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Le soir d'Algérie | Algérie | 14/04/2021
Le président de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, le Pr Kamel Senhadji, a annoncé, hier, la création prochaine d’un « centre de vaccinologie » pour s’approprier et maîtriser les technologies de développement des vaccins. Selon lui, l’immunité collective en Algérie n’est pas encore atteinte et « heureusement que la situation épidémiologique reste modeste par rapport aux flambées constatées actuellement en Europe ».
Invité de la rédaction de la Chaîne 3, le Pr Senhadji à la tête de l’Agence de sécurité sanitaire depuis le mois de juin dernier a précisé que la création d’un tel centre revêt un caractère urgent étant donné l’émergence de nouveaux virus ainsi que les nouveaux variants. Le programme tracé pour l’agence prendra en charge la création de ce centre à l’instar de ce qui se fait à travers le monde en matière de recherche.
« La création d’un centre dédié à l’étude et au développement des vaccins relève de la cohérence », a-t-il noté. Et de poursuivre : « Il ne suffit pas de fabriquer le vaccin Spoutnik V pour pallier l’urgence. Il y a aussi les autres technologies de vaccins qu’il faut maîtriser.»
En général, les centres de vaccinologie prennent en charge les vaccins des patients hospitalisés ou suivis au niveau des établissements hospitaliers et pour cela, ils travaillent en collaboration étroite avec tous les services hospitaliers accueillant le patient.
Ils mettent à disposition des patients, du public et des professionnels de la santé toutes les informations nécessaires sur les maladies que la vaccination permet d’éviter ainsi que sur les vaccins recommandés et sur les effets secondaires. Une autre mission privilégiée sera dédiée au prochain centre de vaccinologie prévu par l’Agence de sécurité sanitaire, celle du développement de « la technologie de l’ARN », selon toujours le Pr Kamel Senhadj. L’ARN est une technologie thérapeutique qui suscite beaucoup d’espoir depuis des décennies. Cette technique est très différente de celle utilisée pour les vaccins traditionnels, comme ceux contre la grippe par exemple. D’habitude, on injecte des bouts du virus inactivé ou une de ses protéines afin de déclencher une réaction du système immunitaire qui va se défendre en fabriquant des anticorps, protégeant ainsi la personne contre la maladie.
Selon l’invité, il s’agit d’une technologie accessible aussi bien sur le plan scientifique que financier. « Ce centre de vaccinologie devra être adossé à un hôpital de confinement. Il faut imaginer le pire des scénarios, celui d’une épidémie type Ebola, et là il faut avoir des structures isolées pour pouvoir prendre en charge ces maladies émergentes graves », explique-t-il.
Abordant la question relative à l’efficacité du vaccin classique face à la Covid-19 et à ses nombreux variants, le Pr Senhadji insistera pour dire qu’il est nécessaire, voire urgent même « d’acquérir et de maîtriser les nouvelles méthodes de développement des vaccins qui offrent une rapidité de réaction aux mutations des virus » et d’expliquer que « le développement de différentes technologies de vaccins, notamment l’ARN messager, est un saut qualitatif scientifique intéressant puisqu’il permet, au cas où des variants échappent à la couverture vaccinale, de se mettre à jour en seulement 6 semaines, lorsque les vaccins classiques nécessitent deux ans de culture du virus».
À une question relative au rythme de l’opération de vaccination jugé « lente » par l’ensemble des acteurs de la santé, l’invité de la rédaction recommande d’accélérer le rythme de cette opération. « Je parle en tant que scientifique. Il n’y a pas pire que de vacciner à bas bruit parce que, cela donne au virus le temps et l’opportunité de muter », a-t-il souligné tout en regrettant l’insuffisance des doses de vaccins importées jusqu’à présent.
« Je suis déçu. Que de temps perdu pour l’Algérie. Il y a encore 20 ou 30 ans, on savait faire des petites choses concernant la vaccination mais on a perdu notre savoir-faire. La deuxième déception, c’est celle de la solidarité internationale et de l’engagement qui n’a pas été tenu sur le système Covax, qui commence à fonctionner depuis à peine une dizaine de jours.»
Il saisira l’occasion pour prévenir et affirmer que « l’immunité collective n’est pas atteinte » appelant la population à maintenir la vigilance et à continuer à respecter les gestes barrières et notamment le port du masque car tout relâchement sera fatal.
Ilhem Tir
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