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El Watan | Algérie | 28/03/2021
Le Pr Kamel Djenouhat, chef de service à l’hôpital de Rouiba et président de la Société algérienne d’immunologie, revient dans cet entretien sur le principe de l’immunité collective, suite aux résultats de l’étude réalisée à l’hôpital de Rouiba, et met en garde contre le relâchement vis-à-vis des mesures barrières. Le Pr Djenouhat n’écarte pas une troisième vague, puisque l’immunité acquise contre l’ancien variant ne serait pas efficace contre les nouveaux.
Les résultats préliminaires d’une étude que vous avez initiée ont montré que 50% de la population ont contracté la Covid-19, ce qui expliquerait, selon vous, la décrue du nombre de cas d’infection. Avez-vous des résultats supplémentaires ?
Effectivement, c’est ce qu’on a communiqué par rapport aux résultats préliminaires de notre étude. Mais il faut juste savoir faire la différence entre 50% de la population étudiée, qui est composée d’environ 1000 donneurs de sang, et 50% de la population algérienne, chose qui m’a étonné en la lisant, et pourtant l’enregistrement de l’interview est toujours disponible sur le site de la radio de Sétif.
Nous sommes en train d’élargir l’effectif pour toucher d’autres catégories de la population, et plus particulièrement quelques entreprises de la zone industrielle de Rouiba. Les résultats ne sont pas très loin de ceux relatifs aux donneurs de sang.
La thèse de l’immunité collective, que vous avez avancée en tant que donnée scientifique, a été largement relayée par les sites électroniques et a eu un effet plutôt négatif sur le comportement de la population vis-à-vis des gestes barrières. Quel est votre commentaire ?
Afin de mieux cerner la problématique, je fais une analyse scientifique de notre travail. Le premier point, il s’agit d’une étude monocentrique, même si les participants à cette étude ne résident pas uniquement à Rouiba, on doit s’attendre à avoir d’autres résultats des autres régions de l’est, l’ouest et le sud du pays, pour avoir une meilleure visibilité du niveau de l’immunité collective à l’échelle nationale.
Le second point, qui reste à mon humble avis crucial, et comme vous le savez bien, on ne trouve pas parmi les donneurs de sang des sujets ayant des pathologies chroniques ou âgées de plus de 60 ans.
Or, cette fraction de la population constitue la catégorie la plus vulnérable à faire des formes sévères de l’infection Covid-19 et reste également très exposée au décès par cette maladie.
Donc, on n’a pas le droit d’extrapoler ce qu’on a trouvé sur cette catégorie, qui par peur, comme tout le monde le sait, est restée la plus préservée durant cette pandémie.
Enfin, même si la situation n’est pas très inquiétante, Dieu merci, nous avons déclaré à maintes reprises qu’on doit préserver ces acquis, qui sont le fruit d’un combat de longue haleine durant l’année 2020, par le maintien des mesures barrières et plus particulièrement le port du masque et l’adhésion massive de la population à la campagne vaccinale, si on veut vraiment espérer un meilleur futur.
Les variants britannique et nigérian se propagent à travers le pays et inquiètent les spécialistes. Ne doit-on pas appréhender un rebond de l’épidémie ?
A ce jour, même si le nombre de nouveaux cas de ces variants reste relativement maîtrisé, puisqu’on est toujours dans la situation de cas sporadiques et non pas de cluster, la vigilance reste de mise pour les deux principales raisons suivantes : on ne connaît pas encore avec certitude la durée de l’immunité acquise suite à une infection Covid-19.
Par contre, il y a des études récentes qui ont prouvé l’inefficacité de l’immunité acquise contre l’ancien variant pour prévenir les réinfections, c’est d’ailleurs le cas constaté au Brésil, où une étude de séroprévalence en octobre 2020, dans la ville de Manaus, a montré que 70% de la population étaient immunisés, alors qu’ils ont vu la troisième vague très violente arriver au mois de janvier 2021.
Donc, on est toujours devant un inconnu et nous continuons à apprendre du jour en jour. Une chose est restée inchangée depuis le début de la pandémie, c’est que les mesures barrières protègent contre la propagation du virus.
Djamila Kourta
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