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Le soir d'Algérie | Algérie | 31/03/2021
L’apparition de la pandémie de Covid-19 a considérablement impacté la santé mentale des Algériens. Les professionnels traitant des pathologies psychiatriques sont de plus en plus nombreux à se manifester pour tirer la sonnette d’alarme quant à l’inquiétante émergence des complications psychologiques liées au Covid-19. Parmi eux, Ghania Gasti professeure cheffe de service psychiatrie de l’hôpital Frantz-Fanon de Blida, qui appelait jeudi dernier, lors de son intervention dans l’émission « LSA Direct » à la prise en charge psychologique rapide et sérieuse des personnes qui ont été touchées de près ou de loin par le virus.
Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Ghania Gasti a souligné que les conséquences de la pandémie sur la santé mentale de la population algérienne est un aspect « négligé » par les autorités. Pourtant, dit-elle, la crise sanitaire majeure que vivent les citoyens a entraîné de façon significative, une augmentation du niveau d’anxiété chez les citoyens. Les restrictions imposées à la société dans le but d’endiguer la transmission du virus ont généré une autre forme de souffrance pour les populations. « Il faut s’attendre à une flambée des pathologies psychiatriques », augure-t-elle.
Ghania Gasti a fait savoir que l’apparition de nouveaux cas psychiatriques a explosé durant la période marquée par le coronavirus. Les personnes qui ont été touchées par le Covid-19 ou qui ont subi une perte d’un proche touché par ce virus ; « présentaient dans la plupart des cas, un syndrome post-traumatique », souligne-t-elle. Cet impact psychologique s’est traduit chez certains patients, par l’apparition d’une forme aggravée de l’anxiété. La professeure explique dans des termes plus techniques, que le Covid-19 peut entraîner une inflammation dans le cerveau en causant « de graves dysfonctionnements cérébraux ». Elle prévient que c’est de cette sorte que des pathologies psychiatriques, par exemple, pourront être déclenchées sur le long terme. Elle relève qu’il est démontré aujourd’hui, que le virus affecte sérieusement les capacités supérieures du cerveau. « La majorité des personnes touchées par le nouveau coronavirus rencontre des difficultés de concentration », a-t-elle affirmé. Et d’ajouter que la mémoire peut elle aussi, dans certains cas, être touchée.
Sur la question du suivi psychologique des personnes atteintes de Covid-19, de leur famille et du personnel soignant, la psychiatre souligne une défaillance criante au niveau de l’organisation de la structuration. « Il est important de planifier et d’organiser la prise en charge des patients qui développent un syndrome post-traumatique », a-t-elle jugé. Ghania Gasti déplore le fait que même dans un contexte sanitaire aussi alarmant, les pouvoirs publics « relèguent la santé mentale de la population au second plan ». Elle rappelle, pourtant, que si elles ne sont pas prises en charge très vite, ces maladies coûteront cher à l’État. « Il faut savoir que les retombées pèseront lourd dans la balance socioéconomique », appuie-t-elle.
La mise en place d’un programme qui se chargerait de suivre les patients atteints de Covid, de leurs proches ainsi que du personnel soignant, est « impérative », dit-elle. Cette professionnelle fait comprendre que les familles qui ont fait l’amère expérience de Covid-19, ont été plongées dans un état de stress permanent. « Idem pour le malade lui-même dont le niveau d’anxiété a atteint un degré inquiétant ».
Si un programme digne de ce nom n’est pas installé de toute urgence, « nous risquons à l’avenir, d’avoir sur les bras, un flux incontrôlable de personnes atteintes de troubles psychiatriques sévères », prévient Ghania Gasti. Celle-ci témoigne qu’un bon nombre de patients guéris du Covid-19 développent des mois plus tard, des troubles graves du sommeil ou d’état de fatigue extrême. Ces signes, a priori anodins, peuvent engendrer des pathologies bien plus sévères au fil du temps. D’où la nécessité d’après elle, de traiter ces troubles dans un court délai.
Ghania Gasti a indiqué dans la foulée, que depuis l’indépendance, l’Algérie passe par des cycles de violence environ tous les dix ans. L’impact d’un événement traumatisant entraîne systématiquement une réaction neuropsychologique chez l’être humain.
«Quand elle a lieu une fois, ça passe encore, mais quand il s’agit de réactions en cascade, cela devient très problématique », souligne-t-elle. C’est d’ailleurs l’élément déclencheur de plusieurs maladies chroniques, à l’instar du diabète, de l’hypertension artérielle et des AVC.
La psychiatre révèle dans le même contexte, que la précarité ou l'isolement ont débouché sur des « comportements addictifs ». Même si le phénomène existe depuis des années en Algérie, «cela va sans dire, la pandémie a favorisé la propagation du phénomène des addictions notamment chez les jeunes», a-t-elle indiqué.
Ghania Gasti précise que la dépendance à l’utilisation de la Prébagaline « Lyrica », plus connue sous le surnom « Saroukh », «a nettement augmenté par rapport à la période de l’avant-Covid-19».
Elle s’étonne, par ailleurs, du fait qu’en dépit du ravage causé par la dépendance au Lyrica chez les jeunes et moins jeunes, «ce médicament ne fait toujours pas partie de la liste des produits classés dans la catégorie des stupéfiants».
M. Z.
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