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El Watan | Algérie | 08/02/2021
Les deux tiers des accélérateurs de radiothérapie de la marque américaine Varian, représentée en Algérie par le centre algéro-américain de radiothérapie Varian Medical Systems Algeria, initié en mars 2015, enregistrent des pannes récurrentes. Certaines machines sont actuellement à l’arrêt dans plusieurs centres.
Le programme de la plateforme nationale de numérisation des rendez-vous de radiothérapie, lancé en grande pompe, la semaine dernière, par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, se heurte déjà à des problèmes de disponibilité de rendez-vous suite aux pannes fréquentes des machines.
L’absence de contrats de performance et de maintenance des appareils de radiothérapie avec les importateurs, la surexploitation des anciens équipements, dont certains ont atteint les délais pour leur renouvellement, sont autant de problèmes rencontrés dans les centres anticancer répartis sur le territoire national.
Les deux tiers des accélérateurs de radiothérapie de la marque américaine Varian, représentée en Algérie par le centre algéro-américain de radiothérapie Varian Medical Systems Algeria – résultat d’un accord de partenariat avec Cialfarm, filiale du groupe privé algérien ETRHB, initié an mars 2015 –, enregistrent des pannes récurrentes et des machines sont actuellement à l’arrêt dans certains centres. Parmi eux, ceux qui figurent dans la plateforme nationale comme centres récepteurs.
Ce support électronique, qui regroupe 15 centres anticancer, qui va concerner, dans un premier temps, les patientes atteintes d’un cancer du sein en attendant la prise en charge des autres localisations, vise, selon le ministère de la Santé, à améliorer la prise en charge des patients en réduisant les délais des rendez-vous.
Si une demande pour une cure de radiothérapie ne peut pas être satisfaite par les CAC du centre du pays, qui se trouvent saturés, tels que le CPMC à Alger, Blida, Tizi Ouzou, le RDV est proposé immédiatement à travers cette plateforme au niveau des centres désignés, tels que les CAC d’El Oued, Béchar, Adrar, Annaba, Sétif, Batna, qui disposent de suffisamment machines de radiothérapie.
La wilaya d’Oran figure dans cette liste, avec le CAC et le CHU dont le service de radiothérapie est fermé, alors que le personnel spécialisé (physiciens, radiothérapeutes) est en chômage.
Bien que l’initiative soit accueillie favorablement par les soignants, les malades et les associations de patients, le problème de la disponibilité des RDV reste posé. «La durée de vie de ces machines est en général de l’ordre de 10 à 12 ans, d’où l’intérêt de penser à changer les anciens accélérateurs et une mise à niveau de tous les anciens centres, notamment les accessoires et le consommable tous les deux à trois ans», nous explique le Pr Aicha Djemaa, chef du service radiothérapie au CHU de Constantine.
Et de rappeler l’exemple de son établissement qui dispose d’un accélérateur de radiothérapie qui a 9 ans d’âge. Il a été acheté en 2009-2010, a été installé en 2011 et est fonctionnel depuis 2013. « Le centre prend en charge les malades de la wilaya et de ses environs, en l’occurrence Mila, Jijel, Skikda, Oum El Bouaghi, Khenchela, ainsi que d’autres wilayas, soit 5 millions d’habitants pour un accélérateur 18 MV sans option ni imagerie, qui a presque 10 ans », a-t-elle indiqué.
Et de préciser : « Les deux accélérateurs sont à basse énergie et très instables, ont des techniques très limitées et des pannes très fréquentes. Malgré la pandémie de Covid-19 et ses contraintes, ce centre de Constantine prend en charge plus de 100 malades par jour et l’activité n’a jamais diminué. » Le Pr Aïcha Djemaa plaide pour le renouvellement des trois accélérateurs ainsi que les accessoires qui « n’ont pas été changés depuis l’acquisition des machines, faute de budget et ou rejet de marché ».
Retour à la case départ
Un constat similaire au niveau du CPMC qui assure la prise en charge de toutes les wilayas limitrophes d’Alger avec trois accélérateurs anciens, qui nécessitent un renouvellement. D’ailleurs, les RDV sont étalés sur plusieurs mois, jusqu’à septembre 2021.
Une situation qui risque de se compliquer pour les années à venir, si rien n’est fait. « Les patients, qui ont déjà entamé leurs cures de radiothérapie pour toutes localisations confondues, étaient contraints d’interrompre leurs cures en attendant de leur trouver des places disponibles dans d’autres centres anticancer à l’est et à l’ ouest du pays, parce que le seul accélérateur qui fonctionne au niveau du CAC d’Adrar est en panne, alors que deux autres n’ont jamais fonctionné», déplore Abderrahmane Toumi, président de l’Association d’aide aux malades El Ghaith el kadim, qui signale que le CAC est dépourvu de tous les moyens nécéssaires pour la prise en charge des patients locaux.
« Avec l’aide de l’association, nous arrivons à leur trouver des places ailleurs. Comment va-t-on assurer la prise en charge des patients qui vont être orientés au CAC d’Adrar à travers cette plateforme, avec un seul accélérateur qui fonctionne entre deux pannes. Nous avons beaucoup de respect pour ces malades, nous devons leur offrir les soins dans de bonnes conditions. Il faut une organisation et une coordination au préalable. Il n’y a pas de structures d’hébergement ni de restauration. Comment allons-nous faire ?» s’interroge-t-il.
La secrétaire générale de l’association El Amel du CPMC, Hamida Kettab, estime que l’idée de la plateforme, qui émane de son association, a pour objectif de trouver des solutions et non pas compliquer la prise en charge des malades déjà éprouvés par la maladie. « L’option d’orienter des patients vers d’autres centres du pays est possible avec l’aide de toutes les associations de malades, comme nous l’avons proposé, mais faudrait-il que les moyens et les conditions pour les soins s’y prêtent. La majorité des centres désignés figurant sur cette plateforme pour recevoir des patients ont des problèmes de maintenance des accélérateurs. Comment peut-on régler le problème, alors que la situation sur le terrain est catastrophique ? Lancer hâtivement cette opération sans s’assurer des bonnes conditions de soins au préalable et de la performance de ces centres, c’est mettre en danger nos malades », a déploré Mme Kettab. Et d’appeler le ministère de la Santé à mettre en place des commissions d’enquête pour un évaluation objective de la situation de ces centres avant toute démarche de prise de RDV.
Du côté de Batna, les mêmes problèmes sont énumérés par Fouzia Chaabani, la présidente de l’association Amel. « Le CAC de Batna dispose de trois accélérateurs de radiothérapie, dont deux sont en panne », a-t-elle souligné, précisant que la wilaya reçoit des patients de toutes les autres régions du pays, soit 80, voire 100 malades par jour. « Les équipes travaillent d’arrache-pied pour pouvoir satisfaire la demande. Mais face au problème de la maintenance des équipements, qui s’est toujours posée, les malades en payent les conséquences. Parfois, ce sont tous les accélérateurs des centres avoisinants qui sont en panne en même temps. Aujourd’hui, avec la pandémie, les choses se compliquent davantage. Malgré tous nos appels, nous n’avons eu aucun écho des autorités, alors que la demande de soins augmente tous les jours », a affirmé Mme Chaabani.
Et de préciser que les patients qui ont déjà entamé leurs cures, dont le nombre varie entre 20 et 30 cures, peinent à aller jusqu’au bout. « Ce sont des patients qui ne nécessitent pas une hospitalisation. Comment allons-nous faire pour recevoir les malades hors wilaya. Est-ce que les lieux d’hébergement et de restauration ont été identifiés au préalable, sachant qu’avec la pandémie, de nombreuses structures sont fermées. L’hôtel de 27 chambres de l’association dédié aux malades cancéreux a été cédé aux médecins résidents et assistants à cause de la Covid-19 », a- t-elle ajouté.
Et de lancer un appel au ministre de la Santé afin d’« user de son autorité pour régler définitivement le problème de la maintenance des machines », et de demander une inspection pour s’enquérir de la réalité du terrain.
Le CAC de Sétif s’est vu hier, quant à lui, déprogrammer tous les RDV de radiothérapie. « L’unique des trois accélérateurs qui fonctionnaient s’est arrêté aujourd’hui (hier, ndlr)», signale le Pr Hamdi Cherif, président de l’association Ennour, qui déplore le problème des pièces de rechange qui tardent à arriver : «Les pannes sont très fréquentes sur les machines. Ce qui retarde les soins pour les patients. »
Par ailleurs, les spécialistes déplorent la mauvaise répartition des appareils de traitement. « Il y a une disproportion et une inégalité dans la répartition des accélérateurs au niveau national par rapport à la population et au nombre par million d’habitants », signale un radiothérapeute et expert en radiothérapie, qui relève que les quatre grandes villes qui ont le plus d’habitants, à savoir Alger, Oran, Blida et Constantine, sont les plus sous-équipées avec un matériel vétuste alors qu’elles sont des centres formateurs et ont le plus de malades.
« Il n’y a que 14 machines de traitement, dont 13 sont anciennes et fréquemment en panne, d’où les délais tardifs des rdv de radiothérapie » comparativement au seul CAC de Béchar, une ville de 350 000 habitants, qui « dispose de 3 accélérateurs de très haute technologie avec True Beam IMRT et stéréotaxie et ne traitent que 10 à 25 malades/jour. La même chose pour Adrar et El Oued qui ne font que quelques localisations ».
D’où l’urgence pour les autorités de se pencher sur ce dossier et mettre fin à tous ces dysfonctionnements, sachant que 60 000 nouveaux cas de cancer, toutes localisations confondues, sont prévisibles d’ici 2025 et les recrutements pour traitement par irradiation augmentent chaque année, soit 5% par an, et la norme en matière d’accès au traitement exige 2 à 7 machines par million d’habitants, ou 400 à 500 malades par machine.
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