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Le jeune indépendant | Algérie | 27/10/2021
Dans le domaine de la prise en charge des malades cancéreux, l’Algérie est passée d’une dizaine de Centres de lutte contre le cancer (CAC) à un plus large maillage avec des centres dans les quatre coins du pays. Cependant, une disparité dans l’implantation de ces CAC à travers les différentes wilayas est à déplorer, a soulevé le Pr Mourad Abid, président de la Société algérienne de chirurgie digestive et hépatobiliaire (AACDHB).
Le Pr Abid, qui s’exprimait ce mercredi sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio algérienne, regrette cette disparité dans l’implantation des centres anti-cancer et des accélérateurs pour la radiothérapie, ce qui complique davantage la prise en charge des malades. « Alger ne compte que 3 accélérateurs pour une population de plus de 3 millions d’habitants, alors qu’une wilaya comme Béchar, qui compte 600 000 personnes, dispose également de 3 accélérateurs.
Or, l’OMS préconise un accélérateur pour 500 000 habitants », a-t-il précisé. Aussi, il a appelé à réduire la part de la bureaucratie dans la gestion des structures de santé. Au-delà de statistiques du cancer toujours grandissantes, le Pr Mourad Abid a souligné les conséquences sociales et financières induites par cette maladie. Il a appelé, à cet effet, à une meilleure mise en œuvre du plan cancer. « Regardons autour de nous, il n’y a pas une famille qui n’est pas atteinte, de près ou de loin, par un proche qui a eu le cancer, qui est décédé du cancer ou qui est en cours de traitement contre le cancer », a regretté l’intervenant.
Pour le Pr Abid, l’augmentation constante des cas de cancer montre « à quel point cette pathologie est en train de prendre une grande ampleur, avec des conséquences sociales et financières pour la prise en charge des patients ». Le spécialiste a relevé le poids financier pour l’Etat mais aussi pour les personnes atteintes. « Même s’ils sont pris en charge par les différentes structures hospitalières de l’Etat, beaucoup d’examens complémentaires tels que les IRM, les scanners et les bilans biologiques sont faits dans le privé et sont à la charge du patient. Tout cela fait que le cancer est un problème que l’on doit prendre beaucoup plus au sérieux », a interpelé le Pr Abid, qui a estimé que « le véritable problème du plan cancer actuellement c’est sa mise en œuvre».
Même s’il avoue que la première version du plan cancer, élaborée dans l’urgence en 2012 alors que l’Algérie connaissait de grandes difficultés pour répondre à la demande de radiothérapie, n’était pas au point, le Pr Abid a rassuré : « Ce plan a fait l’objet d’une évaluation par les autorités et par le Pr Zitouni, qui a été ensuite été désigné comme coordinateur pour, justement, réaliser un véritable plan cancer. » Pour autant, le spécialiste a mis en garde : « Le plan cancer reste, à ce jour, un document parfaitement intéressant, sauf qu’il risque, si l’on continue comme ça, de terminer dans un tiroir comme de nombreux autres plans en Algérie. » Il a insisté sur la nécessité de mettre en application ce plan, notamment son volet dépistage. « On ne parle de dépistage que lorsqu’on est au mois d’octobre rose, ou à l’occasion du mois de mars bleu pour le cancer colorectal mais, entre-temps, il ne se passe pratiquement rien », a regretté le Pr Abid. « L’Algérie a fait un bond extraordinaire en termes de prise en charge du cancer, mais il n’y a pas encore de maturation de cette politique », a enfin constaté le spécialiste.
Lynda Louifi
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