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La presse | Tunisie | 09/02/2012
Aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle d’efforts, la santé maternelle et infantile demeure touchée par bien de lacunes et de défaillances. Ces dernières résultent en grande partie de l’iniquité interrégionale tant au niveau des ressources humaines qualifiées que des équipements.
En effet, au cours de la grossesse, les prestations sanitaires témoignent d’un manque remarquable de prise au sérieux des consultations prénatales. Selon les chiffres fournis par l’Observatoire d’information, de formation, de documentation et d’études pour la protection des droits de l’enfant, le taux relatif à une seule consultation prénatale s’élève en 2009/ 2010 à 96%. En revanche, le taux de quatre consultations prénatales n’est que de 67,5%. Cet écart montre, déjà, que près de 33% des naissances ne bénéficient pas du contrôle médical périodique, pourtant indispensable et qui permet, dans bien des cas, de déceler d’éventuelles complications d’accouchement ou encore des maladies, des carences ou encore des handicaps susceptibles d’être dépistés et traités durant la grossesse.
Il est, en outre, à souligner que ces prestations prénatales connaissent les taux les plus faibles dans les régions les plus défavorisées. Si le taux national des consultations prénatales est de l’ordre de 92% ( un taux qui frôle la perfection), il n’est que de 54,9% à Kasserine.
Par ailleurs, et pour ce qui est du suivi médical post partum, il est loin d’être pris en considération par les mamans et par les structures de soin : seules 51,3% des mères en bénéficient.
Manque d’équipements et de ressources humaines
Ces écarts entre des prestations jugées comme fondamentales dans la protection de la santé maternelle et infantile et la réalité telle qu’elle est traduite par les indicateurs reflètent un décalage important entre les objectifs et les résultats. Si les objectifs visent à atténuer le taux de mortalité maternelle et infantile, les défaillances contrecarrant cette volonté sont multiples. En effet, selon Mme Mounira Garbouj, responsable au ministère de la Santé publique,45% des centres de maternité ne garantissent qu’une seule et unique consultation au profit du couple mère-enfant. Le manque souvent palpable en équipements médicaux, en ressources humaines qualifiées et disponibles, ainsi que celui des médicaments dans certaines régions, est loin de créer une plateforme sanitaire favorable à la réalisation — comme elle se doit — du programme national pour la protection de la santé maternelle et infantile. La réalité montre, d’ailleurs, que la disparité entre les régions en matière de mortalité infantile est considérable. Certes, ce taux ne cesse de chuter à l’échelle nationale, enregistrant les 17,8 pour mille en 2009. Toutefois, il acquiert en volume pour des régions comme celles de Tataouine, de Sidi Bouzid ou encore de Kairouan, pour toucher 33 pour mille nouveaux-nés. Mme Garbouj souligne que 60% des cas de décès infantiles postnataux reviennent aux conditions de grossesse et celles de l’accouchement.
Médecine scolaire : doit mieux faire
Pour ce qui est de la santé maternelle proprement dite, elle demeure en proie aux risques divers de mortalité. La responsable au ministère de la Santé publique indique que le taux de mortalité maternelle s’avère assez élevé, soit 44,8 pour chaque 100 mille accouchements.
La protection de la santé infantile évolue conformément au développement de l’enfant. La médecine scolaire est censée occuper une place importante dans le dépistage des maladies chez les enfants et dans le suivi de leur état de santé. Or, les prestations de médecine scolaire demeurent en deça des objectifs escomptés. En effet, le cadre médical et paramédical scolaire se résume en un médecin pour 7,06 établissements scolaires et un infirmier pour 5,27 établissements scolaires. Ce cadre médical n’est, de surcroît, disponible sur place qu’un jour sur sept. Certes, les consultations annuelles sont assurées dans les établissements scolaires étatiques à des degrés variables. La couverture englobe, en 2009/ 2010, 64% des établissements de prime enfance, 85% des écoles primaires et 78% des collèges et lycées. Toutefois, elle n’est appliquée que pour 40% des collèges et lycées privés. Là encore, les indicateurs montrent un écart flagrant entre les secteurs.
Il est clair que la santé maternelle et infantile a besoin d’efforts plus soutenus pour atteindre le niveau escompté. D’autant plus que la sensibilisation est de mise, notamment dans le milieu rural afin d’inciter les mères à prendre plus au sérieux leur santé et celle de leurs progénitures.
Auteur : D. BEN SALEM
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