Ibrahim Slim Mellal, SG du Syndicat National Algérien des Professionnels Agréés de l'Optique Ophtalmique : « La fraude menace la santé visuelle »
Des commerçants non agréés exercent l’activité de lunetterie et d’optique médicale en raison de l’absence de contrôle. Le Syndicat national algérien des professionnels agréés de l'optique ophtalmique (SNAPAOO) tire, une fois de plus, la sonnette d’alarme sur la situation grave de l’optique ophtalmique, de lunetterie et de l’optométrie, causée par des pratiques frauduleuses.

Le secrétaire général, Ibrahim Slim Mellal, déplore les dérives très graves que connaît l’activité d'optique lunetterie et d'optométrie ces dernières années, ce qui se traduit par de graves conséquences sur la santé visuelle publique. « Nous avons à maintes reprises saisi les instances compétentes sur ces pratiques frauduleuses, notamment le ministère de la Santé et celui du Commerce qui délivre le code 512-102 détenu par certains commerçants et autorise la vente de la lunette non médicale et des lunettes solaires, puis petit à petit se sont lancés dans la vente des lunettes optiques, un dispositif médical classé 1A qui ne peut être vendu que par les professionnels de la santé visuelle, l'opticien et l'optométriste. « Cette fraude lèse fortement le secteur en raison de l'absence de contrôle, encouragée par la libre interprétation de chacun. Ces commerçants ont donc sauté le pas vers l'exécution des ordonnances des prescriptions médicales délivrées par les ophtalmologistes et les optométristes, en se dotant des machines et appareils utilisés par les opticiens et optométristes et en ignorant les bases et les règles de centrage, de montage et d'adaptation d'une paire de lunettes optiques selon la prescription. Sans scrupule aucun, ils poussent plus loin le bouchon en vendant et en manipulant les lentilles de contact, un dispositif médical classé 2A et leur produit d'entretien classé 2B, profitant de l'absence totale de contrôle des services du Commerce et de la Santé ».

La contrefaçon aveugle l’activité

Exprimant son étonnement, le SG du SNAPAOO ne comprend pas comment ces commerçants se sont constitués en associations dites médicales et prévoient même de créer une Fédération pour faire valoir un métier qu’ils sont totalement inaptes à exercer. « Ils exercent comme opticiens médicaux et dupent les citoyens par des enseignes annonçant ‘‘optique médicale’’. Certains portent même une blouse blanche ». La contrefaçon, un autre mal, gangrène le marché de l’optique et de la lunetterie.

A ce sujet, Slim Mellal appelle à lutter contre ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes et porte atteinte à la santé publique, outre le préjudice causé aux équilibres macroéconomiques, à la propriété industrielle et à la compétitivité des entreprises du secteur. « Le citoyen peut facilement perdre la vue s’il utilise certaines lunettes de contrefaçon. Au mieux, ces produits peuvent entraîner des lésions irréversibles comme le strabisme latent ou la diplopie (vision double), voire même des amblyopies sévères, soit une acuité visuelle basse inaméliorable ».

Risque de perdre la vue

Pour attirer les clients, ces pseudo-opticiens proposent des montures et des verres contrefaits à des prix défiant toute concurrence et ne répondant à aucune norme internationale. « Ce sont des produits importés par des personnes étrangères au métier de l’optique et qui n’ont aucune notion professionnelle, sans compter le travail très mal fait. A titre d’exemple, les enfants ne peuvent expliquer leur inconfort ou leur gêne en portant des lunettes contrefaites. Certains commerçants sans état d’âme ont réussi à inonder le marché en se convertissant indûment en vrais opticiens aux yeux de la clientèle qui ne connaît point la différence entre les deux activités », déplore notre interlocuteur qui citera, parmi les fraudes les plus employées par les commerçants de l’optique, le verre “Blue Block’’ que tout le monde propose. « C’est un traitement superficiel du verre censé protéger les personnes connectées de la lumière bleue émise par tous les appareils électroniques, mais qui, finalement, tuent à petit feu les cellules à cônes au niveau de la rétine par surcharge et par saturation énergétique. Si on n’agit pas, on peut se retrouver avec une dégénérescence maculaire qui entraînera une cécité irréversible. Nous risquons d’avoir dans un futur proche des adultes non-voyants », s’alarme le SG du SNAPAOO qui dira avoir proposé aux pouvoirs publics de mettre en place un laboratoire de contrôle qualité pour l’industrie optique afin de respecter les normes, la durabilité et la sécurité des produits qui doivent rester des considérations prioritaires. « La proposition est restée sans suite bien qu’il y aille de la sécurité oculaire des citoyens, attirés par les tarifs sans savoir qu’il s’agit de produits nocifs ».

Mohamed Mendaci