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Revue de presse

A cœur ouvert, le P-DG de Saïdal fait le bilan de l’entreprise et évoque les grands projets qu’il s’apprête à lancer

La Tribune | Algérie | 19/03/2006

Saiflu : pas de commande encore de la part de la PCH
Son ambition de fabriquer le Tamiflu localement l’a exposé à tous les anathèmes. Têtu, Ali Aoun refuse de faire marche arrière et déclare qu’il produira coûte que coûte cet antiviral.
Aux commandes d’un groupe pharmaceutique qu’il a sauvé en 1985 de la faillite, le P-DG de Saïdal tente de promouvoir le domaine commercial en pénétrant le marché mondial. Le principe actif des antibiotiques fabriqués à Médéa constitue déjà une matière première que l’entreprise exporte vers l’Italie et le Mexique où le groupe pharmaceutique devient un sérieux concurrent des Asiatiques.

Détenant 42% du marché de la production nationale, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de 3,17 milliards au premier semestre 2005. Bien que le bénéfice de Saïdal soit en constante évolution, elle chute paradoxalement en valeur boursière.
Après l’orage, c’est le beau temps. L’autorisation de dédouanement du «Prémix» (mélange du produit OSELPAMIVIR Phosphate avant son conditionnement en gélules) vient d’être accordée à Saïdal. Toutefois, quelques nuages persistent.

«On n’est pas tout à fait rassuré parce que Saïdal n’a pas encore reçu de bon de commande de la part de la Pharmacie centrale des hôpitaux», lâche sur un ton anxieux Ali Aoun, le P-DG de l’entreprise, précisant que «cela peut se régler à tout moment».
Ali Aoun, qui a fait l’objet d’une campagne de dénigrement à l’annonce de son intention de produire l’Oseltamizir, dénomination mondiale du Tamiflu, n’en démord pas. Il soutient qu’il maintient son projet de produire 6 millions de doses de Saiflu (c’est ainsi qu’a été nommé le médicament produit localement) durant l’année 2006 et, si l’Etat n’est pas preneur, il les exportera ou les vendra directement aux officines.
Répondant à un besoin urgent du marché, Saïdal a, en effet, signé un contrat avec le laboratoire pharmaceutique indien, Hetero Labs Limited, auquel le laboratoire Roche-Suisse a cédé la licence en décembre 2005. L’initiative a eu un effet rassurant sur la population, alors que la pandémie se propage à une vitesse vertigineuse dans le monde. Le laboratoire pharmaceutique indien, Hetero Drugs, existe depuis 1993 et a fabriqué près de 165 produits différents dont 65% sont placés deuxièmes dans le monde. Le contrat en question contient deux volets : le transfert de la technologie et du savoir-faire et l’achat du principe actif.
L’unité de Gué de Constantine entrera en production durant la deuxième semaine d’avril, en retard d’une semaine par rapport à la date prévue initialement, à cause du blocage de la matière première pendant une dizaine de jours au niveau du port.
Elle fabriquera 30 000 doses de cet antiviral par jour. Originaire de Touggourt, Ali Aoun cumule plusieurs distinctions honorifiques, dont celle de meilleur manager algérien en 1999, et se veut prévoyant.
Il pense déjà à la distribution et à la commercialisation de son produit en cas de déclaration de la pandémie de la grippe aviaire dans le pays. Dépité, il lâche : «S’il n’y a pas une garantie de prise en charge par la Pharmacie centrale des hôpitaux, nous allons revoir nos ambitions à la baisse. Laissez-les importer une fois de plus. Les gens semblent intéressés par l’importation alors qu’ils ont l’opportunité d’avoir le médicament localement et moins cher.»
Entre «quand il y aura une production nationale, nous prendrons acte» et «nous ne connaissons pas le contenu du contrat entre Saïdal et Roche», les déclarations du ministre de l’Intérieur ont fini par agacer le patron de Saïdal qui assimile cette attitude à du mépris. Rencontré une première fois, quelques jours avant que les choses commencent à rentrer dans l’ordre, Ali Aoun déclare : «Je ne veux pas participer à ce genre de polémique. Ce n’est pas le moment. Ce type de réaction, c’est pour nous décourager. Le produit sera disponible au cours de l’année, s’ils ne le prennent pas, il y aura mille autres preneurs.» Il est vrai que l’attitude du ministre de la Santé est des plus déroutantes. Le jour de la signature du contrat en question, entre les deux groupes pharmaceutiques, le directeur de la pharmacie et son sous-directeur avaient représenté officiellement Amar Tou et de ce fait, ils lui devaient un compte-rendu sur le déroulement de la procédure. Si aujourd’hui, le ministre de la Santé semble revenir à de meilleurs sentiments en traitant toutes les démarches administratives du dossier Saïdal afférentes à la fabrication de «Saiflu» en l’espace de dix jours, ce bémol dans la relation n’apaise pas pour autant les esprits.
Blessé, Ali Aoun affirme que l’idée de produire le Tamiflu localement est partie d’«une bonne intention, en partant du principe de la citoyenneté de l’entreprise. Personne ne nous a forcés à le faire». Il ajoute : «Nous nous sommes adonnés à une véritable gymnastique pour obtenir la licence. Je ne veux pas jeter de l’huile sur le feu, mais si les gens veulent choisir un autre chemin, libre à eux. Je trouverai un marché pour exporter la production ou la vendre en officine. Il y a des gens riches qui peuvent l’acheter, mais cela serait dommage».
Pour lui, «il y avait une opportunité, un marché qui se présentait, si vous ne saisissez pas cette occasion, alors à quoi vous servez. Surtout lorsqu’il s’agit de santé publique. Nous ne pouvions pas rester en marge. Que les gens soient surpris, c’est le dernier de mes soucis. Je ne l’ai pas fait pour faire plaisir à X ou à Y. Le ministère de la Santé et tout le monde étaient au courant. Supposons qu’une pandémie se déclare, qui va prendre en charge la facture de fabrication du médicament ? C’est une non question. C’est l’Etat bien sûr. En France, le stock de Tamiflu est géré par l’armée française et stocké en lieu sûr».
Ali Aoun assure que ce médicament se fabrique comme tous les autres médicaments et que Saïdal a les moyens d’assurer la production et les analyses pour un produit de qualité. Le ministère de la Santé a déjà importé une quantité de Tamiflu qui est disponible actuellement au niveau de la Pharmacie centrale. 100 000 autres cures seront importées en avril prochain et 1 million de doses seront disponibles l’année prochaine.
En 2007, l’Algérie aura un stock de 6,5 millions de cures de Tamiflu qui couvrira les besoins de 25% de la population. Un seuil imposé, selon le ministre de la Santé, par l’Organisation mondiale de la santé. Avec la production de Saïdal, le taux de couverture atteindra les 50%.

Avant d’occuper le poste du président-directeur général du groupe Saïdal, Ali Aoun a été directeur central de la SNIC de 1979 à 1982, puis directeur général de l’ENAD jusqu’à 1985 et enfin directeur chimie/pharmacie/ engrais au ministère de l’Industrie jusqu’à 1995.
Quand il a pris les rênes de Saïdal en 1995, le groupe était très endetté. «Si nous ne l’avons pas prise en main au bon moment, Saïdal aurait connu le sort des autres entreprises publiques. Elle cumulait un déficit de l’ordre de 120 millions de dinars, le personnel n’était pas payé depuis six mois et elle souffrait d’une rupture de stock du produit fini. Nous avons alors établi un diagnostic faisant ressortir les points forts et les points faibles de l’entreprise et nous avons constaté que sa faiblesse résidait dans une gestion administrative, résultat de plus de 30 ans de gestion centralisée. Les unités de production fonctionnaient au rythme des heures administratives, soit 8 heures par jour, au moment où l’offre en médicament n’était pas suffisante. La création de l’emploi était nulle et la situation financière très critique.»
La thérapie de choc consistait à renforcer un outil de production déjà existant depuis 1985, rentabiliser l’apport d’un personnel ayant une bonne expérience et se placer sur un marché de plus de 500 millions de dollars à l’époque. Avec un rythme de production soutenu et un toilettage de la gamme, le déficit financier de l’entreprise a été résorbé en six mois. «30 à 40% de la production était obsolète, cela n’avait rien à faire avec le marché, mais avec ce toilettage, nous avons réussi à terminer l’année avec un bilan positif, l’équivalent de 100 millions de dinars.» Comme deuxième étape, il a été procédé à la séparation de la fonction production, de la fonction commercialisation en créant des réseaux de distribution indépendants. «Nous avons également revu le rythme de travail en mettant une deuxième et troisième équipe pour augmenter l’offre en médicament et créer de l’emploi. Avec ce système de management, l’entreprise ne pouvait qu’être rentable». Ali Aoun aurait bien voulu spécialiser l’entreprise dans un créneau et une gamme de produits bien définis. «Le succès des laboratoires internationaux ne provient pas de la diversité de la gamme de production, mais de la spécialisation dans un à quatre produits. Nous, au sein de Saïdal, nous fabriquons 185 médicaments. C’est très difficile à gérer, car il faut maîtriser toute la chaîne d’importation. Je pense sincèrement que Saïdal peut faire mieux si elle arrive à réduire la chaîne de production.» Ali Aoun envisage de se spécialiser, à l’horizon 2011, dans des produits qui ont un rapport direct avec certaines pathologies lourdes et spécifiques au pays et à la région. Farouche défenseur de la production nationale, il aurait souhaité que l’entreprise reste à 100% publique. Il estime que «l’Etat doit rester présent dans un secteur comme celui-là. Si c’était à refaire, les 20% que nous avons misés sur la Bourse, je ne le referais pas. Nous sommes partis confiants en disant que nous allions participer à l’animation d’un marché financier. Nous nous sommes rendus compte qu’au bout de sept ans, la Bourse n’existe toujours pas. Heureusement que le cours de l’action n’a pas d’impact sur le fonctionnement de l’entreprise».

Le hic est que le ministère de la Participation et de la Promotion des investissements vient d’annoncer que des appels d’offres seront lancés à partir d’avril prochain pour le recrutement de banques d’affaires internationales et de cabinets- conseils qui seront chargés, en 2006-2007, d’accompagner le processus d’ouverture du capital d’une dizaine de grosses entreprises algériennes, dont Saïdal.
Les principales missions qui seront confiées à ces banques d’affaires consistent à assister ces entreprises dans la préparation, la conduite et l’accomplissement de l’ouverture de leur capital et à rechercher pour chacune d’elles un partenaire stratégique qui s’engagerait à améliorer leur compétitivité. En ce qui concerne Saïdal, les travaux des cabinets-conseils porteront sur la définition de la stratégie de sa privatisation qui doit prendre en considération la politique nationale du médicament, et l’étude des niveaux d’ouverture de son capital. «Je serai d’accord si cette ouverture est à hauteur de 60%. Pour les 40% qui restent, il serait souhaitable que l’Etat reste présent.»

Aoun prévoit de semer des antennes de Saïdal un peu partout dans le monde.
«C’est à notre portée, mais la réglementation contient encore des contraintes administratives. Les gens sont toujours animés par l’esprit de gestion socialiste de l’entreprise qui doit satisfaire un besoin local. Or, le mieux est de marier et de concilier la politique de santé publique et la rentabilité de l’entreprise. Et la rentabilité de l’entreprise ne peut s’acquérir qu’au plan international. 80% du chiffre d’affaires des grands laboratoires, ils le réalisent à l’export. Pfiezer fait 45 milliards de dollars de chiffres d’affaires annuellement dont 1% de ce chiffre aux Etats-Unis. Pour peu que les gens y croient, Saïdal est capable de relever ce défi.» L’entreprise est déjà présente au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Yémen et au Soudan. Le responsable de Saïdal ne cesse de remettre en cause la politique d’importation de médicament : «Je le répète depuis maintenant cinq ans. Dans les programmes des gouvernements qui se sont succédé, il est clairement énoncé qu’aucun effort ne sera épargné pour encourager la consommation du générique.
C’est bien, car c’est la seule issue pour limiter les dépenses de la sécurité sociale et protéger le pouvoir d’achat. Pour cela, il faut diversifier nos sources d’approvisionnement et importer des médicaments des pays comme l’Allemagne ou le Canada qui ont une consommation de génériques qui dépasse les 50%. Or, actuellement, 80% de nos importations proviennent des laboratoires français qui ne sont pas les champions du générique.» Selon lui, l’augmentation crescendo de la facture du médicament peut s’expliquer par le taux démographique et la dégradation de la monnaie nationale par rapport à celle de l’importation.
«Que la facture d’importation de médicament soit de 500 000 dollars, d’un millier de dollars, ce n’est, en fin de compte, pas ça le problème. L’essentiel est qu’il n y ait pas de rupture de stock. Surtout en ce qui concerne les pathologies lourdes. Aujourd’hui les diabétiques, les cancéreux et les asthmatiques en souffrent».
Aoun milite pour une importation utile de médicament. «Importer pour importer, il vaut mieux importer des médicaments qui viennent vraiment soulager le malade algérien sur qui, en plus de sa maladie, vient se greffer le stress de la rupture. C’est inhumain. Il ne s’agit pas de limiter la facture.
Il faut que la couverture des besoins quantitatifs soit assurée. Qu’est-ce que c’est qu’un milliard de dollars de médicaments ?
Cela ne représente même pas 20 dollars par personne et par an. Ce qui m’inquiète, en revanche, c’est de constater que la facture continue à augmenter sans en finir avec les ruptures de stocks.

Cela veut dire quoi ?
Cela veut dire que le rôle régulateur de l’Etat doit être renforcé. Pour éviter de se retrouver avec un surstock de produits qui ne sont pas essentiels et des ruptures pour les médicaments nécessaires aux grands malades.»
Il pense que l’Etat a une carte maîtresse qui est celle de l’attribution du programme d’importation. «A ce moment-là, il faut dire aux importateurs qu’ils ne peuvent pas importer ce qu’ils veulent. L’Etat doit leur fixer des besoins. Chez nous, au lieu d’importer utile, nous nous focalisons sur une partie qui est juteuse. Alors que nous savons que cette gamme est comprise dans la production locale.» Quant au problème de la surfacturation et du taux élevé de ristourne, il préfère éluder le sujet. Ses dernières déclarations lui ont coûté cher : «Je ne dis rien parce qu’on m’a intenté un procès pour cela. Mais vous savez que cela existe.»
Plutôt sportif et non accro aux médicaments, Ali Aoun affirme consommer uniquement des produits Saïdal qu’il achète dans les officines. «C’est très important de le préciser», dit-il. Ce docteur ingénieur en chimie industrielle, de la faculté polytechnique de Mons (Belgique) est l’un de ceux qui considèrent qu’une entreprise ne doit pas seulement être jugée sur son chiffre d’affaires, mais aussi sur sa capacité d’apporter quelque chose à son environnement immédiat. Ali Aoun octroie des aides périodiques à des associations de handicapés moteurs, de malades chroniques et au village Sos Draria. Le groupe Saïdal intervient également dans le cas de catastrophes naturelles comme lors des inondations de Bab El Oued. A l’avenir, il veut orienter la production du groupe vers des rations prolongées (un comprimé pour toute la journée), mettre à niveau certaines unités, s’occuper un peu plus de la formation et de la recherche et se spécialiser dans la fabrication de traitements pour les maladies lourdes. Saïdal est en négociation avec le même laboratoire indien pour la trithérapie contre le sida dont la fabrication locale fera gagner annuellement des centaines de milliards de dinars à l’Algérie, la dépense moyenne pour la prise en charge d’un sidéen étant d’un million de dinars par an. «Quoi que nous puissions dire, Saïdal est sauvée et pérenne parce qu’il y a un capital confiance qui s’est établi entre elle et la population. Avoir 40 à 45% du marché local avec un taux de rentabilité de 10 à 15%, je ne connais pas beaucoup d’entreprises qui accomplissent cette prouesse. Il ne faut pas avoir peur pour Saïdal, à part si des gens veulent la briser.» Comme pour conjurer le sort, il enchaîne : «Avec l’usine d’insuline, Saiflu et la trithérapie pour le sida, je crois qu’on va déranger beaucoup. Que Dieu nous préserve, nous sommes tellement habitués aux ennuis.»

Nissa Hammadi

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