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La presse | Tunisie | 09/09/2013
Il y a deux semaines, un homme est décédé de la rage après avoir été contaminé par une brebis de son élevage. Cet été, 319 cas atteints de l’hépatite A et 32 cas de typhoïde ont été déclarés. Il est triste de constater qu’après avoir été éradiqué il y a 30 ans, le paludisme a refait surface au printemps dernier.
Comment expliquer que le nombre de cas atteints de ces maladies ne cesse d’augmenter dans un pays qui connaît, pourtant, les taux d’incidence les plus faibles à l’échelle régionale et dont les efforts fournis en matière d’éradication des maladies transmissibles, émergentes sont reconnus à l’échelle internationale? Serait-ce la coordination entre les diverses parties concernées qui ferait aujourd’hui défaut? « La stratégie de lutte contre les maladies émergentes et réémergentes est multivectorielle et implique plusieurs acteurs. Nous sommes le dernier maillon de la chaîne », note le Dr Mondher Béjaoui, sous-directeur à la Direction des soins de santé de base (DSSB).
Hépatite A, typhoïde et accumulation d’ordures
Le probable relâchement des municipalités, responsables de l’accumulation des ordures, l’absence de raccordement au réseau d’eau potable et la consommation d’eau non contrôlée dans les zones périurbaines et rurales ont fait le lit de ces maladies endémiques. Les personnes atteintes par le virus de l’hépatite A, qui ont été enregistrées, ont été contaminées par la consommation d’une eau non traitée et par des aliments infectés. Dans les patelins, les gens vivent dans des maisons non raccordées au réseau de distribution d’eau potable et se ravitaillent dans les fontaines, les robinets publics et les cours d’eau. Les conditions d’approvisionnement précaires — les habitants utilisent des bidons sales — favorisent la contamination de l’eau par le virus de l’hépatite A. Le nombre de personnes atteintes d’hépatite A est passé de 718 en 2010 à 319 en 2013, enregistrant une légère hausse en 2012 avec 412 cas. « Cette année, 13 cas ont été enregistrés dans le gouvernorat de Zaghouan. La situation épidémiologique est stable. C’est une maladie endémique qui est contrôlée », a observé le sous-directeur de la DSSB. Dès l’annonce des cas, une enquête épidémiologique a été diligentée afin de déterminer l’existence d’éventuels foyers du virus et les causes de la transmission et de la contamination par le virus. Un plan d’action multifactoriel a été déclenché, faisant intervenir les ministères de la Santé, de l’Intérieur et de l’Agriculture afin de décider des mesures à entreprendre. La même démarche a été adoptée pour les cas de typhoïde qui ont été déclarés au cours des mois de juin et d’août. Le virus a été diagnostiqué pour la première fois chez un homme originaire du Cap Bon, travaillant dans la région du Kef. Les causes exactes de la contamination n’ont pas été déterminées mais il semblerait que la personne atteinte par le virus ait ingéré de l’eau contaminée. « Le manque d’hygiène lors de l’ingestion d’eau des citernes et des robinets en plus de la mauvaise évacuation des eaux usées a facilité la transmission du virus », a observé, à ce propos, le Docteur Béjaoui.
Le paludisme refait surface
L’autre maladie endémique qui a refait surface est le paludisme. Le dernier cas autochtone avait été diagnostiqué en 1979. A l’époque, une stratégie radicale avait été adoptée, basée sur le porte-à-porte afin de déceler les personnes qui avaient été contaminées par le virus. Après plus de trente ans d’absence, le paludisme réapparaît. Au printemps dernier, quatre personnes atteintes du paludisme de l’aéroport ont été repérées dans la zone des Berges du Lac. La Dssb suspecte des moustiques en provenance des pays endémiques d’être à l’origine de l’apparition de la maladie. Ces insectes se seraient infiltrés dans les avions de la compagnie nationale et auraient piqué des personnes se trouvant à proximité de l’aéroport. « Jusqu’ici, si nous avons réussi à vaincre le paludisme en provenance de l’étranger, appelé communément le paludisme de l’aéroport, c’est parce qu’une convention a été signée avec la compagnie nationale Tunisair pour traiter l’intérieur des avions en provenance des pays endémiques », explique le sous-directeur.
Décès d’une personne atteinte de la rage humaine
Enfin, l’accumulation des ordures serait indirectement responsable du premier décès humain provoqué par le virus de la rage , officiellement déclaré il y a deux semaines. Durant 2012 et 2013, il y a eu une recrudescence des cas de rage animale. 150 cas ont été recensés cette année. Du mois d’avril au mois de juillet, organisée par le ministère de l’agriculture, une campagne de vaccination a ciblé les chiens à propriétaires. Toutes les personnes exposées à un risque de contamination rabique ont été prises en charge. Une vaste campagne d’abattage des chiens errants a été, par ailleurs, menée. Après avoir diagnostiqué le premier cas de rage humaine, une enquête épidémiologique a été réalisée auprès de l’entourage et du corps médical et paramédical qui ont été en contact avec le défunt. Les personnes présentant un risque de contamination ont été soumises à un traitement préventif tandis que des campagnes complémentaires d’abattage et de vaccination ont été menées dans les foyers de rage animale et les zones à haut risque. « Il y a une recrudescence des cas de rage animale dans la région de Sejnane, a relevé le docteur Ichraf Hammami, coordinatrice du programme de lutte antirabique à la DSSB. Après l’observation du premier décès, suite à la contamination par la rage animale, nous avons mis en place une cellule de crise. Le nombre d’animaux errants qui est en constante hausse est le résultat de l’entassement des ordures. Il faut trouver une solution urgente à ce problème».
Enfin, pour conclure, l’on peut dire que la nonchalance face à l’accumulation des déchets et le faible taux de raccordement au réseau de distribution de l’eau dans les zones rurales risquent de mettre en péril une situation épidémiologique qui était jusqu’ici maîtrisée en Tunisie.
Auteur : I.HAOUARI
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