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Le temps | Tunisie | 25/12/2011
A propos, d’insécurité, le docteur Mohamed Jamoussi, secrétaire général du syndicat régional des médecins, des chirurgiens-dentistes et des pharmaciens de la Santé Publique à Sfax, dénonce les agissements hostiles et les actes de violence dont les médecins sont devenus la cible, depuis janvier 2011. Il cite à ce propos le cas de deux chefs de services interdits d’accès à leur service respectifs, le premier, depuis janvier et le second mai 2011. Il cite également le cas de 14 médecins qui ont fait l’objet d’agressions physiques et verbales avec deux cas graves de confrères femmes carrément passées à tabac dont l’une aurait été piétinée et traînée par terre les accompagnateurs d’un patient. Il se dit lui-même miraculé ayant échappé récemment de justesse aux griffes d’un schizophrène en manque de traitement.
D’après notre interlocuteur, la liste des agressions comprend également le lot quotidien d’invectives, de pressions de toutes sortes et surtout de tentatives répétées de patients qui tentent de forcer la main aux médecins en les obligeant à leur délivrer indûment un quelconque certificat et même à leur imposer arbitrairement la prescription d’un médicament bien déterminé.
Plus grave encore que ces désagréments qui pourraient n’être, en fin de compte, que conjoncturels, le secteur de la santé publique - particulièrement dans la majeure partie des structures notamment dans la première et la deuxième ligne, dans les gouvernorats du sud de l’ouest et à Sfax – se débat, selon docteur Jamoussi, dans des problèmes structurels, , tels que la disparité de sa carte, la vétusté de certaines de ses structures, le manque flagrant de personnel, le déficit en équipements, la pénurie régulière de certains médicaments etc... avec en conséquence, de fâcheuses retombées sur les prestations fournies aux malades. »
Et notre interlocuteur de souligner : « Dans les régions précitées, les budgets sont insuffisants, le nombre de médecins généralistes et spécialistes de la santé publique par rapport à l’activité réelle et potentielle ne représente parfois que la moitié de l’effectif par rapport à la moyenne nationale : une disparité flagrante de la carte sanitaire qui s’est approfondie surtout depuis l’arrivée de Ben Ali. L’enquête comparative que nous avons réalisée a donné les résultats dont voici quelques échantillons : Plus de 80% des Centres de Santé de Base (dispensaires) ne profitent que d’une seule consultation par semaine dans les régions défavorisées. D’autre part, plus de 80% des patients pris en charge dans tous les CHU sont dans leur majorité originaire des gouvernorats où ces CHU sont installés, ce qui implique que dans les gouvernorats du Sud et de l’Ouest, des pôles de médecine spécialisés doivent être impérativement installés. A noter également qu’à Sfax, il manque 330 lits en comparaison avec les autres pôles universitaires. Il manque aussi une centaine de médecins spécialistes. A cela s’ajoute le fait que la médecine de spécialité est organisée dans deux centres intermédiaires qui ne profitent ni de statut ni de budget propres. Les médecins spécialistes qui y exercent sont en nombre dérisoire. Pour illustrer ces réalités on pourrait donner quelques exemples : un sujet âgé hypertendu suivi par moi-même dans un dispensaire à deux kilomètre du CHU, devait impérativement consulter un cardiologue pour avis, il n’obtient un rendez-vous pour une première visite que dans une année. Des élèves redoublants à cause d’une baisse importante de l’acuité visuelle n’obtiennent de rendez vous chez l’ophtalmologue qu’après l’année scolaire en cours. A l’hôpital régional de Djebeniana desservant 120 mille habitants, soit l’équivalent d’un gouvernorat comme Tozeur ou Tataouine ne dispose pas de Radiologue, alors que des spécialistes dans la matière ont présenté leur demande de travail depuis presque une année sans suite. Ainsi, beaucoup de spécialistes ont quitté le pays pour aller travailler en Europe. Le service radio du CHU Habib Bourguiba dispose du 2ème meilleur mammographe du pays, mais il ne fonctionne qu’au tiers de sa capacité en raison du manque flagrant de radiologues : la conséquence est que toute patiente chez laquelle nous dépistons un nodule suspect n’obtient un rendez vous que dans six mois c’est-à-dire quand c’est trop tard.
Les centres de Soin et Santé de Base dans les trois régions Djbeniana, Mahres et Kerkenah sont greffés sur les trois hôpitaux régionaux et n’ont pas le droit aux subventions de l’Etat comme tout les autres CSB du pays. Cette réalité encore une fois typique pour Sfax a étouffé les trois hôpitaux régionaux et a privé les patients des CSB rattachés durant une dizaine d’années d’une prise en charge acceptable et d’une médication adéquate. D’autre part, les locaux des CSB de ces régions comme ceux de la ville de Sfax sont devenus dans un état lamentable et insalubre. A titre d’exemple, le bâtiment du CSB Mohamed Ali (qui prend en charge des centaines de personnes par jour) s’est tellement détérioré que le toit risque de s’effondrer, sachant qu’une partie du toit s’est déjà détachée, heureusement sans faire de victimes. Pour conclure, une révision radicale est une mise à niveau conséquente restent incontournables. »
Taieb LAJILI
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