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La presse | Tunisie | 09/12/2012
Cette maladie a été traitée, récemment, lors d’un débat concocté par la Société tunisienne de psychiatrie, et ce, dans le cadre de la tenue, du 3 au 8 décembre 2012, de la semaine nationale de psychiatrie. La rencontre a été animée par six psychiatres dont deux pédopsychiatres et a permis l’interactivité entre les spécialistes et le public. Elle s’est tenue dans un espace peu conventionnel pour ce genre de rencontres scientifiques, soit dans un salon de thé, en vue d’aller vers le public et de mieux vulgariser l’information.
Tenant à simplifier l’information, le Dr Olfa Moula, assistante universitaire à l’hôpital Razi, a défini la dépression comme étant « une panne du fonctionneur, un mal invisible qui envahit les émotions, le côté intellectuel, le physique, le comportemental et suite auquel rien ne marche plus».
Pour le Dr Rym Rafrafi, psychiatre, il convient de ne pas confondre dépression et déprime. La dépression empêche le malade de se projeter vers l’avenir. Pour lui, tout est négatif : le passé, le présent et même le futur. En revanche, la déprime est due au trouble de l’humeur, ressenti d’une manière temporaire. «On se sent tous vidé à un moment ou à un autre; un sentiment qui peut être provoqué par un évènement délencheur. Mais ce malaise, tout à fait normal, est limité dans le temps, contrairement à la dépression», explique la psychiatre.
En Tunisie, cette maladie fait couler de l’encre depuis 1995, date où un nombre considérable de personnes déprimées a été enregistré. Le Dr Rym Ghachem, chef de service à l’hôpital Razi, se souvient qu’en cette année-là quelque 180 mille cas de dépression ont été repérés, soit 10% de la population. «A cette époque, 9 malades sur 10 ne cherchaient pas à se faire soigner. Inconsciente de l’importance du problème et de ses répercussions sur le bien-être psychologique et comportemental sur le malade, la famille jouait souvent le mauvais rôle en banalisant la maladie et ses multiples manifestations. Dans d’autres cas, les croyances se substituaient aux traitements appropriés, ce qui ne faisait qu’aggraver la situation», explique le Dr Ghachem.
Aujourd’hui, l’épidémiologie de la dépression place et la société et les spécialistes face à des chiffres alarmants. La population dépressive tunisienne est passée de 10% en 1995 à 37% actuellement, soit une personne déprimée sur trois. «Ce chiffre est grave, surtout si l’on prend en considération les malades qui ne se prennent pas en charge et qui éprouvent de la honte par rapport à leur état psychiatrique», souligne l’oratrice. Il est à noter que la dépression touche plus les femmes que les hommes. Elle trouve dans le milieu urbain un terrain plus favorable que dans le milieu rural. La psychiatre met en exergue trois populations à risque dépressif. En effet, deux domaines professionnels sont jugés comme étant des domaines à risques. Il s’agit du domaine de la santé et celui de l’enseignement. Dans le premier cas, l’on a enregistré quelque 2.500 arrêts de travail pour maladie ; dans le second, ce nombre est encore plus important, soit 3.400 arrêts de travail pour maladie.
Les étudiants âgés de 18 à 24 ans représentent la troisième population à risque. « La population dépressive souffre d’une mauvaise estime de soi et d’un état d’anhédonie ou la perte de tout sens de plaisir dans la vie. Il est clair qu’actuellement nous vivons une sorte d’anhédonie collective», renchérit le Dr Ghachem.
Trouble du sommeil, manque d’appétit, manifestations somatiques tels les problèmes gastriques, les migraines, les manifestations de la dépression varient selon les personnes. Elles poussent souvent les malades à croire en une maladie physique plutôt que d’admettre que le malaise est psychologique, voire psychiatrique. «On a plus de facilité à dire ‘‘j’ai mal’’ qu’à dire ‘‘je suis mal’’. Non traitée, la dépression aboutit, parfois, à des complications notables. Pourtant, lorsqu’on consulte un spécialiste, on a beaucoup plus de chance de s’en sortir», souligne le Dr Rafrafi. Et d’ajouter que la prise en charge de la dépression ne nécessite pas forcément le recours à des médicaments antidépresseurs. Parfois, il suffit de discuter avec un spécialiste pour en être soulagé.
Par ailleurs, il est important de souligner que la dépression peut également toucher les enfants et les adolescents. Dans ce cas, son repérage s’avère difficile pour les parents. Toutefois, certains signes peuvent être révélateurs, tels que l’échec scolaire et les problèmes provoqués par l’enfant déprimé dans son école.
Auteur : D.B.S.
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