Les maladies non transmissibles chroniques posent un sérieux problème de santé publique de par le monde. Elles sont à l’origine de plus de 60% des décès dans les pays industrialisés et plus de 40% dans les pays en développement. D’ici 2020, ces maladies seraient la cause de trois quarts de la totalité des décès dans le monde, selon l’OMS.
Le diabète reste la pathologie la plus importante étant une maladie silencieuse à conséquences graves et compliquées affirment les spécialistes de la santé.

En Algérie, il est encore difficile de parler de statistiques en l’absence de dépistage régulier, mais l’on avance 3 à 4 millions de diabétiques et plus de 3 millions d’hypertendus déclarés sachant que 50% des diabètes ne sont pas diagnostiqués.
Aussi, l’hypertension artérielle dont la prévalence moyenne est estimée à 30% constitue le principal facteur de risque des cardiopathies et des maladies cérébro-vasculaires alors que, pour le diabète non insulinodépendant, la prévalence se situe entre 7 et 8% de la population âgée de 30 à 65 ans. Actuellement, 300.000 malades nécessitent d’être mis sous insuline comme l’a déclaré le Pr. Brouri du CHU de Birtraria et coordinateur de l’opération de dépistage du diabète type 2, de l’obésité et de l’hypertension artérielle pour la région du centre qui se déroulera du 27 avril au 4 mai à l’occasion du séminaire préparatif organisé, hier, à l’INSP par la direction de prévention, comité de lutte contre le diabète et les maladies cardiovasculaires au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Une enquête est destinée à identifier le maximum de diabétiques, d’hypertendus et d’obèses, l’objectif étant de réduire l’incidence et la prévalence des complications liées à ces pathologies, cerner le nombre de diabétiques méconnus et les personnes prédisposées avec cette finalité de sensibiliser la population générale sur les risques des maladies en question.

Une autre opération similaire devra cibler les régions ouest et sud-ouest entre le 25 mai et le 2 juin. Une action qui nécessite la redynamisation des comités de wilayas à l’effet de reconstituer les réseaux diabétiques et réactualiser la carte de diabétologie a indiqué le Pr. Brouri. L’intervenant tout en déplorant l’absence de chiffres exacts pour des raisons déjà évoquées, mettra en garde contre une éventuelle transition entre le préventif et le curatif. "Il faut un suivi du malade car il ne suffit pas de dépister", dira-t-il.
Parmi les facteurs responsables de l’émergence de telles pathologies, il y a lieu de citer une alimentation hautement calorique, la sédentarité, le vieillissement de la population et l’obésité. Le Pr. Brouri plaidera, en conséquence pour une culture diététique adaptée, une activité physique, un dépistage précoce et la promulgation d’un statut pour les maisons du diabétique qui jouent un rôle reconnu dans l’assistance du malade.
Une proposition a d’ailleurs été introduite dans ce sens a-t-il souligné. Beaucoup plus, il faudra réadapter le système national de santé publique et l’élaboration d’un programme de lutte contre les maladies non transmissibles. Selon le Pr. Brouri, la stratégie thérapeutique actuelle est insuffisante d’autant plus que "les prévisions sont alarmantes", fera-t-il remarquer. Et pour cause, 20 millions d’Algériens ont plus de 20 ans ce qui n’est pas sans impact sur la santé publique a tenu à rappeler le conférencier.

Bon à savoir

• Selon une enquête effectuée par l’INSP, 56% des décès sont dus à des maladies chroniques et 50% de ces décès surviennent après 70 ans.
• 300 000 personnes sont à mettre sous insuline actuellement.
• Au moment du diagnostic, 35% des atteintes organiques sont déjà présentes.
• Sur 100 000 diabétiques de type 2, 400 à 800 000 sont atteints de néphrite, 500 à 600 000 présentent une névropathie,
• Le diabète type 2 développe l’insuffisance coronarienne par trois.
• En Algérie, 240 000 à 400 000 malades seraient porteurs d’une maladie cardiovasculaire
• 200 000 à 400 000 seraient porteurs d’artériopathies D.A.

A retenir

• Les wilayas concernées par cette campagne qui se poursuivra jusqu’au 4 mai, sont Alger, Blida, Boumerdès, Tipaza, Tizi Ouzou, Bouira, Médea, Djelfa, Ain Défla, Ouargla, Ghardaia, Illizi, Tamanrasset et Laghouat.
• L’opération ciblera les personnes âgées de 35 ans, a-t-on indiqué lors de cette rencontre qui a regroupé les directeurs de santé de ces wilayas, chargés de superviser l’opération.
• Elle fait suite à celle effectuée en décembre dernier dans 17 wilayas de l’est du pays. Une campagne similaire sera également menée à l’ouest et sud-ouest le 3 juin prochain.
• En dépit de l’absence de chiffres exacts de l’ensemble des diabétiques en Algérie, plusieurs enquêtes régionales montrent la progression de cette maladie au sein de la population.
• Une enquête de l’Institut national de la santé publique (INSP) de 2004 montre que le diabète occupe la quatrième place dans les maladies chroniques non-transmissibles (MNT).
• Celle réalisée à l’est du pays, l’année dernière, situe le taux de prévalence du diabète de 2 à 8,2% chez les sujets âgés de 30 à 64 ans.
  L’étude STEPS-OMS menée en collaboration avec le ministère de la santé, en 2003 dans 2 wilayas pilotes (Sétif et Mostaganem) chez les sujets de 25 à 64 ans a montré une prévalence de 7,1%. L’approche STEPS est l’outil de surveillance des maladies non-transmissibles recommandé par l’OMS.
• Quant à l’incidence du diabète type 1, elle varie de 8,1 à 11,9 pour 100.000 chez les jeunes de moins de 15 ans à Mostaganem. Elle est de 6,11 pour 100.000 chez les sujets de 15 à 29 ans à Sétif.
• Plusieurs facteurs ont concouru à l’évolution de cette maladie grave aux conséquences socio-économiques lourdes. Les praticiens incriminent la sédentarité et l’inactivité, ajoutées au manque d’exercice physique et une alimentation hypercalorique, grasse et sucrée.
• Mais le plus lourd facteur de risque reste l’obésité qualifiée par les praticiens de "source de toutes les maladies chroniques".
• Pour soutenir leur argumentaire, les praticiens citent l’exemple des Touaregs, chez qui le taux de prévalence pour la même tranche d’âge, n’est que de 1,3% "ce qui conforte l’influence du mode de vie et de l’activité physique sur le développement de la maladie", avancent-ils.
• Selon le Pr. Mansour Brouri, coordinateur du comité médical de diabétologie pour la région centre, le diabète pose un "vrai" problème de santé publique en raison des complications chroniques dominées par les maladies cardio-vasculaires, le pied diabétique, l’insuffisance rénale chronique et la rétinopathie.
• Le taux de prévalence nationale est situé entre 9 et 10% soit 1,8 à 2 millions de diabétiques recensés actuellement, dont le 1/3 ignore leur maladie.
• La prévalence est encore plus importante dans certains pays du Golfe ou le taux est de 15% à Bahreïn, de 27% en Arabie Saoudite et de 20,1% aux Emirats Arabes Unis (EAU), selon des statistiques officielles de 2003.
• Les complications du diabète sont lourdes et coûteuses pour la sécurité sociale et impliquent une prise en charge "sérieuse" du malade, a expliqué le Pr. Brouri.
• Parmi celles-ci, il y a lieu de noter, la rétinopathie (1ère cause de cécité chez le diabétique) et la néphropathie. "Une moyenne de 400.000 diabétiques finissent en dialyse", selon le Pr. Brouri.
• A cela, il y a lieu d’ajouter qu’entre 500.000 et 600.000 diabétiques sont atteints de neuropathie et que le diabète multiplie par 2 les risques de maladies cardio-vasculaires (MCV) et par 3 le risque de l’AVC (accident vasculaire cérébral).
• Selon le Pr. Brouri, chef de service de médecine interne au secteur sanitaire de Birtraria, 50 % des diabétiques développent dès le début une complication cardio-vasculaire et 75% des diabétiques décèdent de MCV.
• Pour les projections futures, il estime que le taux de prévalence va plus que doubler en Algérie pour se situer aux environs de 8%.
• En 2010, il y aura entre 2,5 à 3 millions de diabétiques dont 900.000 rétinopathes, entre 300.000 à 600.000 néphropathes, entre 750.000 à 900.000 neuropathes, 360.000 MCV et 150.000 AVC, a-t-il précisé.