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La presse | Tunisie | 04/12/2012
Alors que l’homéopathie connaît un succès croissant en Europe, nos concitoyens s’intéressent de plus en plus à cette branche de la médecine douce, comme en témoigne le chiffre d’affaires des médicaments homéopathiques qui a triplé au cours des dix dernières années en Tunisie. En effet, selon le Dr. Anis Bamri, responsable du développement médical et pharmaceutique du laboratoire français «Boiron» (spécialiste des préparations homéopathiques) en Tunisie : «Le chiffre d’affaires des médicaments homéopathiques en Tunisie a triplé au cours des dix dernières années. En 2011, il avoisine les 6 millions de dinars (5.900.000 dinars).
L’homéopathie représente 1% du chiffre d’affaires officinal des médicaments en Tunisie». Il ajoute : «En Tunisie, les médicaments homéopathiques sont commercialisés depuis 1991. Une autorisation de mise sur le marché doit être délivrée par la direction de la pharmacie et du médicament du ministère de la Santé avant la commercialisation de tout médicament homéopathique. D’autre part, l’homéopathie est reconnue comme une compétence médicale en Tunisie».
Plus de 700 professionnels de santé tentés par l’homéo
Mais qui dit compétence médicale dit systématiquement médecins. Le Dr Chiheb Hafsa, ostéopathe, homéopathe, acupuncteur et président de la Société tunisienne d’homéopathie, relève à ce propos que «la Société tunisienne d’homéopathie (STH), dont je suis le président depuis mai 2010, est une association à but scientifique, créée en mars 1991 afin de promouvoir la thérapeutique homéopathique en Tunisie. Elle rassemble tous les professionnels de santé (médecins, dentistes, pharmaciens et vétérinaires) soucieux de pratiquer une médecine de qualité efficace, non toxique et non polluante et qui prend en compte non pas la maladie mais le patient dans sa globalité». Pour ce qui est des activités de son association dans le développement de cette discipline médicale, le Dr Hafsa estime que «la STH organise des séances de perfectionnement annuelles qui se déroulent sur 4 sites : Tunis, Sousse, Sfax et Gabès. Ces séances concernent les professionnels de santé qui sont compétents en homéopathie et ont pour objectif de mettre à jour les connaissances de ces professionnels sur des thèmes qui collent à la réalité de leurs préoccupations. Par ailleurs, la STH organise, avec la collaboration de son partenaire, le Centre de développement et d’enseignement de l’homéopathie de Paris (France), un enseignement de base de qualité diplômant, sur deux années, permettant de former des médecins généralistes et spécialistes, des pharmaciens, des dentistes et des vétérinaires à la thérapeutique homéopathique. Cet enseignement privé est organisé à Tunis et Sfax tous les deux ans.»
Toujours selon le président de la STH, l’association collabore aussi avec la faculté de Médecine de Sousse, depuis 2004, à l’élaboration d’un enseignement de base de l’homéopathie dans cette faculté et ceci dans le cadre d’un mastère professionnel: «Le corps enseignant, pour ces deux enseignements privé et à la faculté, comporte des médecins spécialistes tunisiens en homéopathie, tunisiens (9 enseignants, dont je fais partie) et d’autres français qui viennent de France de façon occasionnelle. D’ailleurs, je tiens à remercier particulièrement le Pr Ali Mtiraoui, doyen de la faculté de Médecine de Sousse, qui a accepté d’introduire l’enseignement de l’homéopathie à la faculté parce qu’il a pris conscience de l’apport considérable de l’homéopathie dans la médecine. Depuis sa création, la STH a formé plus de 700 professionnels de santé (médecins généralistes ou spécialistes, pharmaciens, dentistes et vétérinaires) exerçant sur tout le territoire tunisien, dans le domaine libéral ou étatique», ajoute le Dr Hafsa.
Que veut-on dire par homéopathie ?
Le Dr Nathalie Petit-Latrous, médecin généraliste, homéopathe et spécialiste en mésothérapie (diplômée de la faculté de Médecine de Caen en France), note que l’homéopathie «est une méthode thérapeutique originale découverte à la fin du XVIIIe siècle par un médecin allemand, Samuel Hahnemann, qui propose de soigner “le mal par le mal”».
Toujours d’après un topo réalisé par le Dr Petit-Latrous, l’homéopathie se base sur deux principes. Le premier est celui de la similitude, défini comme suit : «Pour guérir les symptômes d’un malade, on doit lui administrer le remède qui, sur une personne saine, provoque les mêmes symptômes que ceux que présente le malade.». Le second principe est celui de la loi de l’infinitésimalité dite aussi de hautes dilutions : «Il s’agit de diminuer les doses des remèdes jusqu’à empêcher tout risque toxique ; diluer à l’extrême les substances jusqu’au-delà d’un certain degré de dilution où il ne reste plus la moindre molécule du principe actif d’origine dans le médicament. Ainsi, au-delà de la dilution 12 CH (1 CH, c’est-à-dire un taux de 0,01, ou encore 1% Ndlr) le médicament ne contient plus de produit de base».
Plusieurs diront : «Mais alors, s’il n’y a plus de produit actif dans le médicament, alors comment ça marche ? ». Selon Dr. Nathalie Petit-Latrous : « Jusqu’à aujourd’hui, alors que des équipes scientifiques se penchent sur le problème avec de plus en plus d’acuité, il n’existe pas de réponse précise. On a parlé de «mémoire de l’eau», mais c’est une théorie un peu fumeuse. On pense qu’il existe des mécanismes de transmission énergétique... Tout ça n’est encore qu’à l’état d’hypothèse, mais le jour où la recherche aura compris les mécanismes biologiques qui résultent de la thérapeutique homéopathique, la médecine aura fait un grand bond en avant».
D’après Dr Anis Bamri, il existe deux grandes familles de médicaments homéopathiques : «Des médicaments composés ayant des indications précises et une posologie bien déterminée et qui peuvent être prescrits par tous les médecins et conseillés par tous les pharmaciens. Ils se présentent sous forme de comprimés, sirops, solutions buvables, pommades et suppositoires». Quant à la deuxième famille, il s’agit «de médicaments unitaires ou médicaments homéopathiques à nom commun, ce sont « les fameux granules homéopathiques» qui ne comportent pas d’indications thérapeutiques et de ce fait ne sont pas accompagnés de notice explicative. Chacun de ces médicaments peut être utilisé par des médecins ou pharmaciens formés en homéopathie dans le cadre de traitements individualisés pouvant concerner différentes pathologies».
Efficace et inoffensif pour les femmes enceintes, les vieillards et les bébés
De son côté, Dr Petit-Latrous apporte dans son topo plus de précisions sur l’application des médicaments homéopathiques selon le degré des dilutions : «Les dilutions dites basses de 5 CH à 7 CH sont utilisées pour traiter les symptômes locaux. Les dilutions dites moyennes, par exemple à 9 CH, Sont utilisées par les symptômes généraux. Et les dilutions hautes, de 15 CH à 30 CH, sont utilisées pour les symptômes psychiques (...). Les différentes dilutions existent pour tous les remèdes homéopathiques et sont présentes sous deux formes : les doses qui sont de petits tubes pleins de globules imprégnés de remèdes et que l’on absorbe une seule fois, généralement 1 fois par semaine ou 1 fois par mois. Son effet est global (à laisser fondre lentement sous la langue)». Il y a aussi «Les tubes granulés contenant environ 80 granules qui sont pris (de 3 à 5 par prise) de 1 à plusieurs fois par jour, selon l’effet recherché. Pour les affections locales ou générales, les prises sont maintenues jusqu’à la disparition des symptômes. Il n’y a pas donc de durée de traitement comme pour une cure antibiotique (quand les symptômes disparaissent, on arrête les prises médicamenteuses). Pour les traitements de terrain et pour les affections chroniques ou récidivantes, les traitements associent volontiers les deux présentations (l’homéopathie et l’allopathie* Ndlr), qui sont complémentaires dans leur mode d’action et les traitements sont instaurés sur plusieurs mois».
Pour Habib Zine, pharmacien et praticien de l’homéopathie : «Pour le conseil, avec zéro risque, l’homéo est la plus indiquée pour tous les clients et surtout le bébé, le vieillard, la femme enceinte et ceux qui sont très sensibles. Il y a des confusions entre homéopathie et phytothérapie qu’il faut relever. Le médicament homéopathique peut être fabriqué a partir de végétal animal ou d’un minéral ou de germes ou de bactéries ou d’une matière organique alors que la phytothérapie n’utilise que le végétal avec des doses pondérales (c’est-à-dire des doses non diluées dites normales) ».
Si en Tunisie, plusieurs médecins ont commencé à tirer la sonnette d’alarme contre le fléau de l’automédication, surtout avec une forte consommation des antibiotiques (délivrés sans ordonnances) ce qui est interdit sous d’autres cieux (en France par exemple), d’où une forte résistance des germes ; la médecine douce, à l’image de l’homéopathie ou de la gemmothérapie*, a démontré qu’elle peut offrir une autre alternative naturelle et écologique aux traitements médicamenteux habituels.
En somme, l’on peut dire que «l’homéopathie soigne en mobilisant les capacités de l’organisme à se « guérir lui-même». L’allopathie fournit à l’organisme des béquilles qui agissent à sa place dès qu’il est débordé. L’homéopathie n’a aucune action sur les lésions irréversibles, mais peut augmenter l’efficacité des traitements allopathiques et en diminuer les effets secondaires», souligne Dr Petit-Latrous.
*Allopathie : les traitements médicamenteux habituels, mais aussi les médecines non conventionnelles, telles que la phytothérapie, l’aromathérapie ou encore l’oligothérapie.
*Gemmothérapie: une médecine non-conventionnelle à cheval entre l’homéopathie et la phytothérapie qui utilise des tissus embryonnaires végétaux en croissance, tels que jeunes pousses, bourgeons, radicelles, préparés par macération dans un mélange d’eau, de glycérine et d’alcool.
Auteur : Abdel Aziz HALI
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