Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a abrité, mercredi, la célébration officielle de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, en présence du coordonateur du système des Nations unies et du représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans notre pays.

Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a insisté dans une intervention lue en son nom par Ismail Mesbah, ministre délégué chargé de la Réforme hospitalière, sur l’engagement de l’Algérie à l’éradication de cette maladie, qui est une des priorités du ministère.

Sur 20.649 cas déclarés en Algérie, 6.392 concernent la tuberculose pulmonaire, ce qui représente un taux de 31% dont 5141 sont des cas contagieux. Le ministre a annoncé la publication prochaine d’un guide consacré à la prise en charge de cette maladie et rappelé le plan stratégique national de lutte qui concerne la période 2020-2024. Ce plan s’articule autour de six axes essentiels : renforcement des capacités techniques et de gestion du programme national de lutte antituberculeuse ; renforcement du système de surveillance ; amélioration du diagnostic ; optimisation de la prise en charge du malade ; réduction de l’incidence de la tuberculose de 25% d’ici à 2024 et enfin renforcement de la recherche opérationnelle.

Lors de cette rencontre placée sur le thème : « L’heure est venue de mettre fin à la tuberculose », le rôle de notre pays a été vivement salué par le coordonateur du système des Nations Unies. « Nous saluons l’Algérie qui a entamé la lutte contre cette maladie infectieuse dès l’indépendance, en ne ménageant aucun effort et aucun moyen afin d’obtenir les progrès qui ont permis une réduction considérable de la mortalité par la tuberculose et une stabilisation de l’incidence des cas de tuberculose pulmonaire contagieuse », a notamment déclaré Eric Overvest. Le responsable onusien a également rappelé à l’assistance, composée essentiellement de brillants praticiens de la santé publique et d’experts dans le lutte contre la tuberculose, l’engagement des autorités sanitaires algériennes qui s’est traduit, dès 1969, par l’obligation de vaccination au BCG et la gratuité du diagnostic, du traitement et de la surveillance des malades atteints de tuberculose.
Depuis 2008, l’Algérie a adopté la stratégie de l’OMS en matière de lutte contre la tuberculose et est en bonne voie dans l’éradication de cette maladie. Tous ces engagements et ces investissements ont permis à l’Algérie de devenir une référence en Afrique et un vivier d’expérience pour la formation et l’échange de données avec nombre de pays du continent.

Les actions entreprises et les résultats obtenus permettent en effet de dire que la maladie est aujourd’hui bien contrôlée en Algérie grâce au maintien et au renforcement du programme de lutte mis en place depuis plusieurs années. Ce même responsable fera savoir que «la tuberculose reste une des dix premières causes de mortalité dans le monde, 1,4 million de personnes ont perdu la vie suite aux complications de cette maladie en 2019 ». A l’échelle mondiale, pas moins de six millions de personnes ont contracté la maladie la même année et la plupart (5,6 millions) étaient des hommes. Le nombre de femmes touchées par la tuberculose était, en 2019, de 3,2 millions alors que les enfants représentaient 1,2 million.

Soulignons que « même si la tuberculose touche tous les pays et toutes les tranches d’âge, elle peut être prévenue et guérie ».
Le représentant de l’OMS à Alger a lu le message de la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Mme Matshidiso Moeti.
Il souligne que la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, célébrée le 24 mars de chaque année, rappelle la lourde charge liée à cette maladie malgré l’existence d’interventions efficaces de lutte.
Le slogan retenu cette année, « L’horloge tourne », se justifie par « la nécessité d’accélérer la riposte à la tuberculose afin d’atteindre les cibles fixées dans les objectifs de développement durable et de concrétiser les engagements pris en 2018 par les chefs d’État à l’occasion de la toute première réunion de haut niveau des Nations unies sur la tuberculose ».

S’agissant du continent africain, l’intervenant indique qu’en «2019, près de 2,5 millions de cas de tuberculose étaient notifiés, soit 25 % de la charge de morbidité mondiale liée à cette maladie et plus de 500.000 Africains perdent la vie chaque année», avant d’affirmer qu’il «n’y a aucune excuse pour cette situation, le dépistage et le traitement étant gratuits dans tous les pays».

L’autre problématique mise en exergue est relative à la tuberculose pharmacorésistante qui touche 77.000 Africains chaque année. «Seule une sur trois personnes est diagnostiquée et près de 20.000 patients sont sous traitement», indique le conférencier qui insiste sur l’importance d’une action collective intersectorielle primordiale pour relever les défis et accélérer le progrès vers l’éradication de la tuberculose à l’horizon 2030.

L’OMS a élaboré le cadre multisectoriel de responsabilisation et apporte son appui à tous les pays pour qu’ils puissent actualiser leurs politiques de lutte en appliquant les lignes directrices de l’organisation.

Soraya Guemmouri