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El Watan | Algérie | 23/11/2020
Dans cet entretien, le Dr Mohamed-Salim Djebaili, résident en médecine interne au CHU Ben Badis, mobilisé depuis avril dernier dans un service dédié à la Covid-19, revient sur la prise en charge des cas positifs depuis la déclaration de la pandémie dans les hôpitaux et les mesures prises actuellement par les autorités.
La wilaya de Constantine connaît ces derniers jours un pic de cas contaminés. En tant que médecin mobilisé sur le terrain, comment évaluez-vous la prise en charge des malades, en particulier dans votre service ?
La prise en charge reste insuffisante au niveau des établissements hospitaliers à Constantine, particulièrement avec la hausse des cas contaminés dernièrement.
Cela, malgré tous les efforts déployés et la mobilisation du personnel médical et paramédical au niveau des services dédiés à la Covid-19. Car, il est nécessaire de souligner que le personnel mobilisé n’a plus la capacité d’assurer la prise en charge de tous les malades admis et ceux surveillés à distance.
Nous travaillons sans répit depuis le mois d’avril. Pourquoi on ne mobilise pas les médecins des autres services, y compris le privé, pour faire face à cette surcharge.
Nous demandons aux responsables concernés de réquisitionner, par rotation, les médecins des autres services, tout comme à Alger et autres.
Parmi les causes de cette hausse, certains avancent que la majorité des contaminations a été enregistrée dans les établissements scolaires. Quel est votre commentaire ?
Nous n’allons pas nier le fait que les écoles et le manque de moyens d’hygiène pour lutter contre le virus ont joué un rôle dans l’augmentation de cette contamination.
Mais nous ne pouvons pas aussi dire que la rentrée scolaire est la cause principale de cette augmentation.
Au niveau du CHU, la majorité des cas contaminés et admis sont des personnes âgées qui ont parfois plus de 60 ans. Elles ne sont pas tous des enseignants ou des travailleurs de l’éducation.
Cependant, les regroupements familiaux, le non-respect des mesures barrières, surtout dans les lieux fermés, ainsi que les fêtes de mariage régulières sont aussi la cause principale de cette hausse.
Je vous cite l’exemple de toute une famille, que nous avons prise en charge la nuit de la fête du Mawlid.
Tous ses membres se sont regroupés chez les grands-parents, causant une contamination collective. L’inconscience des citoyens a joué un rôle important dans cette surcharge.
Selon vous, les mesures prises actuellement par les autorités sont-elles suffisantes pour faire face à cette hausse ?
Ma réponse ici peut être « oui, suffisante » et « non, pas suffisante » à la fois. Oui, pour la reprise des mesures répressives, l’obligation du port des bavettes aux marchés, les procès-verbaux établis à l’encontre des réfractaires, les contrôles dehors et dans les transports.
Mais elle est surtout « insuffisante », vu le non-respect du protocole sanitaire exprimé clairement par la population et le laxisme des autorités locales constaté sur le terrain.
Notons, à titre d’exemple, les fêtes de mariage organisées au vu et au su de toutes les autorités locales, le fait que des citoyens ne portent le masque que dans certaines situations pour éviter les PV, le non-respect des normes de distanciation, particulièrement dans les longues files devant les entrées des bureaux de poste et des banques.
Les utilisations nombreuses des masques sans les changer et sans les laver.
Et surtout le coût des bavettes et du gel hydroalcoolique, devenus un nouveau budget pour les familles aux revenus très bas. Face à tous ces comportements irresponsables, les autorités locales ne prennent pas les mesures répressives nécessaires.
Que pensez-vous de la situation qui prévaut dans les établissements hospitaliers à Constantine ? Et quelle solution proposez-vous ?
Pour moi, la situation qui prévaut actuellement est on ne peut plus claire : nous vivons une saturation maximale des services dédiés à la Covid-19.
A mon avis, les décisions à prendre pour limiter la contamination sont les suivantes : ouverture urgente d’autres établissements pour la prise en charge des cas Covid, le déploiement des moyens nécessaires pour la protection du personnel médical et les citoyens, surtout en matière de masques, et être intolérants dans la prise des mesures répressives à l’encontre des réfractaires.
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