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El Watan | Algérie | 23/01/2021
La stratégie mise en place par les autorités pour acquérir des vaccins contre la Covid-19 s’est avérée complètement inefficace. Elles ont fait fausse route. Les commandes de vaccins se sont faites trop tard. Que reste-t-il pour l’Algérie ? Le Covax. Cette plateforme, mise en place par le dispositif onusien pour aider les pays pauvres à acquérir au moindre prix et avec équité les vaccins anti-Covid, affiche d’ores et déjà des difficultés pour son bon fonctionnement. Le gouvernement a décidé de multiplier les contacts avec les différents partenaires et les laboratoires fabriquant le vaccin contre la Covid-19.
A une semaine de la fin du mois de janvier, l’Algérie est toujours en attente des doses du vaccin Gam-covid-vac (Sputnik V) contre la Covid-19, enregistré le 10 janvier par l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP).
Le fournisseur russe Gamelya ne semble pas prêt à livrer dans l’immédiat les 500 000 doses achetées par l’Algérie, dont 50 000 ont été payées dans le cadre d’un contrat signé entre l’Institut Pasteur d’Algérie et le centre Gamelya pour une enveloppe de 1,5 milliard de dinars, alors que les prévisions concernant la couverture financière globale de la vaccination pourraient s’élever à 20 milliards de dinars.
Une première livraison qui tarde à arriver sans que des explications claires ne soient fournies à ce jour, selon une source proche du dossier. Un retard qui complique la tâche aux autorités sanitaires algériennes et au gouvernement instruit par le président de la République, en décembre 2020, pour entamer la campagne de vaccination le mois de janvier 2021.
Une période propice, estiment les spécialistes, au vu de l’amélioration de la situation épidémiologique dans le pays, avec une tendance baissière du nombre de cas de Covid-19, contrairement aux autres pays de la région qui enregistrent des rebonds, ainsi qu’ailleurs dans le monde, notamment avec l’arrivée des variants anglais et sud-africain.
Un retard de la vaccination qui pourrait également compliquer la situation dans le cas où l’épidémie venait à redémarrer dans les prochaines semaines. La stratégie mise en place par les autorités pour acquérir des vaccins contre la Covid-19 s’est avérée complètement inefficace. Elles ont fait fausse route, selon certaines sources proches du dossier.
Les commandes de vaccins se sont faites trop tard. Conséquence : le gouvernement fait face aujourd’hui à un dilemme alors que les opportunités pour l’acquisition d’autres vaccins (en plus du vaccin russe) sont très réduites au vu de la demande mondiale grandissante sur ces produits qui constituent aujourd’hui une alternative efficace à la prévention contre le virus Sars-Cov-2.
Les pays occidentaux ont tout raflé et les précommandes auprès des laboratoires ont été conclues dès les premières phases des essais cliniques, durant l’été 2020.
Ni les Russes ni les Chinois, auxquels l’Algérie a fait appel en décembre dernier, ne sont en mesure de satisfaire la demande algérienne pour des problèmes, sans doute, de capacité insuffisante de production de vaccins, sachant que pour le Sputnik plus de 50 pays ont placé des commandes d’achat pour plus de 1,2 milliard de doses de vaccin, selon le Fonds russe d’investissement direct (RDIF). La Russie est aujourd’hui au 26e rang mondial pour la vaccination et une personne sur 100 y est vaccinée.
A noter que le vaccin destiné aux marchés étrangers sera produit par les partenaires internationaux du RDIF en Inde, au Brésil, en Chine, en Corée du Sud et dans d’autres pays.
Concernant le vaccin chinois Sinopharm que l’Algérie devait recevoir à la fin du mois de janvier, selon les dires du porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, la demande serait annulée.
Que reste-t-il pour l’Algérie ? Le Covax. Cette plateforme mise en place par le dispositif onusien pour aider les pays pauvres à acquérir au moindre prix et avec équité les vaccins anti-Covid affiche d’ores et déjà des difficultés pour son bon fonctionnement.
’ailleurs, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé au début du mois en cours ses inquiétudes quant la non-disponibilité des doses de vaccins souhaitées et il a demandé aux pays riches de cesser de conclure des « accords bilatéraux » avec les laboratoires pharmaceutiques, en appelant à donner la priorité au Covax. Une option qui risque ainsi de retarder encore cette vaccination dans notre pays tant attendue.
Pour rappel, l’OMS a jusqu’à présent passé des contrats portant sur 2 milliards de doses, dans le cadre du mécanisme Covax, auquel participent actuellement 190 pays, dont 92 à revenu faible et intermédiaire. Devant cet état de fait, la réflexion d’aller vers une autre piste est engagée au sein du gouvernement depuis quelques jours, avons-nous appris.
Le vaccin d’Astra-Zeneca serait la meilleure option, et il serait le mieux adapté à la logistique mise en place en attendant son approbation par les agences internationales et celle de son pays d’origine. « Le gouvernement compte accélérer, dans le cadre d’une action urgente, les contacts avec tous les partenaires et tenter de trouver une issue à cette situation », nous confie-t-on.
Le gouvernement algérien est donc contraint aujourd’hui de revoir sa carte et reprendre les choses en main pour tenter de rattraper le retard. Ce qui mérite d’être accompagné d’une communication avec plus de transparence pour mieux convaincre et sensibiliser la population à la vaccination.
Les déclarations contradictoires de certains membres du comité scientifique chargé du suivi de l’évolution de la pandémie, ces dernières semaines, sur les commandes des vaccins, sur l’arrivée imminente des vaccins russe et chinois d’ici la fin du mois ont semé davantage la confusion au sein de la population, sachant que pour le moment il n’y a encore rien à l’horizon.
DJAMILA KOURTA
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