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Le temps | Tunisie | 12/07/2012
Les quatre griefs
Concernant la première revendication, le Secrétaire Général du Syndicat, Mohammed Hédi Souissi, nous affirme que la moyenne d’âge du personnel médical et paramédical exerçant dans les urgences est supérieure à 50 ans et réclame donc la mutation de tous ceux de ses confrères ayant travaillé 10 ans dans ces dernières vers d’autres structures de base ou bien vers des services où la charge du travail est moins contraignante. En deuxième lieu, le Syndicat déplore les conditions dans lesquelles les médecins inspecteurs exercent leur travail et en particulier les voitures qu’ils utilisent dans leurs déplacements et qui sont dans un état lamentable, ce qui les oblige à passer la majeure partie du temps à les réparer plutôt qu’à accomplir leur tâche consistant à inspecter les conditions dans lesquelles travaillent leurs confrères. Ceux exerçant dans le Ministère de l’Intérieur ont un problème d’une toute autre nature : ce dernier refuse toujours de recevoir leur syndicat de base constitué depuis Juillet 2011 et ce malgré les rappels récurrents de l’UGTT, donc, ils exigent le déblocage de leur situation dans les plus brefs délais. Enfin, le syndicat des médecins réclame l’indexation de la garde, fixée forfaitairement à 68D, sur le salaire horaire.
Structures et architectures inadaptées
Le docteur Souissi, exerçant lui-même dans l’urgence de l’hôpital de « Kheireddine », nous fait part de son exaspération et souligne les rapports tendus entre patients, d’une part, et médecins et infirmiers, de l’autre, ce qui crée un problème d’insécurité dans ces services dont il ramène les causes à trois : structures et architectures inadaptées, manque de matériel et personnel vieillissant. La première défaillance est cause de l’exiguïté des lieux qui instaure une proximité sempiternelle entre les deux parties, les malades et le personnel qui, dans cet hôpital, dispose de seulement 4m2 d’espace dans les vestiaires communes dans le service d’homéopathie. Le manque de matériel, lui, est responsable de beaucoup de problèmes entre les deux parties. C’est ce qui arrive, par exemple, quand un patient est prié de se rendre à l’hôpital « Mongi Slim » de la Marsa à 2h du matin en raison da la mauvaise qualité du scanner existant ou de son inexistence; une telle orientation n’est pas de nature à lui plaire d’autant plus lorsqu’il est très souffrant sans compter les frais supplémentaires du déplacement pour ceux qui ne sont pas motorisés et qui sont démunis et combien ils sont devenus nombreux ces jours-ci grâce aux belles prouesses des hommes de bord, nos « légitimistes »!
Une moyenne d’âge trop élevée
Et la question la plus épineuse, au regard du Secrétaire Général du Syndicat, reste le problème de la moyenne d’âge trop élevée du personnel, il réclame son rajeunissement. Selon lui, les médecins et les infirmiers quadragénaires et quinquagénaires, travaillant depuis des décennies dans ce service sollicitant une mobilisation constante aussi bien physique que mentale, sont épuisés et ne sont plus en mesure de tenir le coup, ce qui affecte négativement leur rendement. On ne peut pas donner le meilleur de soi-même quand on est mal à l’aise, quand on n’est pas dans de bonnes dispositions. Le responsable syndicaliste dénonce également le piège tendu par l’autorité de tutelle à tous les désireux de rejoindre la région de Tunis en leur laissant une seule porte entrebâillée, celle des urgences. C’est le cas, par exemple, de sa collègue de « Kheireddine », Docteur Chaâbouni, qui a exercé dans le même service à « Siliana » pendant douze ans et qui continue à exercer aux urgences depuis deux années.
Les imperfections sont les vraies causes de l’insécurité
Le problème relationnel dépend entièrement de ces trois facteurs qu’on vient de citer, si, du côté du ministère, on tient vraiment à apaiser l’atmosphère et assurer un meilleur rendement dans ces services très délicats, on n’a qu’à remédier à ces lacunes, à corriger les choses, le traitement du cas par cas et la résolution de ces difficultés chroniques qui traînent depuis des années sont seules capables de faire disparaître la tension et d’établir la sécurité, et ce n’est pas l’installation des caméras sur les lieux qui va résoudre le problème, affirme Docteur Souissi. La violence ne devrait pas être traitée par une violence d’un autre type pire qui prendrait un aspect répressif, ajoute le patient Habib que nous croisons dans le service. Pour lui, une grande part de cette violence est spontanée et non pas orchestrée pour des visées politiques de déstabilisation comme on en a vue dans certaines régions ; elle est due aux mauvaises conditions, comme le manque de personnel et d’expérience pour certains internes dont une, qui préfère garder l’anonymat, nous révèle que le professeur responsable l’a désignée à ses débuts pour assurer toute seule la garde du service d’urgence du grand hôpital « La Rabta », cette nuit, un patient était décédé, parce qu’elle n’a pas pu le secourir ou plutôt parce qu’elle ignorait encore comment procéder. Cette violence est également encouragée, selon le premier témoin, par le nouvel élan de liberté qui souffle sur le pays et qui émancipe le citoyen et lui permet de contester tout ce qui l’incommode.
Des considérations extra hospitalières
En dépit de toutes ces contrariétés, la prise en charge est immédiate, nous rassure le médecin syndicaliste. Mais malheureusement, cette performance ne donne pas toujours de bons résultats à cause des défaillances enregistrées au niveau substantiel ainsi qu’au niveau humain, l’opération du tri qu’on appelle « golden hour » et qui intervient juste après l’accueil ne peut pas fonctionner convenablement en raison de l’exiguïté de l’espace et du manque de matériel et aussi de formation du personnel. Donc, il est impératif que l’on procède à la mise en place d’un personnel qualifié en matière de tri et d’un matériel adéquat pour remédier à la situation. Toutefois et au-delà de ces imperfections, il demeure un problème insurmontable qui est inhérent à des considérations extra hospitalières, il s’agit de certains patients qu’on prend en charge immédiatement et dont l’état de santé, même dans le cas où les difficultés signalées seraient surpassées, ne seraient pas à l’abri de complications et d’aggravations. C’est ce qui arrive, par exemple, à ceux qui sont victimes d’un infarctus, car le corps médical et le corps paramédical ne peuvent pas savoir l’heure exacte de l’attaque, ni le moyen de locomotion emprunté par le patient qui pourrait de ce fait mettre beaucoup de temps avant d’arriver à l’hôpital ; toutes ces données qui leur échappent sont d’une importance capitale et déterminent dans une très large mesure le degré d’efficacité de la prise en charge initiale. D’ailleurs, c’est pourquoi nous adoptons en Tunisie le système français des SAMU composé d’un médecin, d’un anesthésiste, d’un infirmier et d’un ambulancier, c’est-à-dire que c’est l’hôpital qui se déplace et va vers le patient à cause des défaillances de l’infrastructure routière perturbée essentiellement par l’embouteillage. Ce système se situe complètement aux antipodes du système américain qui consiste à faire dépêcher sur place juste un technicien paramédical pour prodiguer les premiers soins urgents et transférer par la suite le patient vers l’unité hospitalière appropriée par plusieurs moyens dont la voie aérienne.
Une offre très généreuse
Enfin, terminons sur une note amusante pour égayer cette atmosphère lourde et maussade. Eh bien, sachez que le chef du service de radiologie de l’hôpital de « Kheireddine » travaille à celui de « Salah Azaïez » et que c’est son confrère, un simple radiologue, qui le supplée pour signer les titres de congé de ses collègues afin de leur éviter le déplacement jusqu’à « Bab Saâdoun ». Une autre anecdote plus saugrenue celle-là, le terrain se trouvant devant l’urgence, objet de litige, est toujours contesté par, à la fois, le Ministère de la Santé, le Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières et la Municipalité de La Goulette qui en réclament tous la propriété. En attendant, des restaurateurs ont annexé les anciens locaux du RCD s’y trouvant, d’autres y ont installé de nouveaux commerces, et il reste encore de la place pour ceux qui seraient tentés par l’emplacement d’autant plus que c’est à deux pas de la plage. Donc, vous pourriez faire deux en un : travailler et vous baigner, les deux sans payer.
Faouzi KSIBI
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