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Revue de presse

Santé et sécurité au travail : revoir tout le système dans le cadre d’un dialogue social

La presse | Tunisie | 02/06/2012

Les services de l’inspection médicale et de la sécurité au travail, de médecine du travail et de pathologies professionnelles de Sfax organisent le 1er et le 2 juin, en collaboration avec le groupement de médecine du travail de Sfax, les 5es journées de santé et de sécurité au travail. Ces journées sont organisées tous les deux ans. Les thèmes retenus pour cette nouvelle édition portent sur l’organisation et le fonctionnement de la santé et la sécurité au travail et la gestion des risques majeurs et émergents, notamment cancers professionnels, maladies professionnelles graves et mortelles et troubles psycho-sociaux...

Le comité d’organisation a voulu faire participer la grande famille de la santé et de la sécurité au travail pour mettre en place un système opérationnel de planification et de mise en œuvre d’une prévention pour la réalisation des aspirations de tout citoyen tunisien, notamment «le droit à un travail».

L’idée principale de ces journées est d’évaluer l’état actuel de la santé au travail, de diagnostiquer les insuffisances, de faire le point sur les risques actuels et de proposer des alternatives permettant le développement de l’industrie dans le respect de la dignité et de la santé des salariés.

«Notre discipline de sécurité au travail a vu le jour dès l’aube de l’indépendance, ce qui prouve sa priorité nationale. Aujourd’hui, elle l’est encore plus dans le contexte de l’économie de marché et de la crise du chômage parce que le droit au travail, en respectant le droit à la santé, est un choix que seule la santé et la sécurité au travail peuvent résoudre, ignorer l’une de ces équations c’est basculer vers un déséquilibre dont les répercussions seraient lourdes de conséquences», souligne M. Adel Jomaâ, président du comité d’organisation.

M. Lotfi Ben Lallehem, représentant du ministre des Affaires sociales, a souligné la nécessité d’une mise à niveau du secteur de la santé, et de la sécurité au travail. Il a ajouté que le ministère est en train de préparer une conférence nationale sur le même thème. Cette conférence va réunir tous les intervenants dans la sécurité au travail. «Il faut résoudre les défaillances, notamment au niveau de la réglementation en matière de sécurité au travail, réviser les anciens textes et en élaborer d’autres pour répondre aux attentes des ouvriers. La mise en place d’une base de données sur la sécurité au travail, la mise à niveau des anciens organismes et le développement de la recherche scientifique deviennent des exigences pour l’amélioration du système de santé et de sécurité au travail», explique M. Ben Lallehem.

La politique nationale de prévention des risques professionnels est fondée sur quatre bases : normatives, économiques, structures de dialogue et structures de prestation. «Le système national de santé et de sécurité au travail a permis d’avoir des résultats qui ne sont pas négligeables. Nous remarquons une baisse des accidents de travail. Le programme de prévention des risques professionnels a comme objectifs la promotion de la santé et la sécurité au travail, la réduction des accidents et le renforcement de l’inspection.

Mais ce programme n’a pas atteint les objectifs escomptés faute d’une analyse approfondie de la situation et en l’absence des moyens et outils, de programmes adaptés, d’indicateurs de suivi», explique Dr A. Rejeb. Il ajoute que les défaillances sont multiples au niveau des normes de travail et leur application au niveau financier, notamment en matière de recouvrement des cotisations auprès des entreprises adhérentes et au niveau des structures de prestation puisque le médecin du travail exerce une activité isolée sans le recours à des compétences pluridisciplinaires. De même, les recommandations fournies par le médecin en chef de l’entreprise restent sans suites. D’autre part, l’absence de partie représentant les ouvriers au conseil d’administration des entreprises résulte d’un manque de transparence. De ce fait, il est nécessaire d’appuyer ce programme et d’améliorer les prestations et les services. Une réforme du système de sécurité au travail devient nécessaire à travers un dialogue social où participent tous les partenaires sociaux.

De son côté, le professeur Nizar Ladhari a présenté les résultats de l’enquête nationale sur les expositions professionnelles en Tunisie ou la cartographie des risques professionnels. Cette enquête a touché tous les gouvernorats. Elle a connu la participation de 100 médecins de travail et médecins inspecteurs. L’objectif de cette étude est d’identifier les principales expositions professionnelles. «L’enquête coordonnée par l’hôpital Charles-Nicolle et la direction de l’inspection médicale a concerné les entreprises affiliées à 17 groupements de 22 groupements de médecine de travail. Une fiche pratique est remplie par le médecin de travail dans chaque entreprise. Cette enquête a touché 1.653 entreprises et 161.517 salariés, dont 52,8% appartiennent au secteur industriel», explique M.Ladhari.

Ladite enquête a montré que 22,14% des entreprises disposent d’un chargé de santé et 16,82% uniquement ont un comité de santé et de sécurité au travail. En Tunisie et dans le secteur privé, la première contrainte de travail enregistrée est la contrainte gestuelle, posturale et la manutention de charges lourdes avec 96,5% des entreprises. La seconde nuisance est le bruit avec 53 % des entreprises qui y sont exposées. Puis viennent les nuisances infectueuses, chimiques et l’exposition à la poussière.

«Les limites de cette enquête sont la participation de 17 groupements seulement, les microentreprises ne sont pas inclues et les contraintes subjectives comme le stress ne sont pas prises en considération. Cette étude a montré la nécessité d’encourager la création de dossiers médicaux numérisés, l’inclusion d’une fiche d’exposition individuelle et l’évaluation des programmes de prévention», conclut M. Ladhari.

Auteur : Samira HAMROUNI

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