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Revue de presse

La formation de psychologues en Algérie

El Watan | Algérie | 16/06/2007

Les situations politiques et les mutations sociales et culturelles ont laissé des séquelles sur la vie psychique de nos concitoyens, mais aussi des traumatismes et des handicaps qui nécessitent une prise en charge sur les plans médical et psychologique. Mon interrogation porte sur la formation de nos psys. Comment sont-ils formés ?

Quelles sont les grandes écoles de psychologie qui les influencent ? Fort de trois années d’expérience en tant que psychologue dans un centre de handicapés à Alger, je vous apporte mon témoignage. Je tiens à préciser que mon parcours universitaire est le fruit de l’école fondamentale algérienne. Je vous parlerai du contenu du programme universitaire et des grands courants de la psychologie existant en Algérie. Puis, j’aborderai les obstacles auxquels sont confrontés les psychologues sur le marché du travail. Tout d’abord, la psychologie en Algérie est intégrée dans les départements des sciences sociales.

Or, elle a pris son autonomie et elle est une science. Dans les grandes universités, on trouve un département de psychologie avec des laboratoires et des blocs de recherche sur l’addiction, le sommeil, l’apprentissage, etc. Le contenu du programme est daté de la fin des années 1970 et le début des années 1980. Pourtant, la psychologie est une science où les champs de recherche ont beaucoup évolué pendant la dernière décennie. Chaque année, il y a de nouvelles recherches et de nouveaux champs d’application. Les neurosciences, par exemple, nous apportent chaque jour de nouveaux éléments pour comprendre les comportements humains et les appréhender, expliquer les phénomènes sociaux, culturels, spirituels (...), et, pour accéder à cette discipline, les futurs psys doivent connaître la neurobiologie et la neurophysiologie, notions exigées pour comprendre les phénomènes d’apprentissage, d’addiction et la gérontologie (par exemple, maladie d’Alzheimer).

La pharmacologie est aussi indispensable, en particulier pour les cliniciens, pas uniquement pour connaître les noms des psychotropes, des neuroleptiques, des thymorégulateurs et des antidépresseurs, mais pour connaître et maîtriser leur substance ainsi que leur mécanisme d’action au niveau synaptique (comment influent-ils sur les comportements humains ?) On peut citer d’autres modules, auxquels les programmes ne font aucune allusion, comme la psychologie cognitive assurée par des séminaires sur l’imagerie mentale, la motivation, l’éducation, les pathologies de l’adulte et de l’enfant, mais aussi sur le vieillissement (cela fait partie du grand chantier que les responsables n’ont pas pris en considération, car ils pensent que les personnes âgées sont prises en charge par la famille. Par contre, l’individualisme gagne du terrain dans les pays émergents et, dans son sillage, la notion du confort est sa substance.

La prise en charge médicale en fait partie, et celle-ci nécessite un personnel qualifié). En outre, j’insiste sur l’importance de l’enseignement de la théorie de l’évolution, qui est enseignée dans toutes les grandes universités du monde, y compris dans les pays du Golfe, afin de comprendre la conscience humaine et l’évolution de l’homme, loin des explications religieuses. L’étudiant va entrer dans le monde scientifique qui va lui donner l’esprit critique et la curiosité scientifique. Dans le même ordre d’idées, la philosophie est un module indispensable à la formation du psychologue, pour connaître les grandes écoles philosophiques, mais aussi pour distinguer ce qui est scientifique de ce qui est philosophique (entre psychanalyse et psychologie scientifique). A ce titre, le contenu ne doit pas se limiter à la philosophie islamique et arabe (c’est toujours le cas) mais il doit intégrer des cours sur la philosophie dite occidentale. Cependant, les enseignants en charge de biologie, par exemple, doivent être diplômés dans leur domaine (neuroscience, biologie etc.).

Or, je me souviens que le professeur du cours de biologie était une orthophoniste, et que celle qui était chargée des TD était une étudiante en second cycle de psychologie. De ce fait, ni l’une ni l’autre n’avait de relation directe avec la biologie. Comment voulez-vous connaître l’anatomie et le fonctionnement du cerveau avec des connaissances de bases absentes ? En outre, la majorité des enseignants n’avaient pas perfectionné leurs connaissances pour aborder d’autres champs. A cela s’ajoutent leurs problèmes sociaux qui ne sont pas encore pris en charge (lors d’une discussion, un sociologue marocain m’a confirmé qu’au Maroc, un professeur à l’université touche 1500 euros par mois au début, mais qu’il peut arriver jusqu’à 2500 euros, par ses publications et avec de l’expérience, mais surtout lorsqu’il est attaché à un institut de recherche privé). Dans mon parcours universitaire, chaque année, la rentrée était tardive et l’année universitaire se terminait vers la fin du mois de mai. A vous de juger sur la fin du programme ! Pour la documentation, c’est une autre histoire ! Les livres en langue arabe sont tellement usés qu’on peut trouver des pages entières déchirées.

Le contenu est vraiment très pauvre. Parfois, on rencontre des difficultés de compréhension car les traducteurs sont libanais et utilisent, par conséquent, une terminologie dont nous n’avons pas connaissance. Les ouvrages traduits portent en grande partie sur la psychanalyse et l’interprétation des rêves (imprégnés d’un esprit religieux), sur l’éducation (basée surtout sur la théorie des stades de Jean Piaget), mais aussi sur les statistiques, sur certaines pathologies, le retard scolaire etc. Les ouvrages sont toujours en français. Ces livres nécessitent non seulement la connaissance de la langue française, mais également la maîtrise de celle-ci. Or, notre génération a reçu l’enseignement de la langue française tardivement (en quatrième année fondamentale). En effet, il y a des zones où il y a un réel manque de professeurs de langue française, avec parfois des profs qui n’ont même pas le niveau du bac. Comment voulez-vous maîtriser cette langue ? Sans entrer dans une polémique sur l’enseignement de la langue arabe, je crois que les dirigeants politiques ont commis un carnage sur le plan linguistique.

Quand je compare les étudiants algériens avec les étudiants marocains ou tunisiens, je me rends compte de l’aventure aveugle de nos dirigeants. Un Algérien n’arrive pas à s’exprimer avec une seule langue correctement, par contre les Marocains parlent et écrivent en langue arabe et en français correctement. Cependant, ma conviction est que l’enseignement de la langue française est primordial dans l’enseignement des sciences sociales et humaines, ainsi que la biologie, les mathématiques, la physique, etc. En effet, le français facilite l’apprentissage et l’accès à la documentation sans passer par des mauvaises traductions et il permet d’être à jour et autonome, afin de développer un esprit critique et être au fait de ce qui se passe dans le monde des sciences. Nos voisins marocains ou tunisiens l’ont bien compris, ils ont fait leurs choix. Pour l’anglais, c’est une autre histoire. En Algérie, on ne peut pas parler de courants dominants, mais au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, le professeur Boucebci a marqué deux générations. Il a fait beaucoup d’études très connues par l’approche ethnopsychiatrie. Cependant, comme tout pays francophone, l’Algérie n’a pas échappé à l’influence de la psychanalyse dans les prises en charge. On peut trouver les ouvrages de François Dolto un peu partout sur le marché du livre.

La majorité des étudiants lisent Freud, bien qu’il ne soit pas étudié à l’université. C’est pour cela qu’on ne peut pas parler vraiment de la psychologie en Algérie, car la discipline est tout à fait nouvelle dans la société où les pratiques traditionnelles sont omniprésentes pour la prise en charge des handicapés mentaux. D’ailleurs, de nos jours, certains imams utilisent ces méthodes pour prendre en charge par exemple l’angoisse, la dépression, les troubles bipolaires et autres. Pour l’anecdote, j’ai reçu, un jour, un enfant qui souffrait d’un retard mental. Les parents l’avaient emmené chez un taleb. Celui-ci pensait qu’il était possédé par les djinns et que c’était pour cette raison qu’il ne parlait pas. Aussi, pour le faire parler, il le brûla avec du fer. Il y a beaucoup de cas de ce genre. Chez certains psys algériens, on ne peut, parler à proprement dit de courants systémiques, cognitifs, psychanalytiques, neuropsychologiques, neurocognitifs etc. Pratiquer la psychologie en Algérie nécessite uniquement la détention d’une licence de psychologie option clinique. Mais on trouve souvent beaucoup de psychologues avec un diplôme de DEUA de psychologie, ou une licence d’orthophonie.

En France, pour exercer la psychologie, il faut avoir un master professionnel en psychologie (bac+5), et l’accès en deuxième année de master se fait sous conditions dont celle d’effectuer de nombreux stages. Le premier obstacle auquel le psychologue va se confronter, c’est la langue, car il travaille avec des psychiatres ou des médecins ; les correspondances se font en français avec une terminologie médicale alors que toute sa formation s’est déroulée en langue arabe ! Ensuite, les tests, s’ils existent, sont tellement obsolètes et majoritairement importés des pays du Nord, que le psychologue doit les traduire et les adapter à la culture locale. A ma connaissance, il n’y a pas d’institutions qui s’occupent de l’adaptation et de la traduction de ces tests nécessitant des experts. Parfois, le psychologue se trouve devant des cas qui le dépassent. Par manque de formation thérapeutique adéquate, ce dernier se trouve dans l’impossibilité de suivre une personne psychotique ou un autiste. Ce point m’amène à m’interroger sur l’importance de la formation continue pour combler cette carence. Or, on ne peut pas réduire cette formation à des réunions dans de grands hôtels ! Les psychologues ont vraiment besoin de formations pratiques, dans les hôpitaux, les centres pour handicapés. Ils ont également besoin de développer des méthodes de prise en charge thérapeutique adéquates au mode social et au mécanisme de pensée locale, en l’étalonnant à des méthodes scientifiques universelles.

Je pense que l’Algérie a vraiment besoin de psychologues pour répondre aux besoins croissants de ses citoyens. Comme je l’ai souligné plus haut, les traumatismes vécus par nos concitoyens nécessitent une prise en charge scientifique de qualité. Pour développer et vulgariser cette discipline, l’institution algérienne doit s’adapter aux réglementations internationales en matière de formation et de prise en charge. Cependant, la coopération avec les autres institutions et universités de qualité est urgente. Il est urgent de légiférer en Algérie sur l’exercice des méthodes thérapeutiques afin de s’éloigner des méthodes charlatanesques. Car ces méthodes, assez présentes dans l’Algérois, commencent à se propager à d’autres régions du pays.

Si la population croit encore à la rokia c’est bien parce que les psychologues ne répondent pas encore à ses besoins. « Dans le champ de la psychopathologie, écrit le professeur Boucebeci, on reste stupéfait par certains écrits portant sur le Maghreb, l’Algérie, et aussi du nombre d’extravagances, voire d’inepties, éventuellement fidèlement reprises et transmises parfois même par des nationaux. Il serait inutile de chercher querelle à leurs auteurs. Il faut simplement prendre conscience que faute d’être partie prenante, d’autres le font à notre place. La recherche scientifique se doit d’être ouverture, contestation, critique, excluant le dogmatisme et, évidemment, la malhonnêteté intellectuelle dont il faut à peine rappeler qu’elle est à différencier de l’erreur, notre lot à tous (...). Le danger essentiel, à l’étape actuelle, est le silence ou le cantonnement à des approches théoriques plus ou moins bien digérées, ou censées se vouloir dans une ligne idéologique ». (Cf Maladie mentale et handicap mental, PP.8-9

Haddar Yazid

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