médecins et pharmaciens exerçant dans le secteur public sont les plus sous-payés en comparaison avec leurs confrères exerçant dans le privé ou dans des pays ayant des situations économiques semblables à celle de la Tunisie comme le Maroc et l’Algérie.

Répercussions financières

Du côté du ministère de la Santé publique, on précise que la retenue sur salaire des journées de grève est une procédure légale appliquée partout dans le monde. « Il est inconcevable de cesser le travail et de demander par la suite d’être payé pour une journée non travaillée », précise une source autorisée au sein du ministère.

S’agissant des revendications matérielles des médecins et des pharmaciens, le ministère de la Santé a réitéré l'impossibilité d'entamer des négociations sur les majorations salariales en dehors des accords signés entre le gouvernement et l’UGTT lors des négociations sociales.

Le ministère met également en avant les répercussions financières importantes des revendications syndicales. « Les revendications matérielles du syndicat ont des répercussions financières supplémentaires sur le budget de l'Etat estimées à 80 millions de dinars annuellement, soit la moitié du budget du ministère de la Santé réservé au développement en 2013 », précise-t-il.

Le ministère réaffirme, toutefois, sa prédisposition à un «dialogue sérieux qui tienne compte de l’intérêt général» avec les parties syndicales au sujet d’une réforme globale du système de santé. « Au cours des deux dernières années, des efforts ont été déployés pour améliorer les conditions de travail dans les établissement de santé à travers le renforcement du personnel hospitalier par le recrutement de 240 médecins spécialistes, essentiellement, dans les régions intérieures du pays, ainsi que de 284 généralistes 150 pharmaciens et 157 médecins dentistes, souligne le ministère.

Par ailleurs, le ministère précise que la valeur des équipements installés dans les divers établissements publics de santé durant les deux dernières années a atteint 55 millions de dinars.

Walid KHEFIFI

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