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Revue de presse

Dr Oukali, maître-assistant en psychologie à l’hôpital Frantz Fanon - “18% des patients redoutent la vérité…”

El Moudjahid | Algérie | 07/06/2006

El Moudjahid : M. Oukali, vous qui êtes quotidiennement confrontés à des malades qui n’espèrent pas beaucoup de la vie après avoir été informés sur leur situation sanitaire, est-il préférable de dire la vérité ?  
Je préfère inverser la question et dire : faut-il cacher la vérité sachant les conséquences qu’engendrerait l’acte d’informer. Souvent on fait face à des cas dramatiques comme des cas de pression sévère et suicidaire. C’est pourquoi je me pose la question suivante : comment pouvoir dire une vérité crue, nue et totale à quelqu’un sachant que cela va déclencher une conscience assiégée par une idée et une seule : je n’ai que quelques jours à vivre.  Un sondage canadien fait ressortir des chiffres assez intéressants sur le comportement des malades face à l’information exacte. 54% des personnes qui croient avoir un cancer redoutent la mort alors que 18% redoutent la vérité. Ces derniers ont comme une certitude intérieure que la maladie les habite mais préfèrent vivre avec une infime partie d’espoir. Aujourd’hui on vit beaucoup plus avec l’idée que tant qu’on ne sait rien… ça va. D’ailleurs, un simple bilan sanguin banal est souvent mal accepté par les gens et même par les médecins.

Mais a-t-on justement le droit de cacher la vérité ?
Il faut savoir qu’aux Etats-Unis et même en Europe, l’information est un droit consacré par la législation. Le patient peut même feuilleter son dossier médical, chose qui n’est pas possible chez nous. Mais si des lois dans ce sens venaient renforcer ces droits, je pense qu’on aura des problèmes non pas d’ordre éthique et déontologiques mais ce sera surtout des problèmes liés à la manière de confronter les lourdes conséquences de l’information exacte.

Et que prévoit la législation ?
Rien de clair même dans la loi de santé on est loin d’être précis. Je pense qu’avec les mutations économiques faites de mondialisation et de consécration des droits de l’homme on ira certainement vers le droit à l’information médicale.

L’expérience américaine est hautement favorable au droit de l’information ?
Les américains croient pleinement à l’adage « Dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité » pas seulement dans les salles des tribunaux mais également dans les hôpitaux. Ce n’est pas parce qu’ils sont plus humains que les autres mais ils ont surtout peur des poursuites judiciaires qui font suite aux traitements et thérapies agressifs.

Quel rôle peut jouer la religion dans ces cas précis ?
La religion peut aider effectivement mais il faut être vraiment croyant et avoir une foi apaisante pour pouvoir accepter une vérité qui est lourde de conséquences. Quand le patient est croyant et vivement religieux il peut être capable d’admettre sa maladie et d’accepter ce qui peut en découler.

Et qu’y a-t-il après l’information ?
Le traitement psychologique est obligatoire. Voilà pourquoi vous trouverez des psychologues dans tous les services médicaux et même chirurgicaux. On ne peut pas dissocier le physique du psychique. Tout est lié… quand le patient présente un état dépressif réactionnel, il est directement orienté vers des psychologues ou même des psychiatres.

En quoi consiste votre mission dans des cas pareils ?
Notre rôle est de laisser le malade exprimer sa détresse et essayer tant bien que mal de l’aider à la surmonter. Mais on ne s’arrête pas à la phase thérapeutique mais on va aussi à une prise en charge médicamenteuse et on s’implique dans le traitement médicamenteux.

A. Fadila

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