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Revue de presse

Entretien avec le Pr Philippe Bouchard - L’homme aux semelles de vent

La presse | Tunisie | 06/09/2006

Endocrinologue, chef de service à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, président de la société française d’endocrinologie, le professeur Philippe Bouchard, sommité médicale internationalement reconnue, est bien connu à Tunis, où il a de nombreuses attaches familiales et amicales. Celui qui est aujourd’hui le spécialiste des hormones — ces hormones qui rythment notre vie — était récemment en Tunisie où il aime à revenir pour des vacances, mais aussi pour ses amis. Il était l’invité du très célèbre Nadi de Mahdia, ce club éclectique où se réunissent les intellectuels de la ville et leurs amis.

Il y était invité à donner une conférence sur le thème «Hormones et vieillissement». Et ce n’était pas par hasard car la bonne ville de Mahdia est probablement la cité qui compte le plus grand nombre de médecins en pourcentage de citoyens. Que ceux qui n’étaient pas à Mahdia se consolent : Philippe Bouchard reviendra au mois de novembre prochain, à Carthage cette fois-ci, présenter et signer son dernier livre : La chimie féminine.

Ces hormones qui nous dirigent… Nos humeurs — bonnes ou mauvaises —, nos états d’âme, notre énergie, notre optimisme, notre défaitisme, notre cafard ne seraient que les manifestations extérieures de cette vie intérieure, foisonnante, anarchique, mystérieuse et difficilement contrôlable qui est celle de nos hormones ?

Philippe Bouchard, qui vient de cosigner un livre sur la chimie féminine et qui est aujourd’hui expert autorisé et reconnu en la matière, essaie de nous permettre d’y voir plus clair. Les hormones sont des signaux qui transmettent des informations véhiculées par le sang à partir des glandes «endocrines», comme les thyroïdes les surrénales, les ovaires ou, la plus importante, l’hypophyse.

Ces signaux sont dirigés vers des organes qui les nécessitent pour fonctionner. La première découverte hormonale vraiment importante remonte à 1922. Il s’agit de l’insuline qui a transformé la vie des diabétiques, et qu’on doit à deux Canadiens, Banting et Best. Depuis, les découvertes ont été météoriques dans ce domaine, et toutes les hormones ont été identifiées. On a même créé des hormones de synthèse, permettant de traiter la petite taille, la stérilité…

La vie de la femme — comme celle des hommes — est soumise aux hormones. Mais celle de la femme commence dès la puberté, avec la contraception, se poursuit avec les traitements éventuels de la stérilité, puis avec celui de la ménopause. Mais en ce qui les concerne, il faut reconnaître l’importance sociétale de ces traitements.

La contraception, mise sur le marché aux USA en 1960, a révolutionné la condition de la femme en lui permettant de choisir le moment et le nombre d’enfantements.

Mais il règne, encore, dans ce domaine, des ombres, des mystères, certaines confusions, quelques tabous peut-être. Comment expliquer que le monde des hormones soit encore si mal connu ?

Il est très important que pour les traitements hormonaux — celui de la ménopause, celui de la fécondation in vitro — les femmes soient informées et participent elles-mêmes aux décisions qui les concernent. Ce qui n’est pas toujours le cas. Il est une réalité étonnante, c’est que dans certains pays 30% des grossesses ne sont pas désirées, et que la moitié d’entre elles aboutissent à un avortement. Cela parce que les femmes ne sont pas informées des effets secondaires de certains traitements, ou qu’on leur propose des méthodes contraignantes qui ne leur conviennent pas. Tout cela nécessite donc une formation préalable des médecins, certes, mais aussi de la femme.

Informons-nous donc, et informons. Dans la jungle des «on dit», des rumeurs, des croyances fondées ou pas, des traditions aussi, des craintes, qu’y a-t-il de vrai, et qu’y a-t-il de faux ? Qu’y a-t-il de bien et qu’y a-t-il de dangereux ?

En ce qui concerne la fertilité par exemple, l’assistance médicale à la procréation — c’est-à-dire la fécondation in vitro ou d’autres méthodes — inventée par Edwards en 1978, atteint un très haut niveau de sophistication avec une excellente efficacité.

Bien sûr, elle connaît encore quelques inconvénients, comme les grossesses gémellaires qu’il faut parvenir à réduire. Mais il faut absolument démentir certaines fausses informations sur les risques de cancer après stimulation ovarienne dans le cadre de ces techniques. C’est tout à fait sans fondement. Il faut également dénoncer les dangers quant à la réalisation de grossesses par implantation d’embryons chez les femmes ayant dépassé l’âge physiologique et la ménopause. Ces méthodes sont dangereuses et doivent être contrôlées par des lois rigoureuses.

Au niveau de la ménopause et après beaucoup de remous, la situation est aujourd’hui plus calme. 60 ans après son introduction, qui remonte à 1942, il est maintenant prouvé que ce traitement, entrepris selon les modalités les plus naturelles possibles dès l’âge de 50 ans, âge de la ménopause, permet d’éradiquer les symptômes et d’améliorer la qualité de la vie. Cependant, il n’en est pas de même chez la femme de plus de 60 ans qui présente des risques cardio-vasculaires ou de cancer du sein.

Là est la leçon des grandes études américaines qui portent sur des centaines de milliers de cas. La grande étude sur la ménopause a porté sur 160.000 femmes. Nous voilà donc réduits à un agglomérat d’hormones qui se disputent la moindre parcelle de notre corps, au simple résultat d’analyses chimiques qui conditionnent notre féminité. Où est donc la poésie dans tout cela ?

Je crois que l’essentiel pour nous, le but ultime de la médecine, c’est d’améliorer la qualité de la vie. Nous avons vite oublié l’esclavage des grossesses multiples, les complications, la mortalité et la discrimination.

La poésie, c’est justement la liberté de la femme et son intégration à la société au plus haut niveau. Les hormones n’apportent peut-être pas le bonheur, mais elles aident à mieux vivre. Mais il est quand même certaines injustices dans le «gouvernement» des hormones : les femmes vieillissent plus vite que les hommes, biologiquement parlant.

Il est vrai, et c’est là une injustice biologique, que la fonction sexuelle de l’homme est peu modifiée par l’âge, et que leur faculté de procréation continue de fonctionner très tard. Job, Picasso ou Charlie Chaplin en sont autant d’exemples. Cela dit, l’homme qui vieillit bénéficie également de nouveaux traitements hormonaux remarquablement efficaces, mais qui, bien sûr, ne peuvent être proposés à tout le monde.

Le monde des hormones est-il totalement anonyme, interchangeable et uniforme ? Toutes les femmes du monde sont-elles semblables ? La race, le climat, la culture n’ont-ils réellement aucune influence sur ce pouvoir interne qui nous dirige ?

A la fois en ce qui concerne les besoins et les effets secondaires, la situation est radicalement différente. Une Japonaise, par exemple, a très peu de symptômes de ménopause, et ne prend pas de contraception hormonale. Bien sûr, il intervient, dans cette conception, des considérations sociétales : la femme japonaise ne se plaint pas beaucoup parce que son rôle dans la société ne le lui permet pas. Et la contraception ne lui a été proposée que récemment, parce que cela gênait le médecin, et que son utilisation était associée au caractère volage de la femme.

Aux USA, on vit une double situation paradoxale. On y rencontre à la fois le taux de grossesses chez les adolescentes le plus élevé du monde dans les couches les plus défavorisées, et un retour au puritanisme religieux tel que la publicité sur la contraception et le recours à l’interruption de grossesse qui sont en nette régression. Certains Etats interdisent même l’avortement. La femme méditerranéenne n’a guère de spécificité en dehors de règles précoces et d’un excès… de pilosité qui gêne les jeunes filles.

La Tunisie, cependant, reste un modèle remarquable de qualité de la «Women’s Health» avec, en particulier, la mise en route d’un programme de contraception et d’interruption de grossesse qui fonctionne de manière excellente. La mise à la disposition des femmes de ces méthodes bien encadrées est non seulement facteur de meilleure santé, et de qualité de vie pour elles, mais aussi facteur de développement économique et social.

Alors, existe-t-il une recette magique pour mieux vivre, et mieux vieillir ?

Magique non, logique oui. Et la constatation en est assez récente. La femme comme l’homme qui vieillit doivent changer de mode de vie et corriger tous les facteurs de risque : diabète, obésité, hypertension, hypercholestérol. Ils doivent arrêter de fumer et faire de l’exercice physique. Tous ces changements vont améliorer leur condition physique et leur espérance de vie.

Propos recueillis par Alya HAMZA

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