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Revue de presse

Santé publique : Thala, un foyer épidémique d’hépatite C ?

La presse | Tunisie | 22/02/2013

Les chiffres officiels montrent que la prévalence de l’hépatite C dans la région de Thala est de 0,227% et non de 8,23%, comme le prétend le secrétaire général de l’Union Populaire Républicaine. L’étude en question vise à cerner le taux du port du virus de l’hépatite C dans la région de Thala. Elle est fondée sur l’analyse par bandelettes dans l’urine, effectuée sur quelque 500 personnes issues de Thala.

La région de Thala est-elle un foyer épidémique d’hépatite C ? Depuis quelque temps, une information – ou probablement une intox — sur l’existence d’une prévalence alarmante de ce virus chez les habitants de cette région malmène l’opinion publique et la population-cible en particulier. Après la vulgarisation via les radios et chaînes télévisées des résultats d’une étude réalisée avant octobre 2011 et portant sur ce point, les réactions sont mitigées entre la crainte d’une épidémie hépatique à Thala et, par conséquent, d’une réelle menace pour la santé publique notamment dans le gouvernorat de Kasserine d’une part, et l’impératif de rassurer la population quant à l’invalidité de l’info si intox il y a, de l’autre.

La puce a été mise à l’oreille le jour où M. Lotfi Mrayhi, qui tient à se présenter sous sa fonction politique et non scientifique, à savoir comme secrétaire général de l’Union Populaire Républicaine, a présenté les résultats d’une enquête portant sur la présence du virus de l’hépatite C dans la région de Thala. « Cette étude a été réalisée avant octobre 2011. Cependant, vu le contexte politique en cette période, j’ai préféré m’abstenir de diffuser l’information le temps qu’un gouvernement soit élu et donc habilité à coordonner une éventuelle intervention », indique M. Mrayhi. Or, si les résultats de cette enquête dévoilent une catastrophe sanitaire, peut-on se permettre d’attendre plus d’une année avant de les vulgariser ?

Ladite enquête repose sur un dépistage rapide du virus. L’idée étant de soumettre un échantillon représentatif de la population de Thala, car, choisi selon les propos du chef d’étude d’une manière aléatoire; soit 500 personnes, au dépistage de l’hépatite C à travers le test de la bandelette. « Ce dépistage a été réalisé suite à la demande des habitants de Thala. Nous avons contacté un laboratoire pharmaceutique qui nous a fourni le matériel nécessaire à cette action. Ce même laboratoire nous a mis en contact avec un laboratoire d’analyse. Après avoir examiné les prélèvements, ce dernier a tiré la sonnette d’alarme. Il s’agit d’un réel fléau hépatique à Thala. Il n’y a pas de famille qui ne compte pas au moins une personne atteinte par ce virus», indique le Dr Bouthaïna Mzabi, médecin généraliste ayant participé à l’action de dépistage.

Le résultat de cet examen a démontré que 8,23% des personnes soumises à l’examen portent le virus de l’hépatite C. « Il est important de faire la distinction entre porter le virus et être atteint par la maladie de l’hépatite C. Dans le monde, le nombre des personnes porteuses de ce virus varie entre 150 millions et 170 millions. En revanche, seules 300 mille sont atteintes par la maladie. L’objectif de la présente étude - qui n’est pas vraiment une étude scientifique puisqu’elle ne comprend que la liste des personnes soumises à l’examen, leurs numéros de CIN et le résultat respectif à chacune d’entre-elles, - consiste à cerner le taux de diffusion du virus dans cette région et non celui de la maladie. Or, le ministère de la Santé publique, qui a fait preuve de négligence, de mauvaise foi et d’incompétence ne fait pas la différence entre ces deux concepts: être malade et porter le virus », explique M. Mrayhi. Il ajoute que 20% des personnes porteuses du virus évoluent, généralement, vers une guérison spontanée. Les 80% restant, cependant, sont confrontées à divers schémas d’évolution de la maladie (hépatite chronique, hépatocarcinome...); des évolutions qui varient également dans le temps.

Ce qui est donc à constater est que l’étude, qui traite d’un problème de santé publique— et pas le moindre, vu l’absence de tout vaccin susceptible de prévenir le virus de l’hépatite C - n’est point pour autant une étude scientifique au vrai sens du terme. D’un autre côté, elle est axée sur le taux du port du virus et non du taux de maladie. Cependant, la prévalence obtenue suscite beaucoup de points d’interrogation quant à la transmission du virus et sa prolifération dans la région de Thala. « Notre objectif consiste à attirer l’attention des parties concernées sur la gravité de la situation afin qu’elles prennent les mesures nécessaires à la prise en charge des personnes portant le virus ou, du moins, lutter contre la transmission du virus de l’hépatite C », renchérit le Dr Mzabi. Et d’ajouter qu’au moment où les membres de l’UPR s’appliquaient à l’action de dépistage, le directeur de l’hôpital de Thala est apparu sur les lieux en s’efforçant de stopper cette action.

Thala n’est pas un foyer de l’hépatite C !

La présente étude a démontré, donc, que le taux du port du virus de l’hépatite C dans la région de Thala est de 8,23%. D’où l’impératif de le prendre au sérieux surtout qu’à défaut d’une intervention pertinente de la part du ministère de la Santé publique, 80% des personnes porteuses du virus risquent de sérieuses complications de leur état de santé. Or, le ministère en question dément les conclusions tirées suite à cette étude. « Il n’y a pas d’épidémie hépatique en Tunisie, tous types d’hépatite confondus. Il est vrai que les régions du Nord-Ouest comptent plus de cas d’hépatite C que les autres régions. De même d’ailleurs pour les régions du Sud qui comptent plus de cas d’hépatite B que les autres. Toutefois, — et depuis l’Indépendance — aucune épidémie hépatique n’a été relevée dans notre pays », indique M. Mondher Lounissi, chargé de mission auprès du ministre de la Santé publique. Les chiffres, en appui relatifs tant à l’incidence qu’à la prévalence de l’hépatite C dans la région de Thala, montrent, en effet, des taux nettement inférieurs au taux avancé par M. Mrayhi. En 2012, seulement 4 nouveaux cas d’hépatite C ont été enregistrés à Thala. En 2011, ils étaient 36 et en 2010, l’on a enregistré 24 nouveaux cas. Par ailleurs, et pour ce qui est de la prévalence de l’hépatite C , qui tient compte des cas enregistrés durant les cinq dernières années mais aussi du nombre des habitants de Thala ( 35 mille habitants), elle est de 0,227% ; soit 96 cas au cours du dernier quinquennat. Le responsable au ministère de la Santé publique avance également des chiffres relatifs au gouvernorat de Kasserine. « De 2005 à 2012, le gouvernorat de Kasserine — qui compte environ 400 mille habitants — présente 229 nouveaux cas d’hépatite C; soit une prévalence de 0,05%. Il est à noter, ajoute M. Lounissi, que 87% des personnes atteintes par cette maladie sont âgées de plus de 40 ans. Chose qui nous renvoie à deux hypothèses expliquant ce phénomène, notamment le recours jadis aux habitudes ancestrales de scarification mais aussi aux seringues à usage non individuel; d’où la transmission du virus ». Le responsable auprès du ministère de la Santé publique fait remarquer que tout nouveau cas d’hépatite dépisté est obligatoirement et systématiquement déclaré au ministère de tutelle. Il souligne également que le ministère se montre prêt à prendre en charge toute personne atteinte par ce virus. Notons que le traitement de l’hépatite C coûte environ 20 mille dinars par malade par an. Or, si le fléau hépatique existe réellement, le budget alloué à la santé publique serait-il en mesure de garantir la prise en charge pour toute personne atteinte par ce virus?

Le laboratoire d’analyse refuse de coopérer

L’écart entre les deux prévalences de l’hépatite C relatives à la région de Thala, notamment celle à laquelle aboutit l’étude réalisée par M. Mrayhi et celle fournie par le ministère de la Santé publique, est immense. Sûr de lui et convaincu par l’impératif d’intervenir au plus vite pour prendre en charge les personnes porteuses du virus et lutter contre l’évolution positive de sa transmission, M. Mrayhi indique avoir attiré l’attention du ministère et que ce dernier a fait preuve de négligence et de mauvaise foi. « J’ai eu le chef du cabinet du ministre au téléphone, mais je n’ai été ni invité ni convoqué par le ministre. Pis encore: le ministère dément les résultats de mon étude la jugeant non méthodologique et inefficace », souligne M. Mrayhi.

Pourtant, la version du ministère est toute autre. M. Lounissi nous indique qu’il a contacté plus d’une fois M. Mrayhi en lui proposant de se rendre au ministère afin d’examiner ladite étude; qu’il lui a même demandé de faxer ladite étude en cas d’impossibilité de se déplacer jusqu’au ministère, en vain. « M. Mrayhi nous a dit, en fin de compte, qu’il n’avait pas de documents à nous livrer et qu’il a réalisé l’étude en se basant uniquement sur l’examen par bandelettes, fait dans un laboratoire d’analyses privé», indique le responsable de la santé publique. Nous avons contacté le laboratoire en question, afin de décrocher de plus amples informations sur les résultats dudit examen. Nous avons appris que le Dr Néjib Bouraoui, biologiste, était en congé. En essayant de nous procurer son numéro de téléphone portable, le refus de notre interlocuteur était catégorique avant même de prononcer la demande! « Dans ce cas, est-ce que je peux... » avais-je dis. « Non! Vous ne pouvez pas!», avait-il répondu.

Outre les indicateurs officiels en parfaite contradiction avec le taux avancé par M. Mrayhi, le ministère de la Santé publique avoue accorder un intérêt particulier à l’hépatite B et C. Depuis quatre mois déjà, il a mis, en effet, les jalons d’une étude nationale prospective sur l’hépatite B et C. Est-ce une simple coïncidence? Suite aux informations avancées par M. Mrayhi, le ministère avait chargé une délégation spéciale à se rendue sur les lieux pour examiner la situation à Thala. « Si cet indicateur s’avère être vrai, il est impératif de prendre les mesures nécessaires », note M. Lounissi. Toutefois, le ministère ne semble point convaincu par cette prévalence. Sa méfiance tient compte de certains arguments dont la nature même de la présente étude et celle de l’examen choisi pour le dépistage rapide. «Réaliser une étude scientifique obéit , fait remarquer M. Lounissi, à certains critères dont la méthodologie, la présentation d’un comité d’éthique, le choix de l’échantillon, le type de logiciel choisi pour le calcul des statistiques, etc. Or, cette étude est dépourvue de tout critère, et donc de toute base scientifique. D’autant plus que l’examen par bandelettes dans les urines sur lequel sont fondés les résultats de ladite étude n’est point un examen de pointe. C’est un examen dépassé et dont les résultats n’ont aucune valeur scientifique. Le dépistage de l’hépatite C implique le recours à un prélèvement sanguin à partir duquel on réalise le test PCR qui permet d’examiner la charge virale et de confirmer ou de nier l’atteinte par le virus ».

Manifestement, le dossier de l’épidémie de l’hépatite C dans la région de Thala demeure à cheval entre des indicateurs officiels rassurants et une info-intox alarmante. Convaincu par l’invalidité de cette étude et de ses résultats, le ministère s’apprête à poursuivre le secrétaire général de l’Union populaire républicaine en justice. « Susciter la zizanie auprès de l’opinion publique et avancer un indicateur-choc complétement faux ne doit pas passer inaperçu. Ébranler pas la sérénité de la population en se basant sur de fausses informations est intolérable », conclut M. Lounissi.

Un dépistage sans suite aucune

Parmi les personnes qui ont été soumises au dépistage rapide de l’hépatite C figure Salah. Ce monsieur est originaire de la région de Hidra et non de Thala. Il avait complètement oublié qu’il s’est fait faire des analyses médicales susceptibles de dépister cette maladie. «Cela remonte à je ne sais plus combien de temps. Mais je me souviens que certains habitants de Hidra ont entendu parler d’un éventuel dépistage de cette maladie. Je me suis donc déplacé avec les autres pour me faire faire le test», indique-t-il. Salah n’est pas assez informé sur l’hépatite C. Tout ce qu’il sait, en revanche, c’est que cette maladie est assez répandue dans la région. «Depuis le jour où on m’a fait le test, je n’ai reçu aucune nouvelle là-dessus, pas même le résultat de mes analyses médicales», fait-il remarquer.

Mounir fait également partie de l’échantillon de ladite étude. Tout comme Salah, il avait complètement oublié ces analyses. «Ah oui, c’est vrai. Mais cela ne date pas d’hier, je les avais complètement oubliées d’ailleurs. Je me souviens qu’il y a plus d’un an, une caravane médicale est arrivée à Thala pour dépister les maladies chroniques. Je souffre déjà de diabète et je voulais savoir si mon état de santé, ainsi que celui de ma mère, ne présentent pas d’autres maladies chroniques. Nous nous sommes rendus, donc, au siège de la délégation régionale là où un bureau a été consacré à cette action. On nous a fait des prélèvements sanguins, et non urinaires, et on nous a dit qu’on allait nous communiquer les résultats respectifs par téléphone. Depuis, pas de nouvelles», indique Mounir qui suppose que l’hépatite C touche jusqu’à 97% de la population de Thala. «C’est une information qui a été livrée à la télé», affirme-il. Certes, la mère de Mounir souffre de cette maladie. Elle suit d’ailleurs un traitement approprié, complètement pris en charge par l’Etat. Toutefois, ni son entourage ni celui de Salah ne comptent d’autres personnes reconnues comme atteintes par cette maladie.

Dorra BEN SALEM

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