À l’ombre de l’augmentation exponentielle des cas de contaminations au variant Omicron, que connaît, de façon générale, le monde et, en particulier, notre pays, des voix rassurantes se font de plus en plus entendre. L’une d’entre elles n’est autre que celle du chef de service de médecine légale et directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha-Pacha, le professeur Rachid Belhadj, qui a accordé un entretien à El Moudjahid.

El Moudjahid : Pouvez-vous faire un état des lieux de la situation épidémiologique, eu égard à la forte contagiosité du variant Omicron ?

Pr Rachid Belhadj : Eh bien, la courbe des contaminations est toujours ascendante avec beaucoup de nouvelles infections ; toutefois, il convient de signaler que ce variant développe, dans la majorité des cas, des symptômes légers. Les urgences Covid sont passées, en quelques jours, de 25 à 30 consultations quotidiennes à plus de 300, cependant il n’y a pas de pression sur les services de réanimation.
De plus, nous nous attendons à une décrue à partir de ce lundi. Vous savez, le variant Omicron a pour particularité de toucher les voies respiratoires supérieures et ne descend pas jusqu’aux poumons. Enfin, 60% du personnel, tous corps confondus, de l’hôpital Mustapha-Pacha a été contaminé par Omicron, mais, fort heureusement, ils ont développé des formes légères de la maladie. A cet effet, nous enregistrons zéros décès au sein de notre établissement. Nous continuons, ainsi, à travailler dans la sérénité, l’humanisme et la quiétude.

Dans ce contexte, le confinement est-il une solution pour endiguer cette nouvelle vague de contaminations ?

Pour être franc, non, pour la simple et bonne raison que l’on constate que les citoyens sont revenus, spontanément, à un respect scrupuleux des mesures barrières et évitent de sortir dans les rues, hormis pour les cas de nécessité impérieuse. Il suffit, donc, d’arpenter les rues d’Alger pour constater que ces dernières sont quasiment désertées et que les moyens de transport public sont moins empruntés. Ainsi, le retour au confinement ne sert pas à grand-chose. Il faut juste s’en tenir au respect des gestes barrières, tels que le lavage régulier des mains et éviter les rassemblements.

Les plus hautes autorités du pays viennent d’autoriser les officines de pharmacie à effectuer des dépistages, un avis sur cette décision ?

Nous saluons cette décision qui est très importante et qui permettra d’ouvrir plusieurs alternatives au profit de la population et de diminuer la pression sur les établissements publics hospitaliers. Par ailleurs, il faudra que les moyens utilisés soient rigoureusement contrôlés. Autrement dit, il faut une coordination entre les établissements privés qui dépisteront (laboratoires, pharmacies) et les services de la direction de la santé publique de wilaya, pour remonter, en temps réel, les données épidémiologiques.

Sur un autre registre, n’y a-t-il pas lieu de prolonger, comme préconisé par certains syndicats d’enseignants, la fermeture des établissements scolaires ?

En qualité de praticien hospitalo-universitaire, il serait infiniment plus sage de prolonger la fermeture de l’ensemble des établissements scolaires du pays jusqu’au début de la décrue qui devrait intervenir en début de semaine prochaine. Et ce dans l’intérêt de la santé publique, car le virus circule toujours très activement.

Enfin, quel est le plus grand acquis du CHU Mustapha-Pacha d’Alger pour lutter, davantage, contre le coronavirus ?

Un de nos derniers acquis est la création, ces deniers mois, d’une « unité de transit Covid ». En sus d’une unité d’urgence Covid et de de dépistage. Cette unité dite de transit est composée de 12 lits permettant de prendre en charge les malades du coronavirus qui attendent, avec une totale prise en charge, qu’une place se libère dans l’un de nos services.

S. K.