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La presse | Tunisie | 14/05/2013
Les travaux des 26es Journées nationales de psychiatrie ont été clôturés, récemment, à Tunis par l’organisation d’ une table ronde axée plutôt sur les esquisses de deux stratégies nationales, dont la première porte sur un projet de promotion de la santé mentale en Tunisie et la deuxième sur la gestion des risques psychosociaux. Ces deux projets, tant espérés et par les spécialistes en psychiatrie et par les domaines en rapport direct ou indirect avec ce volet souvent déterminant de la santé publique, sont susceptibles de former, une fois réalisés, les jalons basiques d’une meilleure prévention des maladies mentales, une prise en charge plus pertinente car impliquant toutes les parties concernées, soit les décideurs, les responsables du système sanitaire en général, et celui psychiatrique en particulier; mais aussi une meilleure promotion de la santé mentale à même de propulser les démarches —quoique encore timides— vers la décentralisation des prestations de la santé mentale, le renforcement des ressources humaines en vue de réduire le flagrant écart entre les services offerts et les besoins d’une société plutôt « dépressive ». Le psychiatre —médecin spécialisé dans le dépistage, la prise en charge médicale et le suivi d’un malade psychiatrique joue un rôle fondamental dans la réalisation des deux projets.
«La stratégie nationale de promotion de la santé mentale en Tunisie» résonne comme un acquis institutionnel. Pourtant, il ne s’agit que d’un éventuel projet encore en phase de discussion et dont les moyens financiers indispensables à sa réalisation relèvent de l’hypothétique. Présentant ce projet, le Pr. Adel Ben Mahmoud avance d’emblée des indicateurs justifiant l’impératif d’asseoir les fondements d’une stratégie de promotion de la santé mentale, notamment dans une Tunisie post-révolutionnaire qui se caractérise plus que jamais par un boom palpable de violences, de dépressions, voire de suicides. Il indique, en effet, que 52% de la population souffrent de troubles mentaux et que 37% présentent des troubles dépressifs et d’anxiété. Parallèlement, et selon les chiffres relatifs à 2011, le corps médical spécialisé dans la psychiatrie, la pédo-psychiatrie et dans la psychiatrie clinique se limite à 221 psychiatres, 25 pédo-psychiatres et 133 psychiatres cliniciens.
Aussi, l’équation entre les prestations et les besoins compte-t-elle 2,21 psychiatres pour 100.000 habitants. Encore faut-il souligner que la capacité d’accueil des unités psychiatriques ne dépasse point les 0,9 lit pour 100.000 patients. Le domaine psychiatrique se caractérise également par une grande disparité régionale, intersectorielle ainsi qu’un déficit considérable au niveau de la coordination entre les psychiatres et les médecins de première ligne.
Le projet de la stratégie nationale de promotion de la santé mentale en Tunisie promet, à l’horizon 2018, de remédier à ces défaillances et de relever des défis assez costauds: une offre équitable en matière de prestations psychiatriques, programme de prise en charge adapté à la population à risques, mise en œuvre inclusive de la stratégie, fondée sur le principe participatif et équitable entre toutes les parties concernées, selon un schéma tripartite, misant sur la promotion de la santé mentale, la promotion de la qualité de la prise en charge des malades mentaux grâce en outre au repérage des groupes sociaux vulnérables ainsi que le développement de l’information, de la communication et de la recherche psychiatriques. Relever ces défis nécessite, cependant, des moyens financiers colossaux. Pour l’instant, les bailleurs de fonds, notamment le ministère de la Santé publique, l’Etat ou encore des organisations internationales demeurent incertains. Cela dit, l’orateur indique qu’un séminaire sera organisé les 22 et 23 mai pour discuter de la faisabilité et des détails de ce projet.
Tabler sur la prévention-promotion
Prenant la parole à son tour, le Dr Faïçal Ben Salah, spécialisé en médecine du travail, donne un aperçu sur un autre projet qui commence depuis le début de 2013 à se concrétiser. La stratégie nationale de gestion des risques psychosociaux voit progressivement le jour grâce en outre à la contribution de la Société tunisienne de psychiatrie. Elle repose sur la prévention et la gestion des facteurs psychosociaux à risques via l’élaboration d’un processus intégral visant la réduction de la morbidité des troubles psychiatriques liés au travail. S’appuyant sur les résultats d’une étude réalisée par l’un de ses confrères, le Dr Ben Salah explique l’impératif de prévenir les risques psychosociaux, des risques assez fréquents puisque 60% des Tunisiens ne se retrouvent pas dans la société tunisienne, que plus de 80% des Tunisiens n’éprouvent plus la joie de vivre et que 65% d’entre eux ne vouent aucun intérêt au principe de solidarité. Le contexte psychosocial semble ainsi disloqué en raison notamment d’une mauvaise —ou absence— de gestion des risques psychosociaux. La stratégie nationale de gestion des risques psychosociaux met les décideurs et les spécialistes face à une entreprise de taille: améliorer la qualité de la vie dans le milieu du travail et réduire la prévalence du job-strain ( risques psychosociaux dus à l’incapacité individuelle et frustrante des salariés à faire face aux exigences du travail) de 5%. Ces objectifs capitaux ne peuvent être atteints qu’à travers une révision complète du système de prévention desdits risques. La prévention se doit d’être le synonyme de la promotion dans le sens où elle doit se faire d’une manière permanente et continue et non d’une manière secondaire, après coup. Le Dr Ben Salah met l’accent sur l’importance du rôle du psychiatre dans la réalisation de cette stratégie. Loin d’être un simple exécuteur d’une ligne d’action, le psychiatre est appelé à réorienter les stratégies de la gestion des maladies mentales dans les milieux du travail, définir le sens de la prévention de ces maladies, les risques psychosociaux et ajuster la prise en charge conformément à la phase présente de la maladie. Faire face à l’épidémie des maladies mentales en Tunisie implique donc la mise en place d’un programme de prévention primaire (prévenir la maladie en s’appuyant sur les facteurs à risques), des actions efficientes car ciblées ainsi qu’une gestion pluridisciplinaire des facteurs à risques. L’orateur insiste, également, sur la mise en place d’un modèle tunisien propre à la psychiatrie préventive.
Auteur : D.Ben Salem
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