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Professeur Larbi Abid
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Pendant longtemps, le paludisme a considérablement pesé de tout son poids sur la vie des hommes de ce pays quelque soit leur race ou leur origine ainsi que sur le développement de vastes territoires. L’histoire du paludisme en Algérie révèle de nombreux enseignements sur les hommes, leurs us et coutumes et sur la relation entre eux et cette maladie.

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Histoire de l'Algérie médicale : Naissance de la médecine algérienne


La participation multiforme du corps médical algérien à la révolutionEnvoyer cette page par e-mail Ajouter cette page à mes favoris

Ahmed AROUA - Journée commémorative de la participation du corps médical algérien à la Révolution, Tipaza, 22 novembre 1984

Avant d’évoquer les différents types d’activités assumés par le corps médical algérien pendant la guerre d’indépendance, nous devons faire quelques remarques préliminaires.

  1. Quand nous parlons de corps médical, cette dénomination englobe médecins, pharmaciens, dentistes, étudiants en médecine et paramédicaux diplômés ou non, dont l’activité a été solidaire et inséparable.
  2. La participation du corps médical à la Révolution est inséparable de celle des différentes catégories d’universitaires diplômés ou étudiants qui ont rejoint en masse le FLN.
  3. Le corps médical, malgré sa spécificité professionnelle, n’a pas servi la Révolution seulement en tant que personnel de santé, mais en tant que militants engagés dans une insurrection populaire impliquant toutes les énergies et toutes les compétences.
  4. Le témoignage que nous apportons est une appréciation personnelle des évènements vécus ou rapportés, et non une synthèse historique systématisée.

Le corps médical algérien est passé par trois épreuves successives :

1. L’épreuve du nationalisme

L’apogée de la colonisation a été marquée par le centenaire de 1930. Cette époque marque aussi la lente et difficile émergence d’une intelligentsia nationale formée dans les écoles françaises mais qui n’en prenait que plus conscience de son aliénation politique et culturelle. Les universités d’Alger et de France deviennent rapidement des foyers de nationalisme et de combat politique.
Universitaires, étudiants et même lycéens trouvent leur place naturelle dans les organismes patriotiques (Partis politiques, associations culturelles et estudiantines, scouts).
Réciproquement, le nationalisme algérien puise dans ces élites notamment médicales, de nombreux cadres dont nous ne citerons que ceux qui nous viennent en tête : Lamine Debbaghine, Mostefai, Chaouki, Saadane, Ferhat Abbas, Benyoucef Benkhedda, Bachir Abdelouahab, Francis.

2. L’épreuve de la révolution

Le corps médical a participé en masse et sous différentes formes à la révolution : médecins et étudiants se retrouvent dans leur grande majorité organisés dans les rangs du FLN : dans les villes, dans les maquis, à l’extérieur (Tunisie, Maroc,…), en France.
Selon l’endroit où ils se trouvent et en fonction des besoins de la révolution, les médecins ont assumé de nombreuses responsabilités politiques, organisationnelles et médico-sanitaires. Nous nous limiterons à quelques exemples vécus ou rapportés qui témoignent de la diversité de leurs actions.
Du début de la révolution jusqu’à la grève des 8 jours et la fin de la première bataille d’Alger, de nombreuses actions ont été assumées notamment :

Au cours de cette période, de nombreux médecins ont été arrêtés et certains ont été tués.
Après la grève, l’organisation sanitaire a été démantelée. Des médecins ont disparu après leur arrestation. Les autres, dont certains ont été torturés, ont été mis en détention dans les camps d’internement (Béni Messous, Berrouaghia, Bossuet, ...).
Pendant leur détention, les médecins n’ont pas cessé d’apporter leur soutien aux détenus et même lorsque les conditions s’y prêtaient à participer aux activités éducatives (politique, histoire, langue, éducation sanitaire...).

En 1959, la plupart des médecins ont été libérés et ont repris leurs activités médicales. La plupart, malgré la surveillance qui les entourait, ont repris les contacts et répondu à des situations conjoncturelles (soins à des fidaïs ou des maquisards blessés). Mais c’est après les évènements de décembre 1960, que la lutte prend une nouvelle tournure grâce à l’intervention historique des populations. Les besoins devenaient importants et une nouvelle organisation à la fois politique, militaire et sanitaire est mise progressivement sur pied, répondant au double défi de l’appareil militaire et de l’organisation civile OAS.

L’activité militaire a essayé de répondre à la fois aux besoins habituels de la population civile, à la prise en charge des nombreuses victimes civiles du terrorisme européen, aux soins apportés aux fidaïs qui reprenaient leurs activités et aux soins des militaires blessés au cours d’accrochages dans les maquis voisins.
Le nombre de médecins était évidemment très réduit. Et il s’est trouvé un petit nombre de médecins européens qui ont soigné ou pris en charge les blessés graves et il convient de leur rendre hommage.
Jusqu’au jour où les médecins de l’extérieur sont rentrés avec le gouvernement provisoire et une nouvelle organisation sanitaire a pris en charge la population (ZAA).

3. L’épreuve de l’indépendance

Les premiers jours de l’indépendance ont été marqués par une série d’épreuves qui ont touché le corps médical.
Après le départ massif des médecins européens, il fallait prendre en charge à la fois la population et les services hospitaliers. Des 2500 médecins dont 285 algériens, il n’en restera que 600 au moment de l’indépendance, c’est-à-dire 1 médecin pour 100000 habitants.
L’épreuve morale attendait les médecins à la sortie du tunnel. Ils devinrent la cible désignée d’un certain verdict politique qui en faisait les dépositaires des idées réactionnaires et bourgeoises. Malgré les sacrifices endurés pendant la guerre et la mort de près du quart de son effectif, le corps médical s’est trouvé marginalisé et contraint au suivisme, à la résignation ou parfois à l’exode.

Malgré tout, le corps médical a joué pleinement le jeu et pris sa responsabilité à bras le corps, en rechignant souvent mais en faisant toujours preuve du même dévouement. Grâce à ce dévouement non seulement les populations ont été efficacement prises en charge, mais des promotions nombreuses et compétentes de médecins sont venues rapidement combler le grand vide laissé après le départ du corps médical français.

Conclusion

Le corps médical algérien n’a jamais été aussi grand que lorsqu’il était petit, parce qu’il a pris sa responsabilité entière et multiforme au cours de la révolution. Les sacrifices qu’il a subis sont à la mesure de son engagement.
Aujourd’hui l’évolution de la médecine moderne a tendance à faire du médecin un technicien de la santé plus ou moins spécialisé, et de la médecine un art plus ou moins sophistiqué.
Mais le médecin ne doit pas se limiter au cadre prestigieux mais étroit de la profession médicale. Comme le lui enseigne l’humanisme de la médecine ancienne et comme le lui a rappelé l’épopée de la révolution, il doit retrouver sa place privilégiée, respectée et reconnue dans tous les domaines de la vie politique, culturelle et sociale de la nation.

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