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Le soir d'Algérie | Algérie | 07/12/2020
La pandémie de Covid-19 a remis au centre des débats la question de l’équité dans l’accès aux soins. De plus en plus de médecins et de spécialistes alertent sur les dangers que constitue l’interruption des traitements des patients non-Covid, dans ce contexte particulier. En plus des alertes lancées par les professionnels, des personnes souffrant de pathologies nécessitant un suivi régulier se plaignent de subir les dommages collatéraux de la Covid-19.
Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Programmes opératoires reportés et consultations limitées ! Les patients en attente d’une greffe, les cancéreux et bien d’autres ont le sentiment d’être « sacrifiés » depuis l’apparition des premiers cas de coronavirus.
Pourtant, leurs cas nécessitent pour la plupart une prise en charge rapide. Mais le flux « Covid » a une nouvelle fois contraint les autorités sanitaires à libérer des lits afin de prendre en charge les cas présentant des formes sévères du Sars-Cov-2. Submergées, les structures sanitaires ont été appelées à convertir plusieurs services de soins en unités Covid. Neuf mois plus tard, de nombreux médecins attirent l’attention sur les conséquences entraînées par ces circonstances.
Certains font état d’une situation « dramatique », dans la mesure où plusieurs patients programmés pour des interventions « urgentes » ont vu la date de l’opération reportée. « Certains ont tellement attendu que leur état de santé n’a fait que se détériorer », témoigne un médecin spécialiste exerçant au CHU Mustapha-Pacha. « Il y a actuellement une minorité qui opère mais le calendrier de la majorité des interventions demeure fortement chamboulé, voire totalement à l’arrêt », affirme-t-il. Pis encore, ce dernier fait savoir que des interventions urgentes de neurochirurgie sont suspendues plusieurs semaines après avoir été programmées.
« Il s’agit d’opérations obligatoires mais la situation actuelle n’a pas permis leur déroulement », dit-il précisant que cet état de fait a coûté la vie à plusieurs patients. Il expliquera qu’à ce stade, même le médecin traitant du patient programmé pour une intervention n’est pas en mesure d’intervenir.
La même source fera d’ailleurs remarquer que cette situation fait le bonheur du privé. «Il faut savoir que souvent, les patients qui ne peuvent pas attendre sont renvoyés vers le privé », souligne-t-il, soulignant que ces derniers devront en contrepartie débourser des sommes astronomiques.
Outre l’annulation ou le report des interventions, il met aussi en évidence le fait que la fréquentation des hôpitaux a beaucoup baissé depuis la hausse des cas de Covid-19. L’un des facteurs qui poussent de nombreux citoyens à « l’automédication », ce qui est, estime-t-il, loin d’être la solution idéale. Il poursuivra dans ce registre en insistant sur l’impératif dans ce contexte exceptionnel «de ne pas mettre de côté les autres malades et d’assurer l’équité dans l’accès aux soins ». Il tient à faire remarquer que les autorités sanitaires restent focalisées sur le taux de mortalité lié au Covid-19, en négligeant le nombre de décès de patients atteints « d’insuffisance pulmonaire, cardiaque ou rénale ». Confortant ses déclarations, plusieurs malades souffrant de diverses pathologies témoignent tous les jours des difficultés auxquelles ils sont confrontés, notamment pour la programmation d’interventions urgentes.
Pour eux, la Covid-19 ne doit pas justifier la déprogrammation des traitements ou des examens médicaux.
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