Consultez les mentions légales (RCP) des médicaments disponibles dans votre pays
Médecine d'Afrique Noire
Consulter la revue
Médecine du Maghreb
Consulter la revue
Odonto-Stomatologie Tropicale
Consulter la revue
Restez informés : recevez, chaque jeudi, la lettre d'informations de Santé Maghreb.
Accueil > Santé Maghreb en Tunisie > Revue de presse
Le Quotidien Tunisie | Tunisie | 28/10/2006
Désormais, les parents seront rappelés à l’ordre pour s’occuper davantage de leurs enfants. Car l’obésité infantile est principalement une affaire de famille qui, malheureusement, se désiste de ses fonctions et confie les enfants aux «soins» des jeux vidéos. Ce thème a été choisi pour le premier congrès international de nutrition de Tunisie qui se tient depuis hier sur les Berges du Lac à Tunis.
Le Professeur Khemaïes Nagati, le président du Congrès et de l’Association Tunisienne des Sciences de la Nutrition (ATSN) déclare à ce propos que l’obésité chez l’enfant et les composants alimentaires bio-actifs sont des sujets d’actualité. Ce qui justifie le choix du congrès de consacrer ses travaux à ces deux thèmes.
En effet, l’obésité infantile est certes moins importante dans nos murs qu’en Europe. Mais le phénomène est en train de gagner du terrain.
D’autant plus qu’un enfant obèse va devenir un adulte obèse. Et d’ouvrir de surcroît le champ aux maladies non-transmissibles comme le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires etc.
Selon le Docteur Marie-Laure Frelut qui a présenté hier l’expérience de la prise en charge de l’enfant et l’adolescent obèses en France, le changement de style de vie dans son pays, en plus d’un arrière plan génétique prédisposant et variant d’un endroit à un autre, est à l’origine de l'expansion de l’obésité chez les enfants. Il importe de préciser qu’en France, les spécialistes sont partis de zéro il y a quinze ans.
La seule donnée dont ils disposaient c’est le bilan lourd des Américains en matière d’obésité. Au vu de l’évolution du mode de vie et de l’alimentation, les Français allaient inévitablement récupérer les problèmes des US. Actuellement un enfant sur cinq est obèse ou en surpoids.
Sédentarité
La spécialiste dénonce à ce propos la sédentarité des enfants, lesquels ne bougent plus faute d’espace dans les appartements ou bien de sécurité dans certaines aires consacrées aux loisirs. Ils sont confinés alors dans leurs chambres à manipuler leurs ordinateurs et jeux vidéos des heures sinon des journées durant. Ce qui correspond parfaitement d’ailleurs au mode de vie familial en Tunisie en ce moment. L’éclatement de plusieurs familles ainsi que la démission des parents de leurs responsabilités fait que les enfants sont légués à leur propre sort.
Pourtant «c’est un grand problème» affirme le Dr Frelut. Ce qui est également valable pour la Tunisie. Car cet excès de la masse grasse est une maladie grave qui prédispose à l’obésité adulte et ses conséquences. Il s’agit d’un facteur de risque à l’âge adulte aussi quelle que soit l’évolution de la masse pondérale. Et elle représente 3 à 8% des dépenses de santé dans le monde puisqu’elle occasionne une morbidité grave. A cet effet, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), classe l’obésité de l’enfant au sommet des désordres alimentaires.
Entre janvier 2004 et juin 2005, une étude rétrospective a été menée auprès de 7 mille 940 enfants âgés de 0 à 10 ans à la Manouba. Parmi eux, 4 mille 517 étaient âgés de 0 à 22 mois. Ils sont tous passés par la nutritionniste avant la consultation. Quant aux mères, elles ont fait l’objet d’une éducation au cas par cas. Les résultats révèlent que la majorité écrasante des enfants avait une croissance normale. Entre autres malnutritions, l’obésité prend le dessus avec 210 cas soit 4,7% des enfants consultés de 0 à 22 mois. Cette obésité est plus marquée vers l’âge de 3 à 5 mois. Et ce, à cause des écarts de régime et de l’ignorance des mères qui introduisent des farines, du yaourt et du petit suisse dans les repas de leurs enfants.
Une autre étude épidémiologique a été réalisée en milieu scolaire à Sousse. Elle s’est basée sur un échantillon représentatif de mille 569 élèves âgés entre 13 et 18 ans. Il en ressort que 3,7% des filles étaient obèses contre 2,8% des garçons. Et ce, en fonction de la surcharge pondérale qui augmente de façon significative avec l’âge passant de 20,18 à 13 ans à 23,89 à 18 ans.
Pour remédier à ce phénomène, le Dr Frelut pense qu’il faut lancer des campagnes d’information. Déjà l’indépendance exagérée notamment des enfants à l’heure actuelle n’arrange pas les choses. Dans le chapitre des conclusions de l’étude faite à la Manouba, on plaide pour une éducation qui doit démarrer dans les jardins d’enfants et les écoles. Mais le Dr Frelut estime, comme beaucoup d’autres spécialistes, qu’il est important de sensibiliser les mères dès leur grossesse puisqu’à cette étape.
Ensuite, c’est l’allaitement maternel qui est vivement recommandé surtout lorsqu’il est prolongé et exclusif durant les six premiers mois. Il a été prouvé que le lait maternel tel que conseillé par les médecins réduit le risque de l'obésité jusqu’à l’adolescence d’à peu près 20%. En somme, il est désormais une nouvelle approche qui consiste de se pencher sur les problèmes de chaque âge dès la grossesse.
Au sujet des composants alimentaires bio-actifs, le Dr Leïla Alouane, maître de conférences à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de la Santé (ESSTS), a soulevé la question des aliments fonctionnels connus auparavant comme étant des alicaments. Il s’agit en fait de tout aliment qui pourrait donner un effet bénéfique sur la santé. Elle cite alors les aliments naturellement fonctionnels comme le poisson et ceux qui ne sont pas naturels. Et de donner l’exemple des œufs enrichis en oméga 3.
Ce qui importe de retenir selon la spécialiste c’est qu’il vaut mieux consommer les aliments naturellement fonctionnels en raison de leur meilleur équilibre : «Ils permettent d’avoir une bonne santé et de prévenir à long terme des maladies du siècle», a-t-elle expliqué.
Néanmoins, elle a souligné la puissance du système de sécurité alimentaire dont dispose la Tunisie. Afin de renforcer cet acquis, il est essentiel d’éduquer le consommateur avant la mise sur le marché de ces produits enrichis : «On n’a peut-être pas de problème de surdosage maintenant. Mais on finira par l’avoir» a ajouté le Dr Alouane.
Sur ce plan, les boissons énergétiques risquent d’être nocives, faute de modération. En effet, la plupart des jeunes ont tendance à tomber dans les excès surtout que ces boissons sont associées aux soirées et aux ambiances «hard». Or, le médecin pense que c’est fait pour en prendre une à deux cannettes par jour. Au-delà de cette dose, c’est carrément nocif pour le système nerveux central.
Pour sa part, le Pr Nagati a mis l’accent sur le rôle de la famille qui doit être impliquée dans la prévention ainsi que les établissements scolaires et les médias. Entre-temps, les enfants sont matraqués par la publicité et sont en train de se gaver de toutes sortes de produits devant l’écran de la télévision ou de l’ordinateur. Et la famille d’apprécier ses rondeurs et son excès de poids qui constituent, pensent-ils, à tort les preuves de sa bonne santé...
Maryem KADA
APIDPM © Copyright 2000-2024 - Tous droits réservés. Site réalisé et développé par APIDPM Santé tropicale.