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Revue de presse

L’Algérie forme des médecins en surnombre

Le soir d'Algérie | Algérie | 13/01/2022

Avec une moyenne de un médecin pour 1 000 habitants, le président du Conseil national de l’ordre des médecins estime que l’Algérie enregistre un excès de médecins. Le docteur Bekkat appelle à la mise en place d’un numerus clausus pour l’accès à des études de médecine. Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes estime que 3000 médecins spécialistes formés annuellement est largement suffisant. Le problème, dit-il, se pose au niveau de la répartition. Le syndicat des hospitalo-universitaires évoque, en effet, le problème de la carte sanitaire.

Salima Akkouche - Alger (Le Soir) -Contrairement donc à ce que l’on peut penser, le nombre de médecins en Algérie est bien élevé. « Il y a un excès de médecins », estime le président du Conseil national de l’ordre des médecins. Actuellement, dit-il, nous sommes à un médecin pour 1 000 habitants. Une moyenne, estime le docteur Bekkat, qui dépasse de loin celle de nos voisins maghrébins, à l’exemple de la Tunisie ou du Maroc. « Il faut revoir les constantes et essayer de freiner cette formation en excès car nous sommes l’un des pays qui forme le plus de médecins.»

Actuellement, dit-il, « nous avons 75 000 médecins répartis sur le territoire national. Nous disposons d’un parc de médecins qui est amplement suffisant, à condition d’être bien réparti. Toutefois, même si le nombre est suffisant, en matière de qualité, c’est un autre problème, parce que, malgré les scanners et les centres anti-cancer, la formation est restée celle des années 70. Nous n’avons pas de sur-spécialités. Au moment où la médecine est devenue plus technique et fine, nous formons des médecins spécialistes mais généralistes. Je vous donne l’exemple d’un cardiologue. Nous formons des cardiologues mais nous ne formons pas dans la cardiologie infantile ou interventionnelle. Pis, il est clair qu’il y a une politique d’ouvrir des facultés de médecine un peu partout, mais nous avons des futurs médecins qui ne savent pas formuler une phrase en français. La moyenne du bac n’indique pas le niveau de l’étudiant. Tous ces bacheliers qui veulent faire médecine ne sont pas tous aptes à faire des sciences », a expliqué le docteur Bekkat, qui appelle à la mise en place d’un numerus clausus pour l’accès à des études en médecine.

« Il faudrait un numerus clausus, puisque 50% des élèves qui ont le bac veulent faire médecine comme premier choix, mais les études médicales demandent un certain profile, et il faut privilégier la qualité sur la quantité. »

Selon le docteur Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, l’Algérie forme annuellement 3 000 médecins spécialistes. En moyenne, 14 000 spécialistes exercent dans le secteur public et un peu moins dans le privé. Tout le reste, dit-il, est à l’étranger. « Pratiquement, plus de 50 000 spécialistes ont été formés ces 20 dernières années, et nous avons en moyenne 25 000 médecins spécialistes qui exercent actuellement en Algérie entre les secteurs privé et public et le reste sont tous à l’étranger. Si ce nombre que nous formons restait en Algérie, en particulier dans le secteur public, ce serait largement suffisant. Mais malheureusement, on fait tout pour faire fuir les médecins, surtout les spécialistes, car rien n’a été fait pour mettre en place des mesures incitatives pour les retenir », explique le docteur Yousfi.
Cette situation, dit-il, fait qu’on se retrouve avec un déficit malgré un nombre suffisant de diplômés. Ajoutez à ça, souligne-t-il, le déséquilibre qui existe entre les régions du fait que ces médecins préfèrent s’installer dans les grandes villes.

Le professeur Rachid Belhadj, président du Conseil scientifique de la faculté de médecine d’Alger, explique que le pays dispose de 13 facultés de médecine. Le problème qui se pose, dit-il, n’est pas le nombre de médecins formés annuellement, mais c’est la mal répartition des médecins. Celle-ci, souligne-t-il, est beaucoup plus concentrée sur le Nord que sur le Sud. « C’est un problème de carte sanitaire, car nous avons des métiers et des spécialités qui manquent énormément mais dans le secteur public et non dans le secteur privé », dit ce professeur qui pointe du doigt les conditions socioprofessionnelles dans le secteur public. « Nous avons un départ massif de nos médecins spécialistes, dit-il, notamment dans les spécialités d’anesthésie réanimation : réanimation cardiologie et radiologie, sans oublier ceux qui s’installent directement dans le privé, notamment les spécialistes en radiologie. »

Le président du Conseil scientifique de la faculté de médecine d’Alger appelle à la création d’un observatoire national d’évaluation pour connaître « le devenir et où sont les médecins que nous formons ».

Le professeur Belhadj, qui appelle également à la révision du système de formation notamment en matière de langue française, estime qu’il faudrait mettre en place un concours pour sélectionner les étudiants aptes à faire médecine.

S. A.

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