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El Moudjahid | Algérie | 03/07/2006
Consistant en des incisions superficielles à des endroits précis de la peau dont le sang est aspiré par des ventouses vidées d’air, cette sorte de guérison était déjà utilisée depuis des millénaires par les Assyriens, les Egyptiens et les Aztèques en Amérique du Sud.
A Batna, Barika, Aïn-Touta et ailleurs, de nombreux généralistes privés n’hésitent plus à annoncer, sur la même plaque mentionnant la faculté de médecine de leur formation, leur offre de service «Spécial Hidjama».
A 900 dinars la séance, cet acte chirurgical, "plus ou moins simple", leur rapporte bien plus qu’une ordinaire consultation médicale de 400 dinars.
Pour les malades, le fait de se faire scarifier chez un médecin est plus rassurant que chez les scarificateurs traditionnels. En plus, il y a des médecins femmes pour dispenser ce soin aux femmes, assure-t-on.
Toutefois, ce ne sont toujours pas des médecins qui proposent la hidjama, souligne-t-on à la direction de la santé de la wilaya de Batna. Des herboristes traditionnels, des raqis (guérisseurs par le verbe sacré du saint Coran) et bien d’autres gens sans profil aucun pratiquent cette thérapie qui demeure par définition un acte chirurgical, faisant fi de toute notion d’hygiène. Eu égard à ces opérations pouvant être fatales sur la santé des citoyens, les services de santé publique ont déposé plainte, il y a quelques mois, contre un homme "retrouvé en train de scarifier avec la même lame plusieurs personnes dans la ville de Barika (100.000 habitants)", affirme le chef du service de la prévention à la direction de la santé. "La méconnaissance des règles requises pour pareils actes médicaux fait qu’il existe de réels risques d’infection, dus surtout au matériel, par de graves maladies dont les hépatites", relève le même cadre.
Pour pallier cela, une réglementation ferme est préconisée par les cadres de la santé pour l’exercice de la hidjama comme il a été récemment le cas pour la circoncision désormais régie par une instruction du ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière limitant strictement sa pratique aux seuls chirurgiens et à l’intérieur d’un établissement hospitalier.
Dans les faits, cette médication "reste entourée d’une aura religieuse qui garantit sa cote sociale, entretenue en outre par les récentes confirmations expérimentales apportées par la médecine occidentale moderne qui lui reconnaît une efficacité prouvée dans le traitement d’appoint de nombreuses maladies".
Elle serait ainsi efficace contre la polycythémie, l’hémochromatose, l’hypertension, l’asthme, les troubles nerveux et certains cas d’apoplexie. Elle aurait également des effets bénéfiques exceptionnels après une chirurgie plastique.
Toutefois, l’absence d’une culture sanitaire collective laisse grande ouverte la porte aux risques potentiels liés à sa pratique, estiment les professionnels de la santé.
Hadja Kheira, une sexagénaire, se fait scarifier depuis quelque temps pour problème de lombaires auprès d’une femme médecin près de la cité Z’mala de la ville de Batna. Elle affirme éprouver une sensation d’un léger mieux même si les maux n’ont pas disparu totalement. Une parmi des centaines d’autres personnes à la recherche de soulagement, cette vieille dame affirme avoir épuisé toutes les autres méthodes de traitement avant de se résigner à la saignée par ventouse.
Dans la région, la plupart des personnes âgées se faisaient jadis scarifier à titre préventif une fois par an à l’approche notamment de l’été, se souvient-elle ajoutant que personne ne mettait alors en doute l’efficacité de ce traitement intégré désormais par les nouvelles approches de la médecine dite alternative ou encore holistique.
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