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Revue de presse

Création d’une faculté de Médecine dans une région à l’intérieur du pays (2e partie) Une mesure indispensable

La presse | Tunisie | 12/07/2011

2 / Un grand déficit des ressources humaines spécialisées malgré l’accroissement sans précédent des fonds publics alloués au MSP. La persistance du grand déséquilibre entre les régions est observée dans une période marquée par une importante progression des crédits alloués au secteur public de santé depuis les années 90.

Evolution du budget de MSP entre 1994 et 2010

Au cours des 15 dernières années, les crédits alloués par l’Etat aux investissements sanitaires ont doublé, ces fonds ont été destinés à consolider, moderniser et mettre à niveau l’infrastructure publique et les équipements médicaux et techniques…d’où des progrès assez importants. Si ces crédits ont profité à l’ensemble des régions, la répartition inégale des infrastructures a fait que les gouvernorats côtiers ont le plus profité des ces moyens.
En parallèle, les crédits alloués au fonctionnement du secteur public ont bien augmenté, ils ont été multipliés par environ 3 fois en 15 ans. Une attention a été accordée au recrutement du personnel spécialisé en faveur des régions de l’intérieur et du Sud pour rapprocher le service public de santé de la population et rentabiliser les équipements et les infrastructures édifiées dans ces régions. Malheureusement, les progrès sont modestes, de nombreux postes ouverts annuellement aux budgets de MSP pour le recrutement de spécialistes finiront par profiter aux régions côtières en l’absence le plus souvent de candidats.

3 / les causes de ce déséquilibre

Des causes multiples sont à l’origine de ce déficit surtout en spécialistes dans un pays comptant quatre facultés de Médecine.

Les politiques sanitaires poursuivies depuis les années 70 ont surtout privilégié l’hospitalo-universitaire que l’hospitalo-sanitaire et par conséquent, les hôpitaux universitaires que régionaux. Ainsi environ 2/3 des spécialistes tunisiens sont des universitaires et exercent donc dans les CHU ; leur nombre est passé de 665 en 1994 à 1.748 en 2010 contre respectivement 466 et 955 spécialistes sanitaires, soit des effectifs moins importants.

Les facultés de Médecine (y compris de médecine dentaire et de pharmacie) ont été édifiées dans le district de Tunis et le Centre-Est. Les régions de l’intérieur se trouvent privées de la création d’au moins une faculté permettant de former le personnel médical nécessaire pour servir ces régions et surtout créer une dynamique médicale.

Le numerus clausus imposé à l’accès aux facultés de Médecine a permis une certaine maîtrise du nombre de médecins, la progression des effectifs de bacheliers admis dans les facultés de Médecine a été très modeste, surtout dès 1988 (4.013 sur un total de 34.077 étudiants en 1982/93 et 9.986 pour un total de 262.502 étudiants après 20 ans et enfin 8.464 pour un effectif total de 360.172 au cours de l’année 2008/09). Représentant entre 11,5 % et 13 % du total des admis dans les établissements universitaires entre les années universitaires 1975/76 et 1987/88, la part d’admis dans les facultés de Médecine passa de 9,9 % dès l’année universitaire 1988/89 à environ 6% en 1993/94. Cette tendance à la baisse se poursuit, leur part de l’ordre de 5% au cours de l’année 1997/98 se situe à 3 % en 2002/2001. Depuis quelques années, environ 2,5% des bacheliers sont admis dans les 4 facultés de Médecine, or cette discipline demeure la plus sollicitée par les étudiants et les parents (selon un sondage réalisé par l’Insp, 80% des parents interviewés souhaitent que leurs enfants soient médecins). Par ailleurs, l’institution du concours du résidanat comme seul moyen pour y devenir spécialiste et la fixation d’un nombre annuel des postes ont permis une certaine maîtrise de l’évolution de l’offre médicale spécialisée. Le problème de la «pléthore» de médecins et de leur «chômage» très tôt posé (dès la fin des années 70) par les professionnels a permis une certaine maîtrise de l’offre médicale.
Face à cette politique, on assiste à une augmentation de la demande du secteur public dont le développement a nécessité chaque année le recrutement de centaines de médecins (6.723 médecins en 2010 contre 2.935 en 1994). Le développement de la médecine libérale fortement encouragé par le pouvoir public puis l’entrée en vigueur de la Cnam ont permis aux jeunes médecins et surtout aux spécialistes d’ouvrir des cabinets pour la plupart dans les régions universitaires, leur nombre a plus que doublé en 10 ans: 1.620 en 2000 et 3.308 en 2010. L’attractivité du secteur privé a fait que chaque année de nombreux spécialistes (+ de 80 en 2009) quittent le secteur public pour le privé (médecins spécialistes, assistants hospitalo-universitaires et agrégés). Le nombre de médecins relevant du secteur privé a progressé de 2.313 en 1994 à 6.273 en 2010 ; ils s’installent en régions surtout côtières.

Par Cherifa BEKAY

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