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La presse | Tunisie | 17/11/2006
En Tunisie, le Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO), sous l’égide du ministère de la Santé publique, et l’Association tunisienne de sensibilisation au don d’organes (ATSADO) ont mis en place une stratégie réglementée par des textes de loi afin d’empêcher le trafic d’organes à l’instar de certains pays, et un programme de sensibilisation a, à cet effet, vu le jour.
C’est d’ailleurs dans cet esprit que se tiendra, le 18 novembre,
la 3e journée de sensibilisation au don d’organes placée
sous le thème : «Le rôle de la femme dans la sensibilisation
au don d’organes».
Mythe ou réalité palpable ? Le point sur la situation du don d’organes
dans notre pays s’impose, d’autant plus que le CNPTO est fonctionnel
depuis 1998.
Quel bilan peut-on avancer ? Y a-t-il une bonne gestion du discours annonciateur
du prélèvement à la famille du défunt?…
Des témoignages auprès d’une personne greffée du
sein et d’une autre en attente ont été recueillis au centre
d’hémodialyse de la CNSS à la cité El Khadra.
C’est en 1952 qu’un premier décret beylical est venu légiférer le don d’organes. En 1948, le docteur Raïs a soigné des aveugles en procédant à la greffe de la cornée. Mais c’est surtout en 1991 que la nécessité de promulguer une loi en harmonie avec les nouvelles données médicales et éthiques s’est fait sentir et c’est ainsi que parut la loi du 25 mars 1991 dont l’article 2 prévoit qu’«en vue d’une greffe dans un but thérapeutique sur un être humain, un prélèvement peut être effectué sur une personne vivante à condition que le donneur soit majeur, jouissant de toutes ses facultés mentales, de sa capacité juridique et qu’il y ait librement et expressément consenti».
L’article 3 prévoit que «des prélèvements peuvent être effectués à des fins thérapeutiques ou scientifiques sur le cadavre d’une personne à condition qu’elle n’ait pas fait connaître, de son vivant, son refus d’un tel prélèvement et qu’après son décès, le refus d’un tel prélèvement n’ait pas été opposé par l’une des personnes suivantes : les enfants, le père, la mère, le conjoint, les frères et sœurs, le tuteur légal».
Ainsi le législateur a réglementé le don d’organes
par un cadre juridique qui permet même au donneur de son vivant de mentionner
sur sa carte d’identité nationale la mention de donneur.
Le tissu associatif autour de ce thème s’est développé
notamment avec l’UNFT. «Depuis 9 ans, une sensibilisation sur le
don d’organes se fait sentir dans toutes les régions du pays»,
indique le Dr Abdelaziz Fedhila, président de l’Atsado, qui assure
une sensibilisation et un tapage médiatique relatifs à la tenue
de la journée. «Il faut qu’il y ait une éducation
à froid et une sensibilisation continue en dehors de ce moment fort»,
poursuit-il.
La stratégie de sensibilisation est basée sur un point essentiel qui s’articule autour d’une prise de position sur le don d’organes. «On enregistre une espèce d’inertie. Le Tunisien ne prend pas de position et ne se manifeste ni par une adhésion, ni par un refus, alors que la loi lui donne la possibilité du choix», explique le Pr Jalel Hmida, président du Cnpto. Et de poursuivre : «La loi de mars 91 autorise le prélèvement d’organes sur la personne décédée si celle-ci n’a pas manifesté son opposition au prélèvement de son vivant, mais elle donne en même temps le droit à la famille de s’opposer au prélèvement. Or on enregistre un refus de l’ordre de 90% et qui n’a pas bougé depuis des années car il est mal accepté dans un contexte douloureux et dramatique puisque 90% des morts encéphaliques sont des morts tragiques liées à des accidents de la voie publique et auxquelles la famille n’a pas été préparée».
La famille ignore la volonté du défunt et la demande du don se fait dans un contexte de deuil et de souffrance, «c’est la raison pour laquelle le CNPTO, en collaboration avec les associations, tâche de sensibiliser le citoyen à la prise de position de son vivant», souligne le Dr Hmida.
Le CNPTO, qui a une mission technique et de coordination au niveau de la stratégie et du prélèvement de greffe, enregistre un bilan négatif en raison d’obstacles juridiques, du recrutement insuffisant de donneurs vivants, de l’absence de recensement et de déclaration obligatoire des morts encéphaliques et l’absence de reconnaissance du don.
«Une enquête effectuée à l’initiative du CNPTO a révélé qu’un citoyen sur deux interrogé pense qu’il y a un trafic d’organes en Tunisie», nous fait savoir le directeur du CNPTO «la greffe s’effectue uniquement dans quelques hôpitaux universitaires. Le CNPTO organisera la greffe à partir du coma qui évolue vers une mort encéphalique, d’où le déclenchement de tout un processus médical et une logistique que le centre prend en charge».
«Les gens pensent à des dérivés. Il y a une confusion
entre la Tunisie et les pays dépourvus de législation dans cette
thérapeutique vitale», indique pour sa part le président
de l’ATSADO.
A l’étranger, on compte un prélèvement pour un million
d’habitants et par an, alors qu’en Tunisie, la moyenne est de 0,7.
Dans notre pays, les transplantations rénales n’ont pas dépassé
50 par an jusqu’en 2004, alors que plus de 3.000 patients sont sur la
liste d’attente et que 6.000 sont en dialyse chronique. Il est impossible
de dialyser d’une manière régulière tous les insuffisants
rénaux chroniques, notamment ceux qui n’ont pas d’affiliation
à une caisse sociale, d’assurer une bonne dialyse et surtout de
prévenir des complications de la dialyse (osseuse, cardiaque…),
souligne le Dr Raoudha Belhaj, chef de service du centre d’hémodialyse
de la Cité El Khadhra.
En 2005, sur 34 morts encéphaliques prélevables, 7 seulement d’entre elles ont été utilisées à des fins thérapeutiques. Le pourcentage de refus de la famille est de l’ordre de 79% : le coût du traitement par hémodialyse et par malade est de 1,300 MD/mois.
Le problème de la pénurie d’organes demeure d’acuité et tout l’arsenal juridique élaboré à cet effet n’a pas permis aux malades de retrouver une vie normale sans recourir aux appareils de remplacement pénibles et combien contraignants pour les dialysés rénaux.
Le CNPTO a enregistré, en 2005, 43 donneurs vivants, 13 donneurs cadavériques
en matière de greffe rénale, et une absence de greffe cardiaque.
«La greffe d’organes à partir de donneurs cadavériques
reste la meilleure solution», indique le Pr Hmida. Et de poursuivre :
«Un problème d’urgence se pose pour la greffe hépatique
(foie) et celle du cœur. Des procédés juridiques concernant
la greffe du foie exigent un temps de réflexion et des démarches
parfois au détriment du malade».
Le centre a pour souci de protéger le donneur plus que le receveur. «La
Tunisie est un pays phare en matière de protection du don d’organes»,
souligne encore le Pr Hmida. «Il n’y a aucun trafic dans ce sens»,
ajoute-t-il. Le don d’organes est un mode de traitement réussi
mais qui fait appel à autrui, à la solidarité et à
l’esprit de responsabilité. «Personne n’est à
l’abri et personne ne peut avoir une assurance sur soi», précise
le président de l’ATSADO.
L’âge physiologique au don d’organes se situe d’une manière préférentielle entre 20 et 40 ans et peut atteindre le cap de 65 à 70 ans sans pathologie vasculaire. «La notion de mort encéphalique fait partie des thèmes expliqués avant la situation de catastrophe et les médecins du centre ont reçu une formation dans l’approche de la famille en deuil pour baisser le taux du refus», indique le directeur du CNPTO.
L’incidence des maladies qui nécessitent une transplantation
d’organes est fréquente «Il faut adhérer à
cette culture du don. Sur 10 millions, on enregistre 7.600 détenteurs
de carte d’identité mentionnant “donneur”.
Une sensibilisation au niveau des postes de police et une formation psychologique
des agents est à même d’encourager le citoyen au don d’organes»,
nous fait savoir le directeur du CNPTO.
Les critères pour une éventuelle greffe s’articulent autour
d’une compatibilité tissulaire, de groupe sanguin… et d’un
score optimal de réussite. «Ce n’est pas l’ordre chronologique
qui est tenu comme critère», indique encore le Pr Hmida.
Le don d’organes en Tunisie dispose d’un cadre législatif,
d’équipes médicales et chirurgicales, toutefois, le don
d’organes augmente dans une proportion faible et en deçà
des besoins.
Fatma RASSAA
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