La grippe A (H1N1) n’en finit pas de gagner du terrain en Algérie. A Alger, ce sont douze personnes qui ont été infectées. Cinq supporters de l’équipe nationale, âgés de 20 à 35 ans, ont été contaminés au Soudan. Ils s’étaient rendus à Khartoum, comme des milliers d’autres Algériens, afin d’assister au match d’appui Algérie-Egypte, le 18 novembre. Ce qui ne laisse rien présager de bon quant au nombre de malades « à enregistrer ». Ces derniers ont, en effet, été en contact direct et continu avec des centaines d’autres personnes, dans le stade ou encore dans les avions. Dans la capitale toujours, le communiqué du ministère précise que les autres cas détectés sont un jeune homme de 29 ans, un homme de 62 ans, sujet contact d’un cas familial déjà confirmé, une jeune femme de 23 ans, sujet contact d’un cas confirmé, deux fillettes âgées de 8 ans, fréquentant le même établissement scolaire et sujets contact d’un cas déjà confirmé, une femme de 33 ans et sa fille de 4 ans, résidant en Arabie Saoudite et venues passer l’Aïd en Algérie. « Dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui connaît elle aussi un fort taux de contamination, le ministère fait état de six cas. Il s’agit de trois adolescentes de 16 ans, d’une fille de 13 ans ainsi que d’un adolescent de 14 ans et d’un garçon de 7 ans. Les six cas fréquentent tous le même établissement scolaire et ont été en contact avec un cas déjà confirmé », est-il précisé.

Force est de constater que le virus se propage à une vitesse fulgurante, le nombre de contamination ayant triplé en l’espace de seulement un mois, avec 224 personnes certifiées porteuses du virus à la date du 24 novembre. « La situation épidémiologique actuelle se caractérise par un développement très rapide, qui reste gérable, mais qui risque d’évoluer crescendo dans les jours à venir », explique le docteur Cherchalli, directeur des services sanitaires au ministère de la Santé et membre du poste de commandement opérationnel (PCO) de la grippe A(H1N1). D’autant plus que la situation infectieuse prévaut par une transmission active du virus, les cas déclarés n’étant plus exclusivement importés. La maladie circule maintenant à un niveau local. D’ailleurs, deux foyers autochtones ont été détectés en Algérie, l’un à Beni Saf, l’autre à Constantine. « La situation est préoccupante, mais nous sommes bien en deçà de ce qui est enregistré dans d’autres pays », rassure Dr Cherchalli. Des prévisions quant à l’évolution du virus sont, selon le spécialiste, impossibles à établir.

Plus de 800 prélèvements effectués

Toutefois, un pic est à prévoir. « Nous sommes en pleine saison hivernale qui, cette année, est très changeante. Et les variations de températures sont propices aux contaminations et à plus forte raison à la propagation de la grippe A », affirme-t-il. Et comme il n’y a aucune différence clinique entre la grippe saisonnière H3N2 et la grippe A(H1N1), consulter un médecin dès les premiers symptômes d’un « coup de froid » est primordial. Ainsi, et à ce jour, plus de 800 cas ont été suspectés, avec autant de prélèvements effectués afin d’affirmer ou d’infirmer l’infection. « Fort heureusement, le nombre de confirmations reste acceptable et aucune forme sévère n’est à déplorer », poursuit le docteur. Contrairement à l’idée reçue, la manifestation morbide de la maladie, qui est l’aggravation du syndrome grippal en pneumopathie, ne concerne pas les personnes vulnérables, malades chroniques ou autres. « La forme sévère frappe aléatoirement, même les personnes jeunes et en bonne santé, comme cela a été le cas dans d’autres pays », affirme Dr Cherchalli. Il poursuit : « Raison pour laquelle des mesures de détection ont été renforcées, ainsi que les systèmes de traitement et de soins. » La vigilance et la prévention sont donc plus que jamais de mise, ainsi que le respect des règles d’hygiène qui permettent de réduire les risques de transmission du virus de la grippe : un lavage régulier et fréquent des mains au savon liquide de préférence, notamment en rentrant à la maison et avant chaque repas, et l’utilisation de mouchoirs jetables pour se moucher, éternuer ou tousser.

Par Ghania Lassal