Animée par des médecins spécialistes des wilayas de Béjaïa et d’Alger, cette campagne s’est tenue dans des polycliniques et des PMI pendant trois jours. La présidente de l’association a soulevé à cette occasion un problème de taille, celui de l’indisponibilité de la radiothérapie au sein des hôpitaux à travers le pays. Nour Doha fait appel à l’Etat pour la prise en charge du traitement de la radiothérapie pour les cancéreux. Cette situation perdure depuis quelque temps déjà. Les différentes associations d’aide aux cancéreux n’arrêtent pas d’alerter les pouvoirs publics, mais rien n’a été fait pour sauver des milliers de malades qui souffrent en silence. La radiothérapie est un traitement préconisé pour certains cancers qui doit intervenir quelques semaines après une cure de chimiothérapie, notamment pour le cancer du sein. Notons qu’environ 35 000 nouveaux cas de cancer sont dépistés chaque année en Algérie. Les associations d’aide aux cancéreux souhaitent que la décision prise par le ministère de la Santé de créer 17 centres anticancéreux à travers le territoire national permette de dépister un plus nombre de personnes et d’assurer une meilleure prise en charge.

Selon les spécialistes en oncologie, l’incidence du cancer du sein en Algérie a été multipliée par 5 en moins de 20 ans. Quelque 7 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. 900 nouveaux cas du cancer du sein sont opérés chaque année au centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d’Alger, avait déclaré récemment le Dr Nacera Benoumechiara, oncologue au CPMC. Les progrès réalisés en oncologie et notamment la thérapie ciblée ont fait récemment l’objet d’un débat à Alger. «La thérapie ciblée est considérée comme un traitement efficace des cellules cancéreuses», selon le professeur Ahmed Bendib, chef de service au centre Pierre et Marie Curie (CPMC) du CHU Mustapha Pacha et président du comité d’éthique médicale. D’après lui, «la thérapie ciblée» en oncologie médicale est l’un des plus importants progrès de la médecine au cours de ces 20 dernières années.

Il faut savoir que les centres d’oncologie, notamment le CPMC, investissent 78% de leur budget dans les médicaments.
Cependant, ils ne peuvent pas se doter de la thérapie ciblée si l’Etat ne met pas les moyens nécessaires et n’augmente pas leur budget. Selon ce spécialiste, 17 thérapies ciblées sont jusque-là disponibles dans le monde. «La prévention, le dépistage précoce et le développement des moyens de dépistage permettent d’améliorer l’état des malades qui répondent aux traitements», note-t-on. Il est également nécessaire de faire un meilleur usage des médicaments destinés au traitement du cancer et d’insister pour une meilleure coordination entre les différents services et médecins spécialistes de cette maladie lourde.

Pour le professeur Kamel Bouzid, du CPMC, la thérapie ciblée est un traitement de pointe qui cible directement la cellule atteinte sans endommager les cellules voisines, contrairement à la chimiothérapie qui entraîne la destruction des cellules malades mais aussi des saines. Cette thérapie moderne appliquée aux Etats-Unis depuis les années 1990 notamment dans le traitement du cancer du sein et introduite en Algérie dans les années 2000 n’entraîne pas d’effets secondaires comme le traitement chimique. Dans notre pays, la thérapie ciblée est utilisée dans le traitement des cancers digestif, bronchique, du sein et du rein. Toutefois, son coût très élevé, malgré son application en milieu hospitalier, n’est pas à la portée de tous les malades. Abordant la situation des cancéreux, ce spécialiste dira qu’ils peuvent aujourd’hui mener une vie normale comme tout autre malade chronique (diabétique, hypertendu…).

Les spécialistes estiment que la prolifération des cancers au cours des dernières années est notamment due au changement du mode alimentaire des Algériens, outre les facteurs environnementaux et héréditaires. La prévention par le dépistage précoce notamment des cancers du sein et digestif à partir de 40 ans demeure le meilleur traitement pour protéger la société de cette maladie lourde et coûteuse.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le «cancer constitue la première cause de mortalité dans le monde et il aura fait 84 millions de morts entre 2005 et 2015 si aucune mesure n’est prise».

Par Amel Bouakba