Recul de l’enregistrement de nouveaux cas de cancer et augmentation du taux de mortalité des patients.

Le Salon d’information sur le cancer, organisé chaque année à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le cancer le 4 février, est désormais institutionnalisé en événement annuel par un texte réglementaire élaboré par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.

Organisée par l’association El Amel d’aide aux malades atteints de cancer en collaboration avec le ministère de la Santé du 6 au 8 avril à la Safex, à Alger, la 5e édition Sicam inaugurée hier par Abderrahmane Benbouzid, ministre de la Santé, coïncide avec la pandémie de Covid-19 qui a été non sans impact sur la prise en charge des patients.

Les professionnels de la santé, les associations de malades, les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas manqué, justement, de relever les difficultés rencontrées depuis une année pour assurer la prise en charge, maintenir les soins et s’approvisionner en médicaments en raison de l’épidémie qui a submergé la planète.

Alors que l’incidence du cancer augmente chaque année avec 50 000 nouveaux cas, des centaines de patients atteints de cancer toutes localisations confondues n’ont pas pu accéder aux consultations, au diagnostic ni au traitement durant toute l’année et d’autres ont été privés de leurs traitements.

Ce qui inquiète sérieusement les spécialistes au vu de la progression de la maladie dans notre pays et qui entraîne une augmentation du taux de mortalité.

Le Pr Mokhtar Hamdi Cherif, coordinateur des registres de cancers, a noté, lors de son intervention portant sur la situation épidémiologique du cancer, les retards enregistrés dans la prise en charge des malades.
« Selon les données, il y a un recul de l’enregistrement de nouveaux cas de cancer à cause de la Covid-19, d’où l’absence du diagnostic. Ce qui pourrait compliquer davantage la prise en charge qui sera plus coûteuse », a-t-il souligné.
Le Pr Hamdi Cherif a signalé que 60% des cas de cancer arrivent à des stades tardifs, précisant que le cancer du poumon et celui du colon viennent en tête, tout en enregistrant l’augmentation des cas de cancer de la thyroïde chez la femme et de la prostate chez l’homme. Il lance ainsi un appel à la direction générale de la prévention au ministère de la Santé pour assurer un suivi rigoureux de la situation, tout en s’appuyant sur la prévention à travers le dépistage, conseil sur l’alimentation et l’activité physique.

Développement de la recherche scientifique

Comme il préconise une stratégie de lutte basée sur le développement de la recherche scientifique, évaluation du Plan cancer 2015-2020 et l’institutionnalisation des registres de cancer conformément à la réglementation, notamment l’arrêté ministériel vu que « les registres dans certaines régions du pays qui sont à l’abandon », a-t-il déploré.

Le Salon constitue justement une opportunité pour « informer les Algériens sur les facteurs de risques pour certains cancers, tels que le tabagisme, l’alcool, la sédentarité, le changement des habitudes alimentaires, etc. », ont indiqué les organisateurs.

Des thématiques sur la maladie toutes localisations confondues seront donc débattues durant ces trois jours à travers des conférences. Des consultations de dépistage du cancer du sein, du colon et un atelier sport et bien-être seront animés par des spécialistes.

Toutes les structures chargées de lutte contre le cancer (CAC, unités de dépistages, institutions) des différents établissements hospitaliers ont participé à cet événement national.

A noter qu’outre les conférences axées essentiellement sur la prévention, le diagnostic et le prise en charge du cancer, des formations du personnel médical et des médecins pour la prise en charge du cancer en temps de pandémie de Covid-19 sont programmées lors de ces journées.

DJAMILA KOURTA