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El Moudjahid | Algérie | 08/10/2021
La santé, selon l'OMS, est un état complet de bien-être physique et mental. Cette définition par l'auguste organisation explique cette corrélation entre le physique et l'esprit quand on parle de santé, au sens large. En fait, il est prouvé, désormais, que de nombreuses maladies ont une origine psychosomatique, tant le bien-être, comme toute monnaie, a deux revers.
Chez nous, cette détresse spirituelle, pourtant devenue une maladie du siècle, ne jouit pas de l’intérêt qu’elle mérite. Qu'elle relève de la psychologie ou carrément du domaine de la psychiatrie, les Algériens, et plus précisément la famille, n'ont pas encore cette tradition de solliciter les services de ces « guérisseurs » de l'âme. Contrairement à d'autres pays où ce genre de consultations, voire de prise en charge, fait partie des mœurs sociales, chez nous l'aspect mental n'est pas considéré à sa juste valeur.
La maladie mentale, plus particulièrement, est un tabou, voire un fardeau dont il faut se débarrasser pour éviter la stigmatisation, pas seulement du malade mais également de toute sa famille, prête à « s'en laver les mains » carrément. Le malade mental, victime d'abandon et de marginalisation, se retrouve souvent livré à son triste sort qu'est la rue. La démission de la société est un phénomène banalisé, de plus en plus remarquée avec des hommes et des femmes souffrant de troubles mentaux chassés de chez eux, pour être à l'abri des regards indiscrets et réquisitoires qui mettent à nu une souffrance, à peine voilée. La maladie mentale se transforme en tare, avec le manque de lits psychiatriques à même de faire sortir le patient du long labyrinthe qui l'attend avant de renouer avec le monde extérieur et restaurer cette confiance rompue avec la famille et toute la société ayant tous contribué à la marginalisation et au malheur de ce dernier, par leur consentement ou encore leur silence.
Les rues des grandes villes racontent aujourd'hui le cris de détresse de cette population et l'humiliation subie tous les jours, d'autant plus que les proches préfèrent rester à l'écart de cette errance mentale. Le malade sort de chez lui, change même de ville et de région, pour vivre avec les sans-abri et autres marginalisés de la société qui se partagent un malaise, voire une douleur, nourrie tous les jours par l'ingratitude et la démission de ceux censés leur tendre la main et les protéger.
Aujourd'hui, certes, une nouvelle approche, illustrée par le Plan national de promotion de la santé mentale 2017-2020, voit le jour, à travers plusieurs actions engagées, à l'instar de la création d'une sous-direction de la promotion de la santé mentale dans l'organigramme du ministère, mais il va de soi aussi que l'implication de la famille dans la prise en charge du malade, sur le plan du soutien psychologique et social, est plus que nécessaire pour aller vers une guérison rapide du patient. Il n'existe pas de statistiques concernant ces maladies, néanmoins, les spécialistes parlent de plus de 420.000 personnes, soit 1% de la population algérienne qui souffre de schizophrénie. Il faut savoir aussi que durant l'année 2018, ce sont 8.000 consultations qui ont été enregistrées au niveau des établissements publics, sans parler du secteur privé qui occupe une place dans le suivi et la prise en charge de beaucoup de malades, d'autant plus que le nombre de lits psychiatriques au niveau des structures spécialisées n'arrive pas très souvent à répondre à toute la demande.
La perte des repères et de contact avec la réalité est devenue, de nos jours, une menace certaine, accentuée par les problèmes sociaux et économiques à l'origine de l'évolution des troubles mentaux au sein de la famille algérienne, touchant même toutes les catégories d'âge.
Samia D.
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