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Revue de presse

Le Pr Djamil Lebane, chef de service de néonatalogie CHU Mustapha : «Investir dans l’allaitement maternel, c’est investir dans la santé future de la nation»

El Moudjahid | Algérie | 22/07/2008

Bien que ses avantages ne soient plus à démontrer, le déclin de l'allaitement maternel menace le monde entier et se pose dans les pays les moins nantis en termes de survie pour le binôme mère-bébé. Considéré comme le moyen le plus naturel et le plus adapté pour nourrir un enfant, l'allaitement maternel exclusif est reconnu aussi bien au plan nutritionnel qu'au plan affectif, car il permet, entre autres, le développement harmonieux et l'épanouissement de l'enfant par les hormones de l'attachement qu'il mobilise et le comportement de maternage qu'il implique.

Le lait maternel représente une richesse nationale. La Norvège, pays pionnier en ce domaine, a intégré, en 1993, le lait maternel à ses statistiques des productions alimentaires.
Si l'allaitement maternel est bénéfique pour tous les nouveau-nés, il est vital pour ceux des pays en développement et tous les efforts doivent être engagés pour préserver cette pratique naturelle.
En septembre 1990, le sommet mondial pour les enfants qui s'est tenu à New York a fait figurer la promotion de l'allaitement maternel parmi les 25 objectifs de la déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l'enfant et l'Algérie est signataire de cette déclaration.

Les bénéfices de l'allaitement maternel sont nombreux, ils concernent la santé des enfants et de leur mère, la relation mère-bébé, mais aussi l'équilibre socioéconomique des familles.
Pour ce qui est du taux d'allaitement maternel en Algérie, le professeur Djamil Lebane, chef de service de néonatalogie au CHU Mustapha, a fait savoir que très peu d'études font état d’une situation qui prévaut en matière d'allaitement maternel.
«La population d'enfants nourris exclusivement au sein avant l'âge de 6 mois est très faible» estimera le spécialiste. Et d’ajouter que les causes profondes de cette désaffection de la pratique de l'allaitement au sein semblent être le résultat de différents facteurs très intriqués intervenants simultanément : sociaux-économiques ou culturels.

Pour lui, la promotion de l'allaitement maternel ne relève pas de la responsabilité exclusive des services de santé. Il apparaît cependant que les femmes ne trouvent pas dans les structures de santé les conditions favorables qui leur permettraient à la faveur d’un bon démarrage de l’allaitement de «nourrir exclusivement leur nouveau-né au lait maternel jusqu'à l'âge de 6 mois et de pouvoir continuer jusqu'à l'âge de deux ans et plus», a-t-il souligné.

La famille algérienne subit des transformations qui lui sont imposées par les contraintes économiques et sociales. On a alors attribué à l'urbanisation récente, un rôle non négligeable dans l'abandon de l'allaitement maternel, en privant la mère de son soutien familial.
«A l'heure actuelle, l'abandon de l'allaitement maternel constitue un problème de santé publique en Algérie», précisera le Pr Lebane. Cause du déclin de l'allaitement maternel : absence d’éducation sanitaire à l’index.

Le déclin de l'allaitement maternel est dans notre pays comme dans beaucoup d’autres une réalité et plusieurs phénomènes ont contribué à cette regrettable situation, on citera, à titre d’exemple, l'absence d'éducation sanitaire et de préparation prénatale du couple à l'allaitement maternel, alors même que toutes les conditions sont réunies pour mener à bien cette activité, l'absence d'informations fiables concernant les bienfaits de l'allaitement maternel ainsi que des préoccupations d'ordre esthétique. En réalité, le risque esthétique pour les seins pendant l'allaitement est essentiellement lié aux variations de volumes rapides, brutales (engorgements mammaires, arrêts brusques de la lactation). Si l'allaitement est bien conduit, le risque esthétique est très faible et sûrement moins important qu'en cas de blocage de la lactation à la naissance.

Quelle stratégie pour l'Algérie ?

La santé néonatale et la protection de la mère et de l'enfant figurent parmi les dossiers importants et prioritaires inscrits dans la politique de la santé publique en Algérie, et ce à travers l'organisation familiale visant à la protection de la mère, l'amélioration de la prise en charge de la femme en période périnatale ainsi que des nouveau-nés. Conscient de la complexité d'une approche multisectorielle de la promotion de l'allaitement maternel dans notre pays, l'Algérie a donné la priorité à des activités stratégiques et accessibles à savoir, la formation et l'information des personnels de santé, impliqués dans les soins de la mère et de l'enfant. En fait, malgré les progrès tangibles réalisés dans le domaine de la prise en charge de la santé mère-enfant, les indicateurs de mortalité infantile et maternelle ne sont pas en adéquation avec les moyens consentis par les pouvoirs publics.

Le Pr Lebane a, dans ce sens, précisé qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer les connaissances et les compétences des professionnels pour ce qui des conseils des mères en matière d'allaitement maternel.
«L'acte d'allaiter est un acte culturel qui nécessite un apprentissage et un encouragement permanent dans une société où ce n'est plus une habitude. Les parents ont besoin d'informations, d'écoute et d'attention pour décider d'allaiter et ensuite pour mener leur projet à terme» dira-t-il.
Ainsi, les parents bien informés sont capables de choisir ce qui convient le mieux à leur enfant, selon leur environnement propre. Comme élément important de la santé publique, l'allaitement maternel doit donc être protégé, soutenu et encouragé.

Kamélia H.

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