Le ministre de la Santé a affirmé, hier, que malgré toutes les mesures prises, certaines carences sont encore relevées dans la mise en œuvre du Programme national de santé mentale mis en place en 2001, qui répond à la nécessité d’élaborer un cadre stratégique global pour coordonner les aspects de la promotion, de la prévention, du traitement et de la réadaptation.

Dans une allocution à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la Santé mentale, Abdelhak Saihi a énuméré un certain nombre de ces carences, notamment la stigmatisation des personnes atteintes de troubles mentaux, les difficultés à obtenir des soins appropriés, le déficit de couverture spécialisée dans certaines régions, l’organisation et la planification des soins de santé mentale concentrées sur les hôpitaux psychiatriques, ce qui limite les efforts en vue d’assurer des soins continus pour ces pathologies, souvent chroniques. Il a déploré également que la coopération multisectorielle reste faible, malgré une collaboration intéressante avec les milieux scolaires et pénitentiaires. Aussi, l’usage de substances psychoactives, qui ont pris une ampleur inquiétante ces dernières années, nous incite à rester vigilants et actifs dans les domaines de la prévention et de l’offre de soins.

Pour la pédopsychiatrie, le ministre a reconnu que ce secteur a connu un développement considérable ces dernières années, mais « doit être renforcé au regard de la demande croissante ».

Réussir à venir à bout de ces carences, le ministre y voit « des défis qui résultent d'un certain nombre de facteurs déterminants incluant non seulement des facteurs individuels mais aussi des facteurs sociaux, culturels, économiques, politiques et environnementaux qui constituent la principale cause d'augmentation des maladies et troubles mentaux ».

La célébration de la Journée mondiale de la Santé mentale intervient cette année dans le contexte particulier de la régression de la pandémie de Covid-19. « Nous savons tous que cette épreuve mondiale aura son impact psychologique qui nécessitera certainement un redoublement d’efforts pour l’accompagnement psychologique, particulièrement des malades, de leurs proches et des soignants ».

Dans ce contexte, il a rappelé que « le chemin parcouru par notre pays depuis l'indépendance dans le domaine de la santé a conduit à une augmentation remarquable de l'espérance de vie, passée de moins de 50 ans en 1962 à plus de 77 ans en 2016 ».

Les crises socioéconomiques ont fait augmenter de 25% les cas de dépression

Le premier thème de cette journée concernera le projet de sectorisation des soins en santé mentale et particulièrement les hospitalisations sous contrainte, un élément important de la mise en œuvre du Plan national de la promotion de la santé mentale qui a été ralentie par la pandémie. Le deuxième thème traitera de l’accompagnement psychologique en situation de crise. « La promotion de la santé mentale a été inscrite parmi nos priorités, comme en témoignent les actions entreprises, qui se poursuivront et qui seront renforcées. Toute notre société, pouvoirs publics, professionnels, secteurs partenaires, société civile, médias et familles sont invités à œuvrer davantage pour intensifier nos efforts afin d'atteindre les objectifs fixés pour améliorer le bien-être mental de nos concitoyens ». De son côté, le représentant de l’OMS a affirmé que «la Journée mondiale de la santé mentale offre l'occasion d'attirer l'attention sur le fardeau croissant des problèmes de santé mentale en Afrique, où les enfants et les adolescents sont les plus touchés. La crise de la Covid-19 et les crises socioéconomiques ont fait augmenter de 25% le nombre de personnes atteintes par la dépression et l'anxiété.

En Afrique, 116 millions de personnes souffraient de maladies mentales avant la pandémie, la situation reste préoccupante vu l'augmentation des cas de personnes souffrant de pathologies mentales, le taux de suicide reste inquiétant tout comme la consommation d'alcool chez les adolescents dès l'âge de 13 ans. Pour sa part, le Dr Doria Oughlis, directrice générale de Janssen Algérie, s’est engagée à « participer aux efforts du ministère de la Santé dans sa lutte contre les maladies mentales ». La santé mentale est un état de bien-être dans lequel la personne peut accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ».

Mohamed Mendaci