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El Watan | Algérie | 08/09/2020
La liste des produits pharmaceutiques et les dispositifs médicaux au profit des établissements publics, dans le cadre de la procédure d’achat pour compte, a été signée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière le 16 août dernier.
Elle compte 988 médicaments Dénominations communes internationales (DCI), dont 105 produits sont destinés à la cancérologie et 124 dispositifs médicaux. Les thérapeutiques innovantes, dont l’immunothérapie et l’hormonothérapie, enregistrées en 2018, ne figurent pas sur cette liste.
Après avoir été promis par les ministres de la Santé qui se sont succédé depuis cette date, la PCH avait évoqué l’année dernière la nécessité d’un appel d’offres alors que ces molécules sont uniques et ne sont pas tombées dans le domaine public.
Ainsi, ces produits sont bloqués pour la troisième année consécutive. Ce qui sera dramatique pour les malades et leurs familles, « les cliniciens et les spécialistes, qu’ils soient hématologues, radiologues, oncologues ou anatomistes pathologistes (anpath,) conscients des enjeux, sont aujourd’hui convaincus que le recours à l’immunothérapie et à la thérapie ciblée est incontournable. La non-commercialisation de ces molécules réduit encore une fois les chances pour les personnes atteintes de cancer, sauf s’il y a une révision urgente », regrette le Pr Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au CPMC et président de la Société algérienne d’oncologie.
D’autant que « pour certaines pathologies cancéreuses, il n’y a pas d’alternative, notamment le mélanome malin métastatique, le cancer du sein métastatique, le cancer du poumon non à petites cellules et certaines formes du cancer du sein », déplore-t-il tout en réfutant les arguments avancés, il y a six mois, par l’actuel ministre de la Santé, le Pr Abderhmane Benbouzid, que « ces molécules sont hors de prix ». Le Pr Bouzid déclare : « Je ne sais pas qui souffle ces énormités aux ministres successifs. J’en subodore la source, qui n’est certainement pas un oncologue médical algérien. A un précédent ministre, on avait même expliqué que les oncologues algériens ne maîtrisent pas ces traitements.
Nous utilisons, par exemple, un médicament pour le cancer de la prostate qui coûte 600 000 Da par mois depuis huit ans, pour une durée moyenne de traitement de cinq ans. Je tiens à préciser qu’aucun oncologue algérien n’a été consulté, encore moins les patients et leurs familles », a-t-il signalé, en précisant que les traitements innovants ne se résument pas à l’immunothérapie.
Et de lancer : « Les oncologues médicaux algériens ne sont ni des imbéciles ni des criminels », en faisant référence à la citation de B. Brecht à propos du nazisme et des camps de la mort : « Celui qui ne sait pas est un imbécile, celui qui sait et ne dit rien est un criminel.» (1947). Le président de la Société algérienne d’oncologie se félicite du raccourcissement des délais pour les soins en radiothérapie et l’amélioration sensible des capacités de prise en charge.
Par ailleurs, le Pr Bouzid souligne que l’épidémie de Covid-19 impacte lourdement les possibilités de diagnostic précoce et de dépistage du cancer et autres pathologies en Algérie et dans le monde, en se référant aux études chinoises et européennes. L’oncologue plaide au passage, eu égard au nombre de soignants contaminés et décédés par Covid-19, d’inscrire cette infection comme une maladie professionnelle, avant que «le combat cesse faute de combattants», a-t-il indiqué.
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