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Le quotidien d'Oran | Algérie | 20/07/2006
Force est de constater que ces recommandations ont connu peu d’application sur le terrain ! La raison essentielle est liée à l’absence d’une politique de santé, disposant de programmes intégrés et d’objectifs précis. Une politique qui transcende les décideurs chargés du département de la santé.
Depuis 1999, la durée de vie moyenne d’un ministre de la Santé est d’un an. Elle était beaucoup plus courte depuis 1992. A l’exception du cas de M. Guidoum, cette durée de vie variait de trois à neuf mois. Cette valse des grands décideurs de la santé a été très préjudiciable pour le système national de soins en l’absence d’une politique nationale de santé. Des décisions tantôt intempestives et tantôt absentes ont majoré le poids bureaucratique, freiné les programmes de prévention, discrédité le secteur vis-à-vis de ses partenaires, reporté à des calendes grecques des décisions préparées au pas de course et annoncées comme imminentes et par voie de conséquence généré des dépenses inutiles dans un secteur qui en a tant besoin...
Cette absence de politique nationale de santé a donné libre cours à certains décideurs dans la prise de décision. Certains ont transformé les structures en permanences partisanes oubliant leur mission. D’autres n’ont pas compris le système de soins en raison du prisme déformant qu’ils portaient. D’autres ont été mal conseillés par leur entourage. D’autres encore se sont réfugiés dans une démarche autoritaire, croyant avoir compris l’essentiel...
Ainsi la réforme du système national de santé voulue par le président de la République et approuvée par le peuple à travers son élection et l’adoption de son programme peine à prendre forme. L’un de ses jalons majeurs : la contractualisation est reportée de date en date depuis au moins deux ans. La préparation de son application est inégale dans le pays. Même si certains progrès ont été apportés dans l’actualisation de la nomenclature des actes, l’absence d’identification des consommateurs de soins empêchera vraisemblablement encore pendant longtemps sa mise en application.
De façon plus globale les principales mesures édictées par le programme présidentiel en matière de santé ne semblent pas être du programme du ministère de la Santé. La raison est bien sûr l’absence d’une politique nationale de santé.
Ainsi, l’intérieur du pays reste sous-médicalisé alors que paradoxalement il dispose souvent d’une surcapacité des moyens de santé, la prévention reste le parent pauvre de la santé avec seulement 2,70% de budget qui lui est consacré, le calendrier vaccinal montre des insuffisances à compléter les vaccinations, les maladies ré-émergentes font un retour remarqué, le redéploiement des structures de santé n’a pas encore commencé à être pensé, la santé mentale souffre toujours de l’oubli dont elle est frappée, le secteur privé continue à croître de façon inharmonieuse, les soins de haut niveau sont un sujet sans cesse récurrent, la formation médicale reste inadaptée, la recherche est végétative et la formation paramédicale marginalisée, la production nationale de médicaments ne couvre même pas les 10% de notre consommation et la facture annuelle caracole à un plafond d’un milliard de dollars, la réorganisation des soins, l’introduction de méthodes et d’outils pointus de gestion continuent à être formulés sous forme de vœux...
La mise en place d’un conseil supérieur de la santé paraît être la structure idoine pour normaliser la situation. Malgré son caractère consultatif, ce conseil est souverain dans ses délibérations. Il peut tracer la politique nationale de santé à suivre conformément aux mesures édictées par le programme présidentiel. Il est quand même paradoxal que le parti FLN, principale composante de la majorité présidentielle, se dote d’un comité de réflexion sur la santé et que la structure gouvernementale chargée de l’application de cette politique en soit dépourvue ?
Ce conseil qui peut être composé de sages disposant d’une longue expérience et ayant des profils différents et complémentaires peut faire appel à des groupes d’experts pour étudier les questions pointues. Il pourra délibérer sur toutes les grandes questions de la santé et proposer des solutions qui sont codifiées en programmes pouvant avoir des échéanciers d’exécution. Ainsi, on peut citer quatre exemples de problèmes de santé sur lesquels il n’existe pas d’approche claire :
Même si la politique est libre de décider du profil du premier responsable de la santé et que par conséquence la qualité de médecin n’est pas obligatoire, la complexité technique des dossiers de la santé exige l’implication des professionnels dans la réflexion sur les grands choix de la santé, la définition des priorités, la maturation des politiques de santé, la préparation des programmes et leur exécution... Un conseil supérieur de la santé pourrait faciliter la normalisation de la prise de décision en matière de santé, préciser la codification des choix, définir des objectifs, faire des études comparatives, établir des programmes et évaluer leur exécution...
L’augmentation sans cesse croissante des dépenses nationales de santé tranche singulièrement avec la baisse de la qualité des soins, elle exige une réflexion dans la prise de décision, une rationalisation plus accrue des programmes et une optimisation plus poussée des moyens. La mise en place d’un conseil supérieur de la santé devra apporter une stabilité au système national de santé et lui assurer plus de constance.
Pr Mostéfa KHIATI : Président De La FOREM
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