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Le temps | Tunisie | 21/01/2010
Docteur, quelle est votre position vis-à-vis de la mise en place des zones bleues et comment vont-elles affecter le métier ?
Dr. Mohamed Akrout : Je vais être direct. Cette décision des zones bleues ne convient ni aux médecins ni aux patients du fait qu’elle ne respecte pas certains articles du Code de déontologie médicale tunisien. Premièrement, l’obligation de stationner dans une zone bleue va empêcher l’intervention en urgence du médecin et ce, selon les articles 5 « … tout médecin doit porter secours d’extrême urgence à un malade en danger immédiat… » et 31 « … à lui assurer aussitôt tous les soins médicaux… ». Le problème c’est qu’en se déplaçant pour secourir un malade qui voisine une zone bleue, le médecin risque de ne pas avoir les pièces de monnaie pour alimenter les horodateurs. Dans ce cas, il sera obligé d’aller chercher de la monnaie ce qui pourrait le retarder et mettre par conséquent, dans certains cas, la vie du malade en danger. En plus, le médecin ne peut pas prévoir à l’avance la durée de sa visite qui dépassera peut être les deux heures.
Deuxièmement, le médecin pourrait éviter désormais d’aller soigner certains malades voisinant les zones bleues. Et même s’il y va, il se peut qu’une telle situation le stresse ce qui peut affecter défavorablement la qualité du soin. Tout ça peut engendrer le non respect de l’article 3 qui stipule que : « le médecin doit soigner avec la même conscience tous ses malades sans discrimination aucune ».
Troisièmement, et du côté patient, ce dernier ne peut pas lui aussi prévoir la durée de la consultation. Ajoutons que certains handicapés ne peuvent pas se déplacer facilement pour charger l’horodateur. De ce fait, les patients seront dans l’obligation d’aller consulter les médecins dont les cabinets n’appartiennent pas aux zones bleues. Celles-ci vont donc influer le principe du choix de médecin ce qui ne va pas avec l’article 10 : « … le libre choix du médecin par le malade… ».
Quatrièmement, ces zones seront à l’origine d’un recul fort probable du secteur du tourisme médical de la ville. Tout le monde sait que Sfax est une destination de plusieurs étrangers qui viennent se faire soigner. De telles zones affecteront le rendement du tourisme médical de toute la Tunisie. Nous pouvons donc imaginer les répercussions qui peuvent en résulter sur l’économie de la ville de Sfax suite à la disparition du tourisme médical qui demeurait le leader du domaine pendant 20 ans et par conséquent les touristes vont changer de destination vers des zones dans lesquelles l’accueil est beaucoup plus chaleureux.
Finalement, nous remarquons qu’il y a eu une sorte de discrimination entre le secteur public et le secteur privé. En effet, le conseil municipal a exclu le secteur public y compris celui de la santé en lui offrant des parkings gratuits. La mise en place des zones bleues près des hôpitaux, des polycliniques du CNSS, les établissements publics de santé, etc. a été interdite mais exigée pour le secteur privé. Il s’agit donc d’une sanction des malades et des médecins à la fois donnant ainsi au secteur public un avantage compétitif.
Quelles solutions proposez-vous ?
Nous sommes encore dans l’attente d’une réponse de la part de M. le Maire de Sfax à une demande écrite que nous avons adressé le 04 janvier dernier et dans laquelle nous avons énuméré les différents points cités ci-dessus pour lui expliquer les retombées néfastes de ces zones bleues sur la pratique de notre métier. En effet, et afin d’éviter les mauvaises conséquences, nous lui avons demandé, d’abord de faire bénéficier les médecins membres du STML d’une carte personnelle de stationnement gratuit et ce, dans tous les parkings, les rues et les avenues de la ville de Sfax 7 jours/7 et 24h/24h, ensuite, de ne pas mettre en place des zones bleues là où il y a les médecins de libre pratique.
Sarhan ABDENNADHER
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